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Gendarmerie royale du Canada

Le rôle des chevaux de la GRC au cours des 150 dernières années

Sujets d'intérêt humain

Grâce à ses chevaux, le corps policier créé pour maintenir l'ordre aux confins occidentaux du Canada a pu patrouiller sur près de 800 000 kilomètres carrés de terres inhabitées, prévenir la contrebande de whisky et même livrer le courrier.
Image par GRC

26 juin 2024

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« Il fallait savoir monter à cheval pour être agent de la Gendarmerie »

Depuis l'époque de la célèbre Marche vers l'Ouest de 1874, le corps policier national du Canada a eu recours à des chevaux pour remplir son mandat de plus en plus vaste, préparer ses agents aux difficultés quotidiennes du métier, attirer des recrues et nouer des liens avec la population.

Dans le numéro d'octobre 1948 du magazine La Trimestrielle de la GRC, on peut lire les réflexions suivantes du sergent d'état-major C. Walker, maître écuyer, sur le rôle du cheval dans les traditions de la GRC [traduction] : « Les problèmes affrontés par les premiers agents de la GRC et les traditions qui en sont nées ont certes de quoi impressionner les membres d'aujourd'hui, habitués aux machines et aux méthodes modernes. On peut se demander à quoi cet héritage ressemblerait si la Police à cheval du Nord-Ouest (P.C.N.-O.) n'avait pas été un corps de cavalerie. » 

Le rôle essentiel du cheval rustique

En mai 1873, de troublants récits de criminalité débridée amenèrent le premier ministre John A. Macdonald à créer un nouveau corps policier dont les agents auraient pour monture le cheval rustique du pays. Il ne savait pas que les premières bêtes destinées à cet usage seraient de piteux chevaux sauvages, selon la description des auteurs William et Nora Kelly. On était très loin des montures soigneusement élevées dont dispose aujourd'hui la GRC.

À ce facteur s'ajoutait la disparité des premières recrues : plusieurs étaient d'excellents cavaliers ayant reçu une formation militaire, mais bien d'autres - dont d'anciens commis, des jardiniers, des professeurs, des étudiants et même un barman - n'étaient jamais montées en selle.

C'est au constable d'état-major Sam Steele, affecté à Lower Fort Garry, juste au nord de Winnipeg, que revenait la tâche ardue de débourrer les chevaux et de former les cavaliers.

Dans ses mémoires de 1915, ce dernier évoque les grands défis physiques associés à ce mandat. [Traduction] « À très peu d'exceptions près, les chevaux n'avaient connu aucune forme de dressage, si bien que seuls les hommes les plus forts et habiles osaient s'y attaquer. Même quand les recrues parvenaient à les monter, elles se faisaient souvent jeter avec violence au sol gelé. »

De juillet à octobre 1874, ces mêmes bêtes ont transporté 300 hommes sur 1 300 kilomètres dans les Prairies canadiennes. Affamées, assoiffées, assaillies de nuées de moustiques, elles ont bravé toutes les conditions météorologiques imaginables. Beaucoup ont péri.

Celles qui ont survécu ont permis aux policiers de patrouiller sur près de 800 000 kilomètres carrés de terres aux confins occidentaux du pays pour prévenir la contrebande de whisky, attraper les voleurs de chevaux, percevoir les droits de douane et même livrer le courrier.

L'utilisation de chevaux à de telles fins se poursuivrait pendant un demi-siècle, jusqu'à ce que l'automobile les remplace comme moyen de transport après la Première Guerre mondiale.

La formation en équitation à la Division Dépôt

Malgré la diminution progressive de son rôle dans les fonctions opérationnelles au cours des années 1920 et 1930, le cheval s'était avéré d'une utilité incontestable. L'image du cavalier est d'ailleurs devenue un symbole emblématique de la GRC et du pays.

« Sans chevaux, la Marche vers l'Ouest aurait été vouée à l'échec, et la P.C.N.-O. n'aurait pas apporté la paix et l'ordre dans "les territoires", comme on les appelait à l'époque. Même dans les années 1940, 1950 et 1960, il fallait savoir monter à cheval pour être agent de la Gendarmerie », souligne Mark Gaillard, historien de la GRC.

La formation en équitation est restée au cœur du nouveau régime de formation plus structuré mis en place en 1932 à l'École de la GRC, aussi appelée la Division Dépôt, qui se trouve à Regina. On croyait que l'exposition quotidienne à un cheval favorisait l'acquisition de compétences et d'aptitudes jugées essentielles à tout nouveau policier.

Les importants coûts liés à ce programme ont toutefois mené à la décision d'y mettre fin en 1966. La ferme d'élevage établie au ranch de chevaux de remonte du fort Walsh (Saskatchewan) fut alors déménagée à Pakenham (Ontario), où l'on élève encore aujourd'hui les distinctifs Hanovriens noirs du Carrousel de la GRC, devenu l'un des symboles les mieux connus du Canada.

Le Carrousel de la GRC

Initialement créé dans le but de divertir les troupes à l'époque de l'établissement des premiers avant-postes de la P.C.N.-O., le Carrousel a présenté son premier spectacle officiel aux casernes de Regina en 1887. Lorsque la P.C.N.-O. est devenue la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest en 1904, le Carrousel se produisait régulièrement lors de fêtes foraines dans les Prairies.

Après la suspension des spectacles pendant la Première Guerre mondiale, deux troupes de la GRC, dont l'une se trouvait à Regina et l'autre à Rockcliffe, tout près d'Ottawa, ont commencé à offrir des spectacles publics en 1920.

« Ce sont les chevaux qui attirent les gens, note le surintendant Kevin Fahey, officier responsable du Carrousel.  Leur présence favorise la conversation entre les policiers de première ligne et les civils de tout âge. Ces interactions tissent des liens, laissent une impression positive et aident à rétablir la confiance dans les régions où elle a été ébranlée ou perdue. »

Le surintendant Fahey se souvient des spectacles donnés en Nouvelle-Écosse après la tragédie d'avril 2020 à Portapique, où un tireur solitaire se faisant passer pour un policier avait tué 22 personnes.

« Les gens de la région ont vécu une souffrance indicible, et une forte attention a bien entendu été portée aux interventions de la GRC lors de cet incident », rappelle-t-il. « Le Carrousel a permis de réunir nos agents et la population de manière à entamer le rétablissement des relations et de la confiance. »

Des agents de recrutement assistent souvent aux spectacles publics, prêts à fournir de l'information sur la foule de possibilités de carrière qu'offre la GRC. Il s'agit, pour les Canadiens de tous horizons qui font la file pour se faire photographier avec les cavaliers et leurs montures, une occasion d'interagir avec la police dans un cadre accueillant.

« Nous sommes aussi conscients du rôle que peut jouer le Carrousel dans la réconciliation de la GRC avec les Métis, les Inuits et les Premières Nations », ajoute le surintendant Fahey. « Nous tâchons de nous arrêter dans des réserves, dans les secteurs avoisinants et dans d'autres endroits propices à des interactions positives et à l'établissement de liens avec les peuples autochtones. »

Sujets d'intérêt humain

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  2. La GRC élucide l’affaire du tonneau

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