Le commissaire à la retraite Phil Murray s'entretient avec la Gazette

Personnes et culture
Philip Robert Murray a été le 19e commissaire de la GRC, de 1994 à 2000.
Image par GRC
25 juillet 2024
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Phil Murray a été le 19e commissaire de la GRC de 1994 à 2000. Originaire d'Ottawa (Ontario), Murray est entré à la GRC en 1962 et a amorcé sa carrière en Saskatchewan. Il est revenu dans sa ville natale en 1979 pour y occuper divers postes, dont celui de surintendant responsable de la sécurité des PDM et de l'aéroport, avant d'être promu sous-commissaire, puis commissaire. Dans cet entretien de notre série consacrée aux commissaires de la GRC, Murray confie à la rédactrice de la Gazette, Meagan Massad, ses souvenirs et ses impressions sur cette époque où il dirigeait la GRC.
- Quand avez-vous entamé votre carrière à la GRC?
- J'y suis entré à l'âge de 19 ans alors que John Diefenbaker était premier ministre. J'ai pris le train pour Regina à la mi-mars afin d'y suivre ma formation et je me souviens que malgré le froid mordant, c'était enthousiasmant d'être à la Division Dépôt. Fraîchement émoulu, j'ai été affecté dans de petites communautés saskatchewanaises et j'ai vraiment aimé l'expérience.
- Comment était-ce de travailler dans de petites villes?
- Les heures supplémentaires n'existaient pas encore; alors, nous devions faire plus avec moins. Mais c'était agréable parce que les habitants étaient reconnaissants pour ce que nous faisions. Souvent, on nous invitait à manger après un long quart de travail. J'ai d'ailleurs conservé des liens d'amitié avec des citoyens et des collègues dans ces petites villes.
- Quel a été le poste le plus intéressant que vous avez occupé en dehors de celui de commissaire?
- Sans doute celui de commissaire adjoint. J'étais chargé des Opérations techniques et des Missions de protection à la fin des années 1980. Le Canada a abrité plusieurs grands événements internationaux qui nécessitaient la planification de mesures de sécurité considérables la visite du président Reagan à Ottawa, le Sommet de la Francophonie à Québec, les Jeux olympiques d'hiver à Calgary, le Sommet du G7 à Toronto, et enfin les élections fédérales de 1988. À l'époque, le Canada occupait le devant de la scène internationale. Nous avions de formidables équipes de sécurité aux quatre coins du pays. Tous les événements se sont déroulés sans accroc et je suis incroyablement fier d'elles. À bien y penser, je crois que c'est à cette période que mes cheveux ont commencé à grisonner!
- Quelles expériences ont été les plus déterminantes pour vous au début de votre carrière?
- J'ai eu la chance d'être encadré par de formidables sous-officiers dans les petits détachements en Saskatchewan : Barry Smith à Broadview et Stan Martin à Fort Qu'Appelle. C'étaient des leaders soucieux du bien-être de la communauté et qui inculquaient de solides valeurs aux jeunes novices que nous étions. J'ai appris à bien servir ma communauté et à répondre aux besoins de sa population. Tout repose sur les relations qu'on tisse avec les gens. Il faut savoir se mobiliser et participer activement à la vie des communautés pour comprendre réellement les besoins des personnes qui y vivent.
- Quel a été votre plus grand défi à titre de commissaire?
- Lorsque j'ai été nommé commissaire en 1994, notre pays traversait une des pires crises financières; les déficits et la dette publique avaient explosé. Pour redresser la barre, le gouvernement de l'époque a imposé de lourdes compressions budgétaires et gelé les salaires des fonctionnaires pendant trois ans. Le financement de nos programmes a ainsi été amputé de plusieurs centaines de millions de dollars. C'est sans conteste le plus grand défi que j'aie eu à relever. Je n'avais qu'une chose en tête : maintenir à tout prix le moral des troupes et la prestation de services.
- Comment avez-vous manœuvré?
- Nous nous sommes efforcés de préserver nos effectifs de première ligne en concentrant les compressions sur le volet administratif. Nous avons fini par mettre sur pied le Conseil de la solde et le gouvernement a consenti à porter la rémunération et les avantages sociaux de nos policiers au niveau de ce que perçoivent en moyenne les agents des trois plus importants services de police canadiens (sur un total de huit).
- Quel a été votre plus grand accomplissement en tant que commissaire?
- Ce dont je suis le plus fier, c'est l'équipe de direction que nous avons constituée aux quatre coins du pays. J'ai toujours pensé équipe et j'ai essayé de m'entourer de dirigeants engagés, stratégiques et visionnaires. Cela m'a grandement facilité la tâche. Convaincu que notre équipe faisait ce qu'il fallait, comme il le fallait et quand il le fallait, j'étais serein.
- Y a-t-il un moment de votre carrière dont le souvenir vous est particulièrement cher?
- Je travaillais en Saskatchewan au moment où la GRC célébrait son centenaire en 1973. J'ai beaucoup participé à la planification des mesures de sécurité entourant les événements destinés à souligner ce jalon et la Reine nous a rendu visite. Je me souviens du commissaire Leonard Higgitt se tenant au côté de la souveraine lors de la cérémonie au cours de laquelle Centennial, une jeune monture, lui a été offert dans la Cour d'honneur de la Division Dépôt à Regina. Et voici que nous célébrons cette année notre 150e anniversaire; toutes ces années ont passé si vite. Je me réjouis de voir la GRC poursuivre sa route.