Language selection

Gendarmerie royale du Canada

Les femmes à la GRC

Sur cette page

Historique des femmes à la GRC

Les 32 membres régulières de la première troupes

Au fil des ans, les femmes ont apporté beaucoup à la GRC à titre de policières, d'employées civiles et d'épouses de policiers.

Dès les années 1890, la GRC employait des femmes comme surveillantes et gardiennes de prison pour s'occuper des détenues et les accompagner lors de leur transfert.

Une de ces femmes était Katherine Ryan (alias Klondike Kate), engagée à titre de première gendarme spéciale le 5 février 1900 au Détachement de Whitehorse (Territoires du Nord-Ouest) pour aider la Police à cheval du Nord-Ouest à s'occuper des prisonnières.

Au début des années 1900, des femmes ont été embauchées comme techniciennes en dactyloscopie et techniciennes de laboratoire. La Dre Frances McGill, souvent appelée la « première policière montée », est devenue en 1946 la première chirurgienne honoraire de la GRC.

Entre 1922 et 1942, elle avait dirigé le laboratoire d'identité judiciaire en Saskatchewan et était associée à la GRC depuis de nombreuses années dans les domaines de la médecine, de la médecine légale et de la pathologie.

Tout au long de l'histoire de la Gendarmerie, les épouses de policiers ont elles aussi appuyé les opérations en remplissant diverses fonctions dans des régions isolées au sein de services d'un ou deux membres. Elles répondaient au téléphone, prenaient les plaintes, fouillaient les délinquantes, préparaient des repas pour les détenus ou hébergeaient et nourrissaient les responsables de passage dans la région.

Le 23 mai 1974, le commissaire M.J. Nadon a annoncé que la GRC commencerait à accepter les candidatures de femmes à titre de policières. Recrutées de partout au pays, les 32 membres régulières de la première troupe, la troupe 17, sont arrivées à la Division Dépôt (École de la GRC à Regina) les 18 et 19 septembre 1974 pour y commencer leur formation. Elles ont été promues le 3 mars 1975.

Aujourd'hui, les femmes représentent environ un cinquième des policiers, ou membres réguliers, à la GRC, et leur nombre dans les grades supérieurs (à partir du grade d'inspecteur) ne cesse d'augmenter. D'ailleurs, Bev Busson est devenue en 2006 la première femme commissaire de la GRC. Pour d'autres premières féminines, consultez notre page en vedette.

Des femmes en tunique rouge depuis 40 ans

C'est le 16 septembre 1974 que 32 femmes de partout au Canada ont prêté le serment du policier, changeant à tout jamais la fibre même de la Gendarmerie royale du Canada. Elles sont arrivées à la Division Dépôt pour commencer la formation le 18 et 19 septembre.

Faites la connaissance de certaines de ces pionnières et de plusieurs autres encore qui ont servi la population canadienne à titre d'employées civiles depuis la fin des années 1890, au moment où les premières geôlières ont été embauchées pour s'occuper des prisonniers.

Les articles qui suivent ont été rédigés pour célébrer le 40e anniversaire de l'entrée des femmes à la GRC en 2014. Certaines références sont donc désuètes.

Lors des premières années d'existence de la Gendarmerie, les épouses apportaient une grande contribution dans les détachements isolés. Elles aidaient leurs maris policiers à remplir des documents, à nourrir les prisonniers et à accomplir d'autres tâches.

Voici la Troupe 17

Les membres de la première troupe féminine ont pavé la voie aux milliers de femmes qui allaient suivre leurs traces.

Cheryl Joyce - La chef du groupe
Cheryl Joyce à l'École de la GRC.

« Troop up! »

C'était le cri de ralliement que lançait maintes fois Cheryl Joyce d'une voix tonitruante pour réunir les 31 cadettes de l'École de la GRC après être devenue membre de la première troupe féminine à s'installer à la Division Dépôt en septembre 1974.

Guide de droite et la plus âgée de la Troupe 17, cette cadette de 29 ans était chargée de surveiller son groupe, notamment de s'assurer que ses collègues marchaient au pas en rang pour se rendre d'un cours à l'autre, de veiller à la discipline et à l'harmonie, et de soumettre des rapports quasi quotidiens au sergent-major, qui suivait de près les progrès du groupe.

