L'inspectrice Karla George parle de communauté, de leadership et de confiance en soi
Par Alexandra Bisson
L'inspectrice de la GRC Karla George est la première femme à diriger le Peloton de protection du premier ministre. Elle avoue avoir un péché mignon : les biscuits.
Image par Serge Gouin, GRC
18 janvier 2024
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Originaire de Terre-Neuve, l'inspectrice Karla George entre à la GRC en 2001. Aussitôt sa formation terminée, elle est affectée dans le Nord. Elle est ainsi amenée, au fil des ans, à travailler dans tous les détachements de la GRC des Territoires du Nord-Ouest, sauf un. Elle est récemment devenue la première femme à commander le Peloton de protection du premier ministre. Dans cet entretien avec Alexandra Bisson, l'inspectrice George parle de sa carrière diversifiée et de la façon dont elle conçoit son rôle de leader.
- Quel a été votre cheminement de carrière? Pourquoi avoir choisi la Police de protection?
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Au terme de ma formation à la Division Dépôt, en février 2001, on m'a demandé si je voulais aller travailler dans les Territoires du Nord-Ouest. À l'époque, rares étaient les femmes qui étaient affectées dans cette région. J'ai donc abouti à proximité de Yellowknife, dans une petite communauté appelée Rad-Edzo (aujourd'hui Behchokǫ̀), où je suis restée trois ans. J'ai adoré.
À ce moment-là, les relations entre la police et les communautés battaient de l'aile. J'avais l'ambition de remplacer l'opposition « nous-eux » par un « nous » collectif, car sans respect mutuel, aucun dialogue ne peut mener à la réconciliation. J'ai investi du temps dans des programmes de justice réparatrice, été mentore pour deux gendarmes communautaires, entraîné une équipe féminine de basketball scolaire, animé des soirées bingo, participé à des excursions de trois jours en canot, ravivé la tradition du défilé de Noël, abandonnée depuis plusieurs années, et j'ai rendu visite à des aînés dans des maisons de retraite.
Comme j'aime les contacts humains, on m'a demandé de rejoindre la Section de la relève de la Division G (Territoires du Nord-Ouest). Au cours des trois années qui ont suivi, j'ai eu la chance de travailler dans tous les détachements des Territoires du Nord-Ouest, sauf un. J'ai vu de mes propres yeux quels étaient les défis et problèmes auxquels les membres et les résidents étaient confrontés. J'ai acquis une vaste expérience dans les services policiers de première ligne, et, plus important encore, j'ai appris à admirer les communautés, les membres et les personnes auprès de qui j'ai travaillé.
Au cours de cette période, j'ai rencontré un membre, on s'est mariés et on a déménagé à Hay River (Territoires du Nord-Ouest). De la naissance de ma fille à Yellowknife jusqu'au meurtre d'un confrère (le gendarme Christopher Worden), mes années dans les Territoires du Nord-Ouest m'ont profondément marquée et ont fortement influencé mon évolution comme membre de la GRC.
Lorsque mon mari a été muté à Ottawa, je l'ai suivi et ai fait partie du Peloton de protection du gouverneur général durant cinq ans. C'est ce qui m'a ouvert la porte de la Police fédérale. J'ai ensuite été mutée à la Direction générale, où j'ai travaillé avec Interpol pendant quatre ans, avant d'intégrer l'équipe du Renouvellement et du Perfectionnement professionnel, où j'ai été promue sergente. Nombreux sont ceux qui m'ont soutenue et accompagnée en cours de route. Devenue officière brevetée, j'ai souhaité retourner aux Services de police contractuels et autochtones, mais on m'a offert un poste de supervision du Peloton de protection du premier ministre, que j'ai décidé d'accepter, heureuse de poursuivre mon parcours au sein des Opérations de protection.
- Parlez-moi de votre nouveau rôle. Qu'est-ce que ça implique, superviser le Peloton de protection du premier ministre?
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Le Peloton de protection du premier ministre existe depuis longtemps et est très organisé; ses membres sont des professionnels. Cette année seulement, nous avons participé à 160 déploiements, tant au pays qu'à l'étranger. Au total, le groupe compte plus de 100 membres et possède 39 véhicules usuels, 3 bateaux, 3 véhicules utilitaires, 2 véhicules tout-terrain et 22 bicyclettes. Et les membres du Peloton ont accès à une centaine d'offres de formation.
J'ai la chance de travailler au sein d'une grande équipe et de collaborer avec des partenaires internes, notamment dans le domaine du renseignement, de la planification et de la formation, avec toutes les divisions ainsi qu'avec des partenaires externes comme le bureau du premier ministre, le Bureau du Conseil privé, le Service de protection parlementaire et Affaires mondiales Canada, parmi d'autres.
- Leadership, suppression des obstacles rencontrés par les femmes – qu'en pensez-vous?
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Je sens que j'ai le devoir de porter le flambeau. Avant moi, il y a eu des policières qui, à titre de responsables des voyages ou de la protection des personnes de marque, ont démoli les stéréotypes, les préjugés et les obstacles à l'encontre des femmes. Bon nombre de rôles traditionnellement tenus par des hommes tendent à le devenir de moins en moins. Les temps changent.
Il est important de faire une place à chacun. Je crois sincèrement que lorsqu'on a une solide éthique de travail et qu'on se passionne pour ce qu'on fait, on a tout ce qu'il faut pour faire une belle carrière. Le destin sourit à ceux et celles qui travaillent dur. En tant que leaders, notre rôle est de les écouter et de les épauler.
- Qu'auriez-vous à dire à ces futures policières qui vous regardent avec admiration?
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Gardez la tête haute. Foncez! Il s'agit avant tout de croire en soi. J'ai dû me convaincre que j'avais bel et bien les compétences et aptitudes requises, car il peut arriver que, en tant que femme, on se sente intimidée par les exigences des postes annoncés. Il faut croire en soi pour être fort. Quel que soit le poste occupé, toutes sortes de soutien sont disponibles; on n'est jamais totalement livrés à soi-même. Que, en tant que gestionnaire, on soit le porte-parole ou la figure emblématique d'un groupe ne change rien : on n'est pas tout seul. Ne l'oubliez jamais.