Communiqué de presse
Une tragédie à commémorer : 40 ans après l’attentat à la bombe d’Air India
20 juin 2025
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C.-B. (Colombie-Britannique)
De : Police fédérale de la région du Pacifique
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Il y a 40 ans, 331 personnes, dont la plupart avaient la citoyenneté canadienne, ont perdu la vie dans l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire du Canada. Le 23 juin 1985, le vol 182 d’Air India assurait la liaison Canada-Inde. L’avion a explosé et s’est écrasé dans l’Atlantique au large des côtes d’Irlande, tuant ainsi les 329 passagers et membres d’équipage. À peu près au même moment, à bord d’un autre avion qui avait quitté le Canada, une valise transitant par l’aéroport de Narita au Japon a explosé, tuant deux manutentionnaires de bagages.
L’attentat d’Air India est une histoire profondément humaine de perte, de résilience, et de cheminement vers la justice. Pour la GRC, ce fut un moment charnière, marqué par l’impératif d’évoluer, de s’adapter et de ne jamais oublier.
M. Bal Gupta, coordonnateur et président de l’association des familles des victimes du vol 182 d’Air India, a perdu son épouse Ramwati Gupta dans l’attentat. Il se rappelle comment il a appris la nouvelle, inimaginable, de ce qui était arrivé à son avion.
« Vers 5 h 30 du matin, le téléphone a sonné, c’était un ami proche qui me demandait si Ramwati avait pris son avion. Il m’a dit d’allumer la radio, ce que j’ai fait. J’ai appris par les nouvelles que le vol canadien 182 avait disparu au large des côtes d’Irlande, qu’il s’était probablement abîmé en mer et qu’on ne s’attendait à trouver aucun survivant. »
En l’espace de quelques jours, M. Gupta et son fils de 12 ans Susheel se sont rendus à Cork en Irlande, où d’autres familles s’étaient aussi rassemblées pour attendre des nouvelles de leurs proches. Qu’il s’agisse du personnel hospitalier qui a laissé les familles vivre leur deuil et les a aidées à identifier leurs proches défunts, des hôtels qui les ont hébergées ou des membres de la collectivité qui leur ont donné à manger, ce sont surtout les gens du comté de Cork qui ont épaulé les familles, et celles-ci leur en seront éternellement reconnaissantes.
« Les Gardai (la police irlandaise) se sont montrés empathiques; on était avec la même personne chaque jour du début à la fin, ça donnait un peu de stabilité, plutôt que d’être tout le temps avec des inconnus », affirme M. Gupta au sujet du soutien qu’ils ont reçu. « Ils sont allés chercher des médecins indiens dans plusieurs villes d’Irlande, pour nous parler et travailler avec nous. Chaque jour, une des épouses allait trouver toutes les familles là où elles logeaient, pour prendre leurs demandes de nourriture. Je ne sais pas comment elle faisait. »
Après l’attentat à la bombe contre le vol 182, la GRC a ouvert une enquête massive avec ses partenaires.
Des centaines de policiers ont été affectés au dossier. Ils ont effectué une surveillance approfondie, examiné des photos et des heures de vidéos tournées sur le lieu de l’écrasement, reconstitué l’avion et interrogé des centaines de témoins. Au fil des ans, les enquêteurs ont parcouru des milliers de kilomètres pour se rendre en Inde, ailleurs en Asie et en Europe afin de suivre les différentes pistes et d’accomplir leurs tâches.
Cette enquête demeure l’une des plus importantes et complexes dans toute l’histoire du Canada. Elle a révélé des lacunes majeures dans l’échange de renseignements, la coordination interorganismes et notre manière de soutenir les familles des victimes.
Aujourd’hui avocat, Susheel Gupta, le fils de Bal Gupta, est devenu le directeur principal des opérations stratégiques au sein du Programme de sécurité nationale de la Police fédérale de la GRC. .
Il dit que la GRC et les familles des victimes avaient une relation difficile, surtout au début.
« De relation, il n’y en avait pas, on ne nous disait rien », déclare Susheel Gupta. « Après l’attentat, les familles voulaient surtout savoir ce qui s’était passé, elles voulaient justice. Pouvoir demander : est-ce qu’il y aura des accusations? Beaucoup de familles se disaient : bon, nous avons perdu nos proches et ils ne reviendront pas. Mais, quels ont été les manquements? Que pouvons-nous faire pour éviter que ça se reproduise? »
L’association des familles des victimes du vol 182 d’Air India s’est formée dans les mois qui ont suivi la tragédie. Encore aujourd’hui, elle est au cœur des efforts pour rappeler l’attentat et réclamer la justice ainsi que des réformes policières en matière de terrorisme.
« Au final, notre cadre pour la sécurité nationale a été modifié à cause de cette tragédie et grâce à des familles qui n’ont jamais abandonné », ajoute Susheel Gupta. « Je ne veux pas que d’autres Canadiens ou Canadiennes soient obligés de passer par où nous sommes passés. »
À l’heure où la population canadienne réfléchit au 40e anniversaire de l’attentat d’Air India, la GRC s’est entretenue avec plusieurs personnes touchées par cette tragédie.
Bal Gupta
Bal Gupta a perdu son épouse, Ramwati Gupta, dans l’attentat contre le vol 182. Il est coordonnateur et président de l’association des familles des victimes du vol 182 d’Air India.