« Quand j'allais déposer les feuilles de présence, presque chaque jour je l'entendais ordonner, de son bureau, un "Joyce, venez ici!"», se souvient-elle.

« Malgré nos hauts et nos bas, nous avons accompli un très bon travail », confie-t-elle de sa résidence dans la vallée de l'Okanagan (Colombie-Britannique). « Quand j'y repense, certains évènements qui paraissent aujourd'hui assez drôles étaient stressants à mon époque. »

Assermentée le 16 septembre 1974 et forte de cinq ans d'expérience en enseignement, Mme Joyce a orienté sa carrière à la GRC dans le même sens.

De cadette à formatrice en anglais langue seconde à la retraite, en passant par la fonction d'instructrice à la Division Dépôt et par sa dernière affectation à titre de communicatrice des principes de justice réparatrice aux policiers et à la collectivité, Mme Joyce a mené une vie imprégnée par l'enseignement.

« J'adorais faire mon possible pour améliorer la vie des autres », précise-t-elle.

Depuis ses toutes premières affectations à plusieurs détachements dans la région d'Edmonton (Alberta), elle se passionnait pour le travail auprès des collectivités autochtones. « J'ai vraiment commencé à comprendre l'histoire des réserves et comment l'enchaînement des évènements a joué un rôle dans leurs problèmes », explique-t-elle. Les défis étaient nombreux et venaient du manque d'éducation, de débouchés et de compétences parentales. « J'avais très envie d'aider ces gens à améliorer leurs conditions. »

En mai 1974, la GRC a annoncé qu'elle acceptait les candidatures de femmes. À l'époque, Mme Joyce enseignait à Regina (Saskatchewan). Un de ses amis, qui était membre de la GRC, l'a encouragée à tenter sa chance. Elle jugeait que la carrière ne lui convenait pas, mais a tout même pris un formulaire de demande pour passer l'information à ses élèves. À sa grande surprise, elle s'est retrouvée à le remplir elle-même!

« Je cherchais une expérience en dehors de quatre murs », se souvient-elle. « J'avais besoin de travailler dans la communauté. »

Sa carrière de 30 ans a débuté à Stony Plain (Alberta), juste à l'ouest d'Edmonton. En tant que première policière du détachement, elle était attendue avec impatience. « La première chose que la secrétaire m'a dite en m'apercevant, c'était "Vous voilà enfin! Allez-y, tout le monde vous attend" », raconte-t-elle en riant.

Au bout de 13 déménagements et d'autant de postes occupés, Mme Joyce parvient sans hésitation à décrire ce qui fait sa plus grande fierté lorsqu'elle revient sur sa carrière.

Uniforme des premières femmes à la GRC : escarpins et sac à main avec étui à l'intérieur.

Il s'agit de sa dernière affectation au poste de coordonnatrice nationale de la justice réparatrice, qui lui a permis de parcourir le pays et de visiter 23 collectivités rien qu'au Nunavut, afin d'apprendre à ses collègues, aux aînés autochtones ainsi qu'aux bénévoles des méthodes de résolution de conflits de nature non criminelle dans leurs collectivités. Fondée sur la traditionnelle notion autochtone de cercle de guérison, la justice réparatrice est une façon amiable de favoriser la santé et la sécurité des collectivités, axée sur la guérison des victimes et la responsabilisation des contrevenants.

L'influence de son travail auprès des Autochtones, et surtout des Inuits, se fait ressentir par les œuvres d'art ornant les murs de chaque pièce de sa résidence. Revêt une importance bien particulière une gravure à l'encre d'un cairn dans l'Arctique que lui a offerte une dame dans la quatre-vingtaine issue de la première communauté inuite qu'elle a visitée. D'une voix émue, Mme Joyce raconte que la dame était retournée à l'école pour apprendre à « écrire l'histoire » de son peuple.

Nul doute que Mme Joyce a laissé sa trace depuis qu'elle a joint les rangs de la GRC il y a de cela 40 ans.

