La GRC en Alberta étend l’utilisation de drones aux appels de service
Par Patricia Vasylchuk

Technologie
Un pilote opère un drone depuis un centre de commandement pendant les essais en Alberta.
Image par GRC
27 février 2025
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La GRC en Alberta espère concrétiser un projet d'utilisation de drones pour aider les policiers en route vers des appels de service actifs. Cette décision fait suite à une série de vols d'essai réussis qui ont eu lieu au printemps dernier dans trois communautés de l'Alberta.
« Les drones sont en pleine expansion au sein de la GRC et des services de police en général », affirme Paul Bruce, le responsable du programme de drones à la Sous-direction du Service de l'air à la GRC. « Partout dans le monde, les forces de l'ordre utilisent des drones pour répondre aux appels, collecter des preuves, effectuer des opérations de recherche et de sauvetage, intervenir en cas d'urgence, et même assurer le maintien de l'ordre au quotidien. »
Selon M. Bruce, la GRC les utilise dans tous ces domaines et bien d'autres encore, et la liste s'allonge chaque jour. Le projet pilote « Drone en tant que premier intervenant » (DPI) est le dernier en date.
« Le DPI est unique en ce sens que nous plaçons à l'avance des drones sur un toit dans une communauté où nous exerçons nos activités et, lorsque nous recevons un appel, nous dépêchons le drone », explique M. Bruce. « Nous n'avons jamais fait cela auparavant. Les drones ont toujours été un service secondaire. »
La GRC a mis à l'essai les drones — appelés systèmes d'aéronefs télépilotés (SATP) — dans les communautés de Lac La Biche, de Red Deer et de la Première Nation des Stoney Nakoda. Au cours du projet pilote, des SATP ont été dépêchés pour des appels concernant des personnes suspectes, des agressions, un incendie et une explosion.
« Nous savons que cela fonctionne, nous savons que ce fut une réussite et que cela a permis à nos agents d'avoir une meilleure connaissance de la situation et d'améliorer la sécurité publique », déclare M. Bruce. « Nous savons aussi qu'il peut s'agir d'un moyen efficace et rentable de fournir un soutien aérien habituellement réservé aux hélicoptères et aux aéronefs à voilure fixe. »
Discussion technique
Avant de commencer les essais, la GRC a « niché » chaque drone à l'intérieur d'une boîte conçue à cet effet sur le toit d'un bâtiment dans chaque secteur de patrouille. Les « nids » sont équipés d'une station météorologique qui garantit que les conditions météorologiques sont propices au vol. Lorsque tous les systèmes sont prêts, un pilote actionne le drone depuis le centre de commandement d'un détachement de la GRC situé à proximité.
Au moyen de la connexion Internet au centre de commandement, le pilote utilise le flux vidéo en direct du drone pour recueillir des renseignements sur l'état des lieux et les transmettre en temps réel à l'agent qui intervient.
Selon les exigences de Transports Canada, un observateur visuel doit également être physiquement présent dans un rayon de 3,2 kilomètres autour du drone afin de voir à tout moment l'espace aérien dans lequel celui-ci se trouve et d'éviter toute interférence avec d'autres objets.
Potentiel opérationnel révolutionnaire
Le gendarme Anthony Setlack était chef pilote dans de nombreuses unités opérationnelles pendant les essais et il siégeait au comité directeur du projet. Il explique qu'il a pu constater directement les avantages du DPI en utilisant l'appareil à partir d'un centre de commandement situé dans le secteur de patrouille.
Lors d'un appel en particulier, le gendarme Setlack a déployé le drone où une personne refusait de quitter un refuge pour sans-abri. Alors qu'il se trouvait lui-même à environ 1,5 kilomètre des lieux, il a manœuvré le drone suffisamment près pour zoomer et voir des détails pertinents sur la personne d'intérêt, tandis que la police se rendait sur les lieux.
« Je pouvais voir ses mains, je pouvais constater qu'elles étaient vides, je ne voyais pas d'armes. Je pouvais observer son attitude dans les mouvements de son corps. J'ai donc pu le signaler aux agents qui intervenaient », explique-t-il. « Nous avons pu aider l'agent à mieux évaluer les risques au moment de l'appel. Normalement, nous recevons ces mises à jour par l'intermédiaire de nos [opérateurs des] télécommunications, ce qui entraîne un certain retard. Le fait d'avoir un retour d'information instantané aux agents sur le terrain a donc considérablement changé la donne pour nous. »
Selon le gendarme Setlack, la fonction zoom des drones permet également de réduire les risques d'escalade.
« Je volais probablement à 250 ou 350 pieds du sol et à une distance de 400 à 500 mètres de l'individu, de sorte qu'il n'aurait pas entendu le SATP; il ne savait probablement pas qu'il était là », déclare-t-il.
Protection de la vie privée
Avant le lancement du projet pilote, la protection de la vie privée a été au centre des préoccupations lors du processus de consultation de plusieurs mois avec chacune des communautés, qui ont été choisies en tant qu'échantillons de tailles, de densités de population et d'accès différents, afin de déterminer où les SATP pourraient être utilisés le plus efficacement. Les organisateurs du projet ont toutefois dissipé ces craintes, selon l'inspecteur Corey Blize, responsable du Service de l'air en Alberta.
« Nous ne filmons pas à moins que ce soit nécessaire sur le plan opérationnel pour collecter des preuves », déclare l'inspecteur Blize. « Par conséquent, lors d'un appel de service, la caméra n'enregistre pas et elle est orientée vers l'horizon. »
Selon ce dernier, bien que la validation du concept de DPI ait été un succès, il reste encore de nombreux détails à régler avant que le Service de l'air de la GRC n'aille de l'avant, notamment en ce qui concerne le financement et le choix de la technologie de drone à se procurer.
« [Nous] avons prouvé que nous pouvions le faire avec succès, alors maintenant il s'agit de savoir comment aller plus loin », déclare-t-il. « Je pense que nous mettrons en place ce programme, mais je ne sais pas encore à quelle échelle et à quel rythme. »