La GRC collabore avec une adolescente de Cambridge pour mettre en place le programme « Cops 'N Talk » dans les écoles
Par Patricia Vasylchuk

Enfants et jeunesse
La gendarme Brousseau et Amia Power-Kiani marchent dans l’école secondaire St Francis Xavier à Ottawa lors de la toute première séance de Cops ‘N Talk.
Image par Martine Chenier, GRC
7 juillet 2025
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Amia Power-Kiani est une jeune fille très déterminée. Âgée de 15 ans seulement, elle a déjà accompli beaucoup de choses. Elle est cadette et membre du Réseau consultatif des jeunes du Canada de l'Ambulance Saint-Jean et aspire à devenir ambulancière tactique. Elle a également été membre du Comité consultatif national sur la jeunesse de la GRC.
En mai dernier, elle a emballé une salle remplie d'adolescents lors de la séance inaugurale de son dernier projet personnel, Cops 'N Talk, une initiative appuyée par la GRC qui vise à rapprocher les jeunes et les policiers dans un environnement positif et interactif.
« Les policiers et les autres premiers intervenants sont ceux qui seront là dans les pires moments de votre vie, explique Amia. Il est donc bon de savoir qui ils sont, ce qu'ils représentent et qu'ils sont là pour vous venir en aide. »
L'expérience de l'intoxication
Au cours de la séance, organisée à l'école secondaire St Francis Xavier à Ottawa, Amia, accompagnée de la recruteuse de la GRC, la gendarme Kristine Brousseau, et de Tessa Duc des Services nationaux à la jeunesse de la GRC, a parlé de la conduite avec facultés affaiblies à 50 élèves de la 11e et de la 12e années.
Par la suite, les élèves ont enfilé des lunettes simulant l'intoxication et ont traversé un parcours d'obstacles conçu pour reproduire les difficultés rencontrées lors d'activités quotidiennes sous l'emprise de l'alcool.
« C'était stressant, j'avais le vertige », raconte Mia Mosa, l'une des participantes, âgée de 17 ans. « J'ai réalisé à quel point il est difficile de faire plein de choses après avoir bu; même traverser la rue est difficile. Je vais y réfléchir deux fois avant de boire. »

Stratégiquement amusant
Selon la gendarme Karine Brousseau, que les jeunes se sont amusés à pousser dans un fauteuil sur le parcours à obstacles, c'est l'élément interactif de Cops 'N Talk qui distingue ce programme des autres activités de recrutement de la GRC, qui ont souvent un caractère plus formel.
« C'est une plateforme qui nous permet de montrer le côté plus humain des policiers, explique-t-elle. Ceux-ci sont souvent perçus comme des personnes sévères, mais le fait de montrer leur côté enjoué et authentique permet aux adolescents de s'ouvrir davantage. »
Elle souligne qu'aider les jeunes à se sentir plus à l'aise avec les policiers peut grandement contribuer à établir des relations de confiance et faciliter le recrutement.
Mylaine Gauvreau est directrice par intérim du programme des Services nationaux à la jeunesse. Selon elle, le fait pour les policiers de tisser des liens avec les communautés qu'ils servent leur permet de mieux faire leur travail et, en fin de compte, contribue à la prévention de la criminalité.
Éléments de base
Amia Power-Kiani a élaboré le concept de Cops 'N Talk lorsqu'elle a participé à l'atelier de perfectionnement en leadership pour les jeunes, un programme semestriel tenu à la Division Dépôt, l'école de formation de la GRC. Dans le cadre de ce programme, des élèves du secondaire de partout au pays sont jumelés à un policier de leur communauté afin de travailler à la résolution d'un problème communautaire.
Lorsqu'elle a présenté son idée de Cops 'N Talk à cinq autres services de police au Canada, Amia s'est heurtée à de la résistance en raison du temps que nécessitait le projet. Ce n'est que lorsqu'elle s'est jointe au Comité consultatif national sur la jeunesse de la GRC et qu'elle a rencontré Tessa Duc que la dynamique a commencé à changer.
« Amia travaillait sans relâche sur ce projet depuis trois ans et y mettait tout son cœur », explique Mme Duc, qui travaille depuis cinq ans aux Services nationaux à la jeunesse. « La plupart des gens auraient abandonné. »
Mais pas Amia.
« Je sais que ce programme fera une différence, déclare-t-elle. Il permettra aux jeunes de nouer des liens avec les premiers intervenants locaux. Il leur permettra de tisser des liens positifs entre eux et d'envisager une carrière dans les forces de l'ordre s'ils le souhaitent. »
Sous l'impulsion de Mme Duc, le projet a finalement pris son envol lorsque Mme Brousseau a accepté d'aider à organiser la première séance. Soucieuse de faire découvrir le programme aux élèves, Mme Duc a obtenu une salle auprès du Conseil scolaire catholique d'Ottawa pour accueillir l'événement.
Grandir en force
La mère d'Amia, Crissy Power, explique que la passion de sa fille vient du fait qu'elle a dû braver plusieurs problèmes de santé graves dès son plus jeune âge, notamment la sclérose en plaques.
« Quand elle a été diagnostiquée à l'âge de neuf ans, elle est passée du jour au lendemain de l'enfance à l'âge adulte, explique-t-elle. Cela lui a volé son enfance. Mais je pense sincèrement que cette expérience l'a aussi aidée à mûrir. »
Au cours des années qui ont suivi son diagnostic, Amia a passé beaucoup de temps avec des médecins, des infirmières et des ambulanciers, avec lesquels elle a noué des relations positives et développé un profond respect et une grande admiration pour les premiers intervenants.
« Elle ne laisse pas la sclérose en plaques l'empêcher d'aller vers ses rêves, ajoute Mme Power. Elle ne veut pas qu'on fasse des aménagements spéciaux pour elle, et elle ne veut pas de la pitié des gens. Elle veut mériter cette responsabilité, prouver à tous que son diagnostic ne la définit pas; c'est seulement un aspect d'elle-même. »
En fait, Mme Power affirme que c'est la forte volonté de sa fille, et non son état de santé, qui mérite le plus d'être saluée, soulignant que sa fille était l'enfant la plus têtue qu'elle ait jamais connue.
« Un jour quand elle était petite, elle a fait quelque chose et j'ai dû passer toute la soirée à lui confisquer ses jouets, raconte Mme Power. Mais au bout de trois semaines, comme elle persistait dans ses convictions, j'ai finalement dû céder et lui rendre ses jouets. »
Elle ajoute qu'elle savait que la volonté et la détermination de sa fille la mèneraient loin plus tard dans la vie.

Prêt pour la prochaine génération
Quant à l'avenir du programme, Amia espère qu'il mènera à une initiative plus large et nationale, sur le modèle du programme Police Explorers aux États-Unis, où les jeunes peuvent passer du temps en tête-à-tête avec des policiers en dehors du système scolaire.
« J'espère qu'avec le temps, les gens commenceront à voir que ces programmes destinés aux jeunes font vraiment une différence et que la proactivité est la voie à suivre », déclare Amia, qui espère continuer à s'impliquer dans Cops 'N Talk à l'avenir.