« Le sentiment que procure le processus de guérison est franchement émouvant », confie-t-elle. « Une dame m'a carrément remerciée d'avoir ravivé sa culture. C'était si gratifiant de savoir que j'apportais du positif dans la vie des gens. »

Barb Alexander - Ces petits moments qui marquent une carrière
Barb Alexander (nee Woods) à l'École de la GRC.

Vers l'âge de huit ans, Barb Alexander (née Woods) s'est entichée de l'idée d'entrer dans les rangs de la Gendarmerie.

C'était au début des années 60, à Fort St. John, rude ville pétrolière du nord-est de la Colombie-Britannique. Sa mère s'était vu demander de cuisiner des repas aux membres du détachement local de la GRC.

Monoparentale, elle offrait le gîte et le couvert à des ouvriers pour faire vivre ses six enfants. Un jour, des gendarmes célibataires se sont pointés chez elle. « Ils étaient fatigués de se faire à manger, alors ils ont commencé à se joindre à nous pour les repas. »

« Ils étaient si courtois, se souvient Barb. Comme mon père n'était pas dans le décor, ils me servaient de modèles. »

Leur influence a été si grande qu'elle n'a jamais vraiment envisagé une carrière autre que le travail policier. Elle a décroché un emploi d'été comme répartitrice à la Sous-division de Nelson et a plus tard travaillé deux ans à la réception de la police de Victoria.

C'est pendant cette période que la GRC a annoncé, le 24 mai 1974, qu'elle accepterait les demandes d'emploi de femmes souhaitant devenir policières. « J'ai téléphoné au bureau des affectations le jour même, et le hasard a voulu que je tombe sur quelqu'un que j'avais côtoyé dans mon emploi de répartitrice », raconte Barb, s'amusant de voir à quel point le monde peut être petit à la GRC.

Le 16 septembre suivant, elle était assermentée et prenait la route de l'École de la GRC (Division Dépôt), à Regina, en Saskatchewan, pour faire partie de la première troupe féminine, qui portait le numéro 17.

Contrairement à bon nombre de ses 31 compagnes de troupe, la jeune femme de 20 ans n'a ressenti ni bouleversement ni nervosité en arrivant dans le vaste complexe.

Elle se souvient qu'en voyant pour la première fois des troupes circuler en formation pour se rendre d'une classe à l'autre, elle a vraiment pris conscience de réaliser le rêve qui l'habitait depuis son enfance à Fort St. John. « J'étais curieuse et enchantée d'être enfin rendue là. »

La suite a finalement dépassé toutes ses espérances. « J'ai fait une carrière formidable, à la fois stimulante et extrêmement enrichissante », affirme-t-elle depuis son domicile à Victoria, où elle s'est établie à la retraite avec son mari, maintenant décédé, qui était lui aussi membre de la GRC.

Tôt dans sa première affectation, à Cranbrook, en Colombie-Britannique, Barb a vu que l'humour serait son allié, le temps que ses collègues masculins s'habituent à avoir une femme parmi eux. Elle se souvient entre autres de la journée où elle a reçu des articles d'uniforme au détachement. À l'époque, les effets distribués aux femmes comprenaient des collants, des soutiens-gorges et un sac à main avec étui intégré pour l'arme de poing, en plus des articles traditionnels comme le chapeau de rat musqué pour l'hiver.

« Ils avaient écrit sur l'emballage de papier brun : "bas nylon chauds" et "soutiens-gorges doublés de fourrure", dit-elle en riant. Le sergent d'état-major les a obligés à refaire l'emballage parce qu'il ne savait pas trop comment je prendrais la blague. »

Elle aimait son travail, mais elle s'ennuyait. « Je n'avais aucune place, ni parmi les gars, ni parmi les secrétaires, ni parmi les épouses. Après le travail, je me sentais seule. »

Elle s'est alors vu confier une tâche qui deviendrait le fil conducteur de toute sa carrière et qui lui permettrait de se constituer un réseau d'amis.

