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Gendarmerie royale du Canada

De l'infanterie à la lutte contre la cybercriminalité, l'inspectrice Lina Dabit continue de surprendre

Par Patricia Vasylchuk

Carrières

L'inspectrice Dabit prend la parole à l'un des nombreux forums où elle est invitée à partager ses connaissances et son expérience du maintien de l'ordre et du leadership.
Image par Lina Dabit

3 octobre 2024

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Avertissement : Décès

Quiconque connaît l'inspectrice Lina Dabit sait que pour l'amener à faire quelque chose, il suffit de lui dire qu'elle n'y arrivera pas. C'est cette ténacité qui frôle l'entêtement qui l'a amenée il y a 30 ans à s'engager dans une carrière à la GRC, après qu'un cousin lui eut dit qu'elle « ne pouvait pas être policière parce qu'elle était une fille et était petite de taille ».

« Il y a 30 ans, un policier de la GRC ne pouvait être qu'un homme mesurant 1,80 mètre, avec des cheveux foncés et une moustache », s'exclame-t-elle. « Devenir policière était vraiment important à mes yeux. » Elle est sortie de la Division Dépôt (l'École de la GRC) en 1995.

En 2000, l'inspectrice Dabit a continué à défaire les stéréotypes en demandant à être mutée sur l'île de Galiano (Colombie-Britannique), où elle sera l'unique policière. Jusque-là, seuls des policiers comptant au moins huit années de service étaient affectés sur la petite île située entre Vancouver et l'île de Vancouver.

« Ils m'ont dit que j'allais devoir me débrouiller seule et faire preuve d'inventivité parce que les renforts n'étaient pas à la porte d'à côté; alors, j'étais partante », dit-elle.

L'inspectrice Dabit, qui est également épouse et mère de deux enfants, dirige aujourd'hui l'Équipe de lutte contre la cybercriminalité de Toronto, qui relève des Enquêtes criminelles de la Police fédérale de la GRC. Avant d'arriver là, elle est passée par une multitude de services, notamment du renseignement, de la sécurité nationale, de la lutte contre le crime organisé et des missions de protection.

Combattre les idées préconçues

Avant de porter la tunique rouge, l'inspectrice Dabit avait passé deux années dans les Forces canadiennes.

« Quand le recruteur m'a demandé ce que je voulais faire, je lui ai dit "Qu'est-ce qui est difficile?" Il m'a répondu "L'infanterie". J'ai dit "Alors, allons-y pour l'infanterie" et je l'ai fait », relate-t-elle.

Si elle a été enrichissante, l'expérience n'a pas été sans difficultés pour cette femme qui entrait dans un univers à prédominance masculine.

« J'étais une soldate - dans mon unité, j'étais la seule femme à ne pas occuper un poste administratif ou médical - et cela n'allait pas toujours de soi », poursuit-elle. « J'ai vite appris que pour être prise au sérieux, je devais fournir deux fois plus d'efforts pour obtenir moitié moins de respect. »

Travailler dans un détachement satellite de la GRC sur l'île de Galiano a posé des défis similaires.

« Un jour, un plaisancier dont la belle embarcation était amarrée au quai m'a demandé combien de policiers il y avait sur l'île. Quand j'ai dit que j'étais seule, il a mis ses mains sur ses hanches et a dit "Tu veux dire qu'ils ont mis une jeune fille toute seule sur cette île?" Et j'ai pensé "Mais je me débrouille très bien toute seule". »

Sortir des sentiers battus

Pendant deux ans et demi, l'inspectrice Dabit a fait preuve d'inventivité pour lutter contre la criminalité et assurer la sécurité des habitants de l'île.

« Comment verbaliser les auteurs d'infractions au code de la route quand on travaille en solo? J'ai utilisé des radars » illustre celle qui diffusait par ailleurs chaque mois à la communauté un portrait de la criminalité locale et des conseils de sécurité et de prévention. Elle a également organisé un triathlon pour recueillir des fonds destinés à la construction d'un centre sportif communautaire.

« Lorsqu'on vit et travaille dans une petite communauté, on fait partie du tissu social et on essaie d'améliorer la qualité de vie des résidents », analyse-t-elle, ajoutant que le fait de connaître personnellement chacun d'eux a du bon comme du mauvais.

« Je me souviens du jour où, sur les lieux d'une collision entre un piéton et un véhicule, j'ai tenu dans mes bras une femme que je connaissais jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle », souffle-t-elle. « Vers la fin de mon affectation sur l'île, chaque fois que mon téléavertisseur vibrait, je priais pour que ce ne soit pas quelqu'un que je connaisse ».

Après que l'inspectrice Dabit eut quitté l'île, un collègue lui a confié qu'il ne pensait pas qu'elle tiendrait le coup à Galiano.

« Parce que c'est beaucoup de travail, c'est vrai », admet-elle. « Mais je l'ai fait. »

Se débarrasser des vieilles mentalités masculines

Si l'inspectrice Dabit a dû surmonter les préjugés et le sexisme tout au long de sa carrière, elle affirme que cela l'a aidée à devenir une meilleure leader.

C'est en observant d'autres diriger que j'ai appris certaines des meilleures leçons; pour moi, c'était des contre-exemples qu'il fallait à tout prix éviter d'imiter, dit-elle. Aujourd'hui à la tête de sa propre équipe, l'inspectrice Dabit s'efforce d'inculquer l'idée qu'un bon leadership nécessite un bon état d'esprit.

« Il n'y a pas que les hommes; de jeunes gens peuvent avoir une vieille mentalité masculine et il faut lutter contre ça », fait-elle remarquer. « Je leur dis : "De quel type de leader avez-vous besoin à ce stade de votre carrière? Soyez ce leader". »

Elle estime que la GRC a beaucoup progressé dans ce domaine, mais qu'il lui reste du travail à faire.

« On peut diriger avec empathie et compassion tout en exigeant le respect de normes élevées; ça n'est pas contradictoire », souligne-t-elle. « Si vous prenez soin de vos collaborateurs, ils se montreront à la hauteur et s'acquitteront de leurs tâches. »

En repensant à ses 30 années de carrière à la GRC, l'inspectrice Dabit se dit fière de faire partie de cette formidable organisation et encourage tous ceux et celles qui le souhaitent à postuler à la GRC.

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