La réconciliation exige qu'on écoute et qu'on apprenne avec son cœur

Réconciliation
C'est en renouant avec ses propres origines autochtones que l'inspecteur Eric Sheppard de la GRC a commencé à faire de la sensibilisation et à combattre le racisme systémique.
Image par GRC
11 juillet 2024
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Comme suite à l'engagement de la GRC en matière de réconciliation, ses policiers passent du temps dans des communautés autochtones afin d'écouter et d'apprendre. « Nous devons montrer que notre volonté d'être des artisans de paix vient du cœur et non d'une simple obligation professionnelle », note l'inspecteur Eric Sheppard, officier responsable des Services des relations avec les Autochtones. « C'est une vocation honorable, mais assortie d'une lourde responsabilité. »
La manière dont la GRC aborde aujourd'hui ses relations avec les Autochtones trouve ses origines dans les débuts de l'application de la loi au Canada.
« Les premiers membres de la Police à cheval du Nord-Ouest savaient qu'ils n'iraient pas très loin sans l'aide d'interprètes, d'éclaireurs et de guides des Métis et des Premières Nations, dit l'inspecteur Sheppard. Au fond, c'était un groupe d'hommes en territoire inconnu, seuls devant la dure réalité que leur capacité à remplir leurs fonctions et leur survie même dépendaient de leur appartenance à la communauté locale. "Écouter et apprendre" était le mot d'ordre à l'époque, et en tant qu'organisation, nous devons y revenir dans une attitude de respect et d'humilité. »
Le goût de s'ouvrir au savoir des aînés
Ojibwé de la Première Nation de Dokis, dont les terres longent la rivière des Français près du lac Nipissing, dans le centre-sud de l'Ontario, l'inspecteur Sheppard a grandi à l'extérieur de la réserve. L'envie de mieux connaître son héritage culturel lui est venue après son entrée à la GRC.
« Au début de ma carrière, d'autres employés m'ont fait bien des commentaires désagréables et, parfois, des remarques ouvertement racistes à l'égard des Autochtones, alors je ne parlais pas de mes origines, avoue-t-il. Un incident où j'ai frôlé la mort a toutefois déclenché un cheminement spirituel qui m'a ouvert les yeux et a totalement changé ma perspective. »
En 2007, on lui avait diagnostiqué une forme de cancer rare qui nécessitait une opération sérieuse. Une erreur commise pendant son rétablissement à l'hôpital a entraîné une surdose de morphine. « Alors que j'étais à l'article de la mort, j'ai saisi les liens qui existent entre toutes choses », se souvient-il. « J'ai finalement compris d'où venaient les enseignements des aînés. Ça m'a donné le courage d'être fier de mon héritage culturel et de le faire connaître. »
Une nouvelle destinée
L'inspecteur Sheppard a demandé l'aide des aînés de sa communauté pour faire de la sensibilisation, combattre le racisme systémique et exercer une influence positive sur la culture de la GRC.
« Une aînée disait toujours que mon chemin était celui d'un artisan de paix chargé de raconter notre histoire, mais qu'il me serait révélé seulement quand je serais prêt, explique-t-il. Je me suis toujours demandé ce qu'elle voulait dire, jusqu'au jour où j'ai été nommé officier responsable des Services des relations avec les Autochtones. Il est là, mon chemin. »
L'inspecteur Sheppard estime que la réconciliation ne sera menée à bien que quand il ne sera plus nécessaire d'en parler. « Entrevoyons-nous le jour où nous pourrons enlever les enseignes aux frontières des réserves ou cesser de sentir qu'il faut toujours définir, défendre et légitimer aux yeux des générations futures l'identité qui a toujours été la nôtre? Pas pour l'instant. »