Une fille de 14 ans avait été agressée sexuellement par quatre hommes, mais refusait d'en parler à l'enquêteur du détachement voisin. On a donc fait appel à Barb pour voir si la victime s'ouvrirait à une femme. « Elle m'a tout dit parce qu'elle savait que j'étais en mesure de la comprendre. Et je n'avais que six ans de plus qu'elle! »

Quand une demande semblable est venue d'un autre détachement, force a été de constater que les femmes de la région avaient besoin d'apprendre à se protéger, et Barb s'est bientôt mise à présenter des exposés sur le sujet.

Sa vie a changé à jamais quand, au cours d'un voyage à Victoria, elle a rencontré l'auteur du programme « Lady Beware » qu'elle voulait mettre sur pied dans son détachement. Le policier en question, Don Alexander, deviendrait plus tard son mari.

Une de leurs deux filles, Heather, a suivi leurs traces, faisant son entrée à la GRC en 1995. « Don et moi lui avons remis son insigne ensemble quand elle a été promue de Dépôt. » C'était une première pour l'organisation.

Après plusieurs mutations et une pause de cinq ans quand les enfants étaient petits, Barb a mis sa passion personnelle au cœur de son travail en se joignant au Groupe de la police communautaire de Port Alberni, en Colombie-Britannique. Son dévouement lui a valu en 1988 le tout premier prix provincial du praticien de l'année en matière de prévention de la criminalité.

Sa dernière affectation, trois ans avant de partir à la retraite en 2001, l'a menée au programme Échec au crime à Victoria, où elle produisait des reconstitutions et d'autres types d'appels au public. « C'était un travail très gratifiant et amusant qui m'a permis de terminer ma carrière en beauté », résume-t-elle.

Au nombre des facteurs qui l'ont incitée à prendre sa retraite figurait le désir de se consacrer à l'entreprise florissante qu'elle avait créée après un voyage au paradis indonésien de Bali en 1999. Tombée sous le charme des gens de l'endroit, elle avait lancé un commerce de conception et d'importation de tissus pour vêtements féminins. Aujourd'hui, sous la bannière de Bali Fiber Tours, elle organise des visites guidées pour les femmes et fait du mentorat auprès de Balinaises qui souhaitent ouvrir leur propre petite entreprise. Sa partenaire d'affaires, Cheryl Joyce, est une ancienne compagne de troupe.

Ce travail s'inscrit à bien des égards dans le prolongement de son expérience de police communautaire. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de nouer des relations authentiques avec les gens et de leur donner les moyens de s'aider eux-mêmes.

C'est de cette influence exercée sur les autres que Barb tire sa plus grande fierté. Deux exemples lui viennent à l'esprit : le jour où elle a croisé un homme qui lui a dit, les larmes aux yeux, à quel point elle avait changé les choses pour sa famille des années auparavant, et celui où, à l'épicerie, une jeune femme l'a remerciée de l'avoir aidée à traverser les années difficiles de son adolescence rebelle.

« De temps à autre survient un petit moment inoubliable. C'est ce qui fait que le jeu en vaut la chandelle. »

Donna Morse - Une carrière faite de moments forts
Donna Morse à l'École de la GRC.

Il n'a pas fallu longtemps à Donna Morse pour prouver qu'elle était apte à patrouiller dans les rues de Port Alberni, en Colombie-Britannique.

À peine quelques semaines après sa sortie de l'École de la GRC, la jeune membre de la Troupe 17, alors âgée de 21 ans, se retrouvait la gorge serrée dans les mains d'un suspect, prêt à lui arracher l'âme, à l'intérieur d'un comptoir de poisson-frites local.

Deux personnes avaient été projetées à travers la vitrine d'un magasin voisin parce qu'elles avaient refusé de donner de l'argent à un grand homme aux longs cheveux blonds. Comme le détachement était très occupé, Mme Morse a été dépêchée sur place toute seule. Dès qu'elle s'est approchée du suspect, resté attablé, et a touché son épaule pour l'inviter à sortir, ce dernier a bondi et l'a agressée.

Tout d'un coup, elle luttait pour sa vie. En appliquant les « techniques de combat au sol » qu'elle avait apprises à la Division Dépôt, elle a réussi à se dégager et à enfermer l'homme à l'arrière de son auto-patrouille.

« Disons que j'ai eu chaud, confie-t-elle. Ça m'a montrée que j'étais bien formée; tout était question d'instinct ». L'homme, connu du détachement, a écopé d'une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour.

Bien que l'incident n'ait pas été la meilleure façon de montrer ce dont elle était capable, Mme Morse (née Burns) savait qu'il s'agissait là d'un tournant dans sa vie de policière débutante. « Je crois fermement que cet incident m'a permis de me tailler une solide réputation auprès des autres policiers et de la collectivité en tant que policière compétente », souligne-t-elle.

Mme Morse a grandi dans un contexte familial difficile qui l'a poussée à quitter la maison à l'âge de 17 ans. En 1974, elle travaillait comme caissière de banque lorsque sa mère lui a annoncé que la GRC acceptait les candidatures de femmes. Elle voyait bien qu'elle stagnait à la banque - seuls les hommes étaient choisis pour la formation en vue d'un avancement.

De père policier au service de police de Calgary et déjà intéressée par le métier, elle a présenté une demande sans hésiter.

« Le processus s'est déroulé si vite que je me suis sentie comme emportée par le courant des évènements », raconte-t-elle, dans le confort du coin de détente de sa résidence de la région de Vancouver, décorée des nombreux souvenirs de sa carrière de 21 ans à la Gendarmerie. « Honnêtement, je n'avais aucune idée dans quoi je m'embarquais. »

Elle « s'embarquait » dans une carrière enrichissante qui, à ses dires, compte beaucoup pour elle et sa famille.

À Port Alberni, elle a fait la rencontre de Ron Morse, un de ses collègues, au cours d'une enquête sur une mort subite et s'est vite liée d'amitié avec lui. Lorsqu'il l'a demandée en mariage, elle n'a pas hésité à répondre « oui ».

Lorsque le couple a annoncé la grande nouvelle au chef de détachement, ce dernier en est resté « abasourdi ». En moins de 24 heures, un agent d'affectation de Victoria (Colombie-Britannique) arrivait pour trouver une solution à cette situation nouvelle.

« Ils ne savaient que faire de notre cas », déclare Mme Morse. Son mari et elle n'ont plus jamais travaillé ensemble, et à la Direction générale, à Ottawa, on s'est précipité de rédiger une politique régissant les relations entre membres dans l'avenir. En novembre 1975, le couple convolait en justes noces.

« Pour blaguer, nous racontons à nos enfants qu'on s'était donné notre premier rendez-vous dans une salle d'autopsie », dit-elle en riant. Marié depuis 39 ans, le couple a trois enfants.

Leur fille, qui prévoyait joindre les rangs de la GRC, a dû renoncer à son projet à cause d'une blessure. Aujourd'hui, elle est répartitrice du service 911 à Surrey (Colombie-Britannique), le plus grand détachement de la Gendarmerie.

Après sa retraite de la GRC, Mme Morse a dirigé pendant 19 ans les opérations de sécurité pour la Liquor Distribution Branch de la Colombie-Britannique Malgré tout, elle se sent davantage attachée à la GRC.

« J'ai connu de bons moments, de mauvais moments et des moments difficiles, mais j'ai eu une carrière absolument formidable à la GRC, et, si c'était à refaire, je la referais volontiers », lance-t-elle.

« La GRC a fait de moi qui je suis. »

Karen Adams - Une carrière de 28 ans qui en a valu la peine
Karen Adams à l'École de la GRC.

Karen Adams ne peut s'empêcher de rire en pensant à l'instructeur dur à cuire très frustré qui essayait d'enseigner à la première troupe de femmes de la GRC le numéro très précis d'exercice à exécuter durant la remise des diplômes.

« Il était tellement frustré qu'il a brisé sa canne d'exercice en la frappant sur son genou, raconte-t-elle en riant alors qu'elle se rappelle cet incident survenu peu après Noël en 1975. Ces cannes sont sacrées pour un instructeur d'exercice et je n'oublierai jamais la stupéfaction sur son visage lorsqu'elle s'est brisée. »

Mme Adams est maintenant à la retraite et vit à Edmonton. Elle avait 22 ans lorsque son père l'a réveillée un matin de mi-mai 1974 dans la résidence familiale de Winnipeg pour lui dire que la GRC acceptait les demandes d'emploi de femmes pour devenir policière.

Moins de quatre mois plus tard, elle et 31 autres femmes de partout au pays ont été assermentées dans la première troupe de femmes policières de la GRC. Peu après, Mme Adams était en route pour l'École de la GRC à la Division Dépôt à Regina (Saskatchewan) pour faire partie de la troupe 17 et marquer l'histoire de la GRC.

Au fil des ans, il y a eu de plus en plus de possibilités de spécialisation pour les femmes, mais elle a su très tôt qu'elle voulait retourner à la Division Dépôt à titre d'instructrice.

« J'avais envie d'inspirer les autres à réaliser leur plein potentiel », explique-t-elle. Sur ses 28 ans de carrière à la GRC, elle a passé une douzaine d'années à enseigner aux cadets. Après sa retraite de la GRC, elle a entrepris une deuxième carrière en enseignement à l'université MacEwan d'Edmonton dans le programme d'application de la loi, qu'elle a poursuivie jusqu'à l'année dernière.

Certains cours qu'elle a suivis alors qu'elle étudiait en travail social l'ont inspirée à devenir policière. Ça et, l'admet-elle à contrecœur, la policière de la série télévisée populaire à l'époque, Ironside (L'homme de fer). Eve Whitfield, jouée par Barbara Anderson, était forte, compétente et jolie, se rappelle Mme Adams. Elle admet en riant que c'était idiot, mais affirme que le personnage l'a interpellée. « Je n'avais jamais vu une femme dans un tel rôle! »

Après une carrière variée de 28 ans comme policière, cinq déménagements et sept affectations, ce dont Mme Adams est le plus fière est d'avoir réalisé tout ça tout en élevant deux filles brillantes, autonomes et fortes qui sont ses meilleures amies. Devenue mère monoparentale alors que sa plus jeune avait deux mois, elle a dû surmonter de nombreux défis, mais sa famille de trois s'est débrouillée. « Nous avons fait ce que nous avions à faire pour avoir la famille que nous voulions », affirme-t-elle avec fierté.

Karen Adams et sa sœur.

De plus, elle est très proche de sa sœur cadette Shelley Marsh (née Somers), qui a suivi ses traces et postulé à la GRC en 1977. Elles sont devenues les premières sœurs à la GRC. « Ironiquement, j'étais affectée au Manitoba et elle, à Penticton en Colombie-Britannique. Nous n'avons jamais servi dans la même division (province), mais nous avons vécu des expériences similaires. Elle aussi a eu une carrière extraordinaire. »

Lorsqu'on lui a demandé comment c'était d'être la première femme assermentée dans un détachement, Mme Adams a raconté deux anecdotes. La première porte sur le jour où elle s'est présentée à Thompson (Man.), fraîchement sortie de la Division Dépôt. Elle a dit à la personne à la réception pourquoi elle était là et a demandé à voir le chef. Elle raconte en riant que quelques minutes plus tard, plein de têtes ont commencé à poindre dans tous les coins. « Ils voulaient tous voir la femme qui allait changer leur monde. »

La deuxième concerne la première arrestation qu'elle a faite en compagnie de son agent de formation. On avait reçu le signalement d'un homme et d'une femme intoxiqués dans un bar qui se trouvait en face du détachement. Lorsqu'il est devenu évident que le couple devait être arrêté, son agent de formation s'est occupé de la femme et elle, de l'homme. « Tandis que nous les faisions entrer dans le fourgon cellulaire, j'ai regardé de l'autre côté de la rue et vu que tout le monde était dans les fenêtres et m'applaudissait. »

« Il ne fait aucun doute que ça n'a pas été une carrière facile, mais le jeu en a valu la chandelle », dit-elle.

« Certains ont eu du mal à accepter des collègues policières à la GRC », dit-elle, en s'empressant d'ajouter que « la plupart des membres régulières des premières années n'auraient pas réussi sans le soutien et l'amitié des hommes qui les entouraient. »

Bev Busson, celle qui a ouvert la voie aux femmes
Bev Busson à l'École de la GRC.

Bev Busson était une nouvelle enseignante de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, lorsque, le 23 mai 1974, en route vers son emploi d'été auprès d'enfants ayant des besoins particuliers, elle a entendu, à la radio, que la GRC allait accepter les candidatures de femmes.

Comme elle passait à proximité du détachement local, elle a pris un formulaire de demande. « C'était le destin qui m'emmenait sur un autre chemin », confie-t-elle.

En moins de quatre mois, la jeune Bev MacDonald, alors âgée de 23 ans, devenait policière assermentée à Regina et comptait parmi 31 autres femmes qui, ensemble, formaient la Troupe 17, première troupe féminine de la GRC.

Elle était loin de se douter que, trente ans plus tard (fin 2006), au terme d'une carrière stimulante et riche en expériences, elle serait nommée première femme commissaire du service de police national.

Devant les choix de carrière limités qui s'offraient aux femmes au début des années 1970, Mme Busson a opté pour l'enseignement parce qu'elle voulait influencer positivement la vie des autres. « La GRC m'a tout à fait donné cette possibilité, mais à plus grande échelle », précise-t-elle.

La création de la Troupe a provoqué une tempête médiatique à l'École de la GRC (Division Dépôt). « Nous voulions juste être traitées comme les autres, mais il y avait toujours une équipe de journalistes qui se ruait vers nous », se souvient Mme busson en riant. « Nous sommes très vite devenues très proches. »

Si proches qu'elles ont l'habitude, depuis 40 ans, de se retrouver tous les cinq ans. « Ce sont des femmes formidables qui ont toutes fait tomber des obstacles et suivi des carrières si diverses et intéressantes », raconte-t-elle.

Fraîchement sortie de la Division Dépôt, Mme Busson s'est vu affecter à Salmon Arm (Colombie-Britannique), un petit village de l'intérieur sud de Shuswap Lake - la même région où son époux et elle ont choisi de passer leur retraite.

Au début, elle a éprouvé certaines difficultés, notamment à trouver un logement. Elle rit en disant que les nouveaux membres masculins s'installaient toujours au Gabe's Bunkhouse, ce qui était inapproprié. Les premières semaines, elle était « une sorte d'attraction touristique » : tout le monde était curieux de voir la nouvelle gendarme.

Ancienne commissaire Bev Busson.

En revanche, l'accueil a été chaleureux, et, dès le premier jour, elle « se jetait dans l'aventure ». « J'ignore si (le chef du détachement) croyait au rôle des policières ou non, mais je ne recevais aucun traitement de faveur », se souvient-elle en affirmant que, tout comme les hommes, elle a fait sa part de quarts de nuit, seule de service, les plus proches renforts étant dans le détachement voisin ou à la maison.

Il a fallu 13 ans à Mme Busson avant de pouvoir goûter à sa première promotion au grade de caporal. Avec un petit sourire, elle dit qu'elle avance à son rythme, mais c'est durant cette période qu'elle a gagné l'expérience des enquêtes qui allait constituer la base du reste de sa carrière. Elle s'est distinguée dans le milieu des enquêtes criminelles. Après seulement deux ans dans les services généraux, elle est passée à une section antidrogue avant de se lancer dans les enquêtes sur les crimes majeurs, à savoir la fraude, le trafic de drogues et les crimes graves, dont les agressions sexuelles et les homicides.

En 1990, elle avait décroché un diplôme en droit et assumait des fonctions administratives à titre d'avocate dans les affaires internes. Deux ans plus tard, elle devenait première femme promue à un poste d'officier breveté au grade d'inspecteur et, comme sa passion des enquêtes criminelles lui manquait, elle est retournée au secteur opérationnel.