Q : Comment l’association a-t-elle vu le jour?
R : Ils avaient recueilli 30 à 40 noms de familles et tenu quelques réunions au centre-ville de Toronto. Nous étions bouleversés, et je pense que progressivement, les familles ont commencé à se rencontrer. Puisqu’il n’y avait pas d’Internet à l’époque, nous faisions une sorte de chaîne téléphonique. Six, huit ou dix personnes se disaient : tu as dix noms, appelle ces gens et l’un d’eux sera chargé d’en appeler dix autres. C’est comme cela que nous gardions l’information en vie.
Deepak Khandelwal
Deepak Khandelwal a perdu ses deux sœurs, Chandra et Manju, dans l’attentat. C’est aujourd’hui un des administrateurs de l’association.
Q : Comment votre relation avec les enquêteurs a-t-elle évolué avec les années?
R : Elle s’est probablement améliorée au fil du procès, enfin c’est ce qu’il me semble, et je dirais qu’elle s’améliore surtout depuis cinq ans. Ils ont été formidables, ils ont formé une équipe pour restituer les effets personnels des victimes. L’équipe a fait un travail extraordinaire, elle a tenté de déterminer à qui les effets personnels appartenaient, et s’est ensuite concertée avec les familles pour faire selon leurs désirs. L’équipe livre des comptes rendus mensuels et elle travaille avec Affaires mondiales Canada sur l’épave. Les familles espèrent voir un jour l’épave exposée dans un musée, du moins en partie.
Q : Un sondage Angus Reid a révélé en 2023 que de nombreux Canadiens et Canadiennes ne savaient rien ou presque de l’attentat d’Air India. Que voulez-vous qu’ils sachent au sujet du vol 182?
R : Voilà bien ce qui frustre les familles, on dirait que personne n’est vraiment au courant. C’est le plus gros attentat à la bombe jamais perpétré au Canada. Le plus gros, le pire attentat terroriste impliquant des avions, après le 11-Septembre. La plus grande tuerie de masse de l’histoire nationale, mais la population n’est tout simplement pas au courant. Il y avait quelque chose de vraiment puissant à ce que la maison Angus Reid réalise les sondages; cela nous a donné quelques chiffres montrant que les Canadiens et Canadiennes en savaient très peu sur l’attentat.
Le sous-commissaire (à la retraite) Gary Bass
Gary Bass était sous-commissaire de la GRC pour l’Ouest du Canada au moment de prendre sa retraite. En 1995, c’est en tant qu’officier responsable du Groupe des crimes majeurs pour la Division E de la GRC qu’il avait pris les rênes de l’enquête.
Q : Qu’est-ce qu’il y a eu de difficile dans cette enquête?
R : Le plus difficile, dès le début, ç’a été d’apprendre à connaître les familles des victimes. Rappelons qu’il n’y avait pas de services aux victimes en 1985. es familles se plaignaient surtout de ne pas être tenues au courant. C’est à la suite des démarches de Bal Gupta que nous avons commencé à livrer des séries de comptes rendus deux à trois fois par année. Nous nous rendions à Montréal, à Toronto, à Edmonton, au Manitoba et à Vancouver, nous rassemblions toutes les personnes qui voulaient, et nous leur disions exactement ce que nous étions en train de faire. Il a fallu un certain temps, mais je crois que nous avons fini par gagner la confiance des familles.
Q : Comment l’enquête vous a-t-elle affecté personnellement?
R : Eh bien, c’est sûr que j’y pensais tout le temps. Peu importe si le meurtre a fait une seule victime, ou 331 comme dans ce cas-ci – on n’abandonne jamais une enquête comme celle-là, on essaie toujours de voir s’il n’y a pas autre chose à tenter. Je suis immensément fier de tous les agents et du personnel de soutien de la GRC qui ont travaillé à cette enquête à compter de 1985. Également des nombreux hommes et femmes d’autres organismes, au Canada et à l’étranger, qui nous ont appuyés dans nos efforts. Je suis tout aussi fier et reconnaissant du travail du BC Prosecution Service, dirigé par Bob Wright. Je sais que chacune de ces personnes s’est donnée à fond, durant de nombreuses années.
Rendre hommage aux disparus, 40 ans plus tard
Le 23 juin 2025 est une journée solennelle; non seulement il marque le 40e anniversaire de l’attentat à la bombe contre le vol 182 d’Air India, mais c’est aussi la 20e Journée nationale du souvenir des victimes de terrorisme.
Des cérémonies commémoratives auront lieu un peu partout au Canada et à l’étranger en l’honneur des victimes.
« Des agents de la GRC se rendront aux monuments commémoratifs canadiens ainsi qu’à celui d’Ahakista en Irlande, pour présenter nos hommages aux victimes et à leurs familles, et aussi pour témoigner notre reconnaissance à tous ceux et celles qui ont tant fait pour donner suite à la tragédie et mener l’enquête », déclare le commissaire adjoint David Teboul, commandant régional de la Police fédérale de la Région du Pacifique. « Nous encourageons le public à faire de même en privé ou bien à se rendre aux monuments commémoratifs de Vancouver, de Toronto, de Montréal et d’Ottawa.
En ce 40e anniversaire, la GRC renouvelle son engagement à faire en sorte que la tragédie d’Air India et les leçons qu’on en a tirées ne soient jamais oubliées.
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