« J'ai eu beaucoup de chance de tomber sur des patrons merveilleux pour qui le fait d'être femme ne posait pas de problème », répond-elle, interrogée sur son parcours. « Ils voulaient tout simplement qu'on travaille dur, ce que je faisais avec joie. »

Tout au long de sa carrière, elle a vécu neuf mutations entre la Saskatchewan, la Colombie-Britannique et l'Ontario (Ottawa). Elle a épousé un de ses collègues, veuf et père de deux enfants en bas âge qu'elle a adoptés. Sa fille est aujourd'hui policière à la GRC en Colombie-Britannique.

« Je répète sans cesse à ma fille que chaque jour est une occasion d'influencer favorablement la vie de quelqu'un et que la réussite devrait être mesurée à nos contributions et à la perception des autres à l'égard de notre leadership et non de notre statut dans la hiérarchie », affirme-t-elle.

Le saviez-vous?

Bev Busson a gravi tous les échelons de la GRC en cumulant les « premières ». Parmi ses exploits :

  • Première femme promue à un poste d'officier breveté, au grade d'inspecteur en 1992
  • Première femme officière responsable des enquêtes criminelles, essentiellement no 2 de la division (Division F, Saskatchewan), en 1997
  • Première femme au grade de commissaire adjoint et au poste de commandant divisionnaire (Division F) en 1998
  • Première femme sous-commissaire à une région (Pacifique) en 2001
  • Première femme à la tête de la GRC et 21e commissaire en décembre 2006

Montée à la tête de la Division E en 2000, elle a supervisé certaines des plus tristement célèbres affaires de la GRC, notamment les dernières étapes de l'enquête sur l'attentat à la bombe contre le vol 182 d'Air India en 1985 et l'affaire du tueur en série Robert « Willie » Pickton, contre qui pesaient 26 chefs d'accusation de meurtre au premier degré et qui a été reconnu coupable de six chefs d'accusation de meurtre au deuxième degré.

En 2006, elle planifiait sa retraite lorsqu'on lui a proposé le poste de commissaire, à un moment où la GRC traversait une période pleine de défis. Elle a accepté d'assumer ce rôle de façon intérimaire.

« C'était un honneur et un privilège pour moi », dit-elle humblement. Songeant à sa carrière, les meilleurs souvenirs qu'elle en retient sont ceux de ses collègues et du « véritable esprit de camaraderie et de confiance mutuelle qui s'est installé - c'est tout ce qui compte ».

Sa plus grande fierté, elle la tire du moment où les membres de la GRC, policiers et civils, l'ont acceptée comme dirigeante alors que l'organisation était la cible de nombreuses pressions, critiques et remises en question.

Mme Busson cite un dicton préféré - qu'on attribue à plusieurs personnalités, de Theodore Roosevelt au gourou du leadership John C. Maxwell - pour décrire sa conception du leadership : « Ce que vous savez compte peu pour les gens, jusqu'à ce qu'ils sachent à quel point ils comptent pour vous ».

Des mots simples venant d'une dirigeante respectée qui, aux côtés des membres de la Troupe 17, a ouvert la voie à des milliers de femmes à la GRC.

Premières féminines

Faites la connaissance de femmes qui furent les premières à accéder à des domaines de spécialités policières et les membres civiles qui se sont hissées aux sommets de leurs domaines.

Les femmes dans les laboratoires judiciaires de la GRC
La GRC a ouvert son premier laboratoire judiciaire à Regina (Saskatchewan) en 1937.

Bien que les émissions à saveur scientifique comme Les Experts (ou CSI en version originale) occupent une grande place dans le paysage télévisuel actuel, il n'y a pas si longtemps, le recours à la science pour élucider des crimes semblait assez inattendu. Mais en réalité, la science sert à résoudre des crimes depuis plus d'un siècle.

La GRC a ouvert son premier laboratoire judiciaire à Regina (Saskatchewan) en 1937. Petit et mal équipé selon les normes actuelles, ce premier laboratoire alors sous la direction de M. Maurice Powers, Ph.D, servait à analyser des projectiles, des empreintes digitales, du sang, du sperme, des cheveux, des fibres, des rognures d'ongles, des photographies et d'autres documents.

Aujourd'hui, les Services des sciences judiciaires et de l'identité de la GRC continuent de fournir une aide précieuse aux enquêteurs policiers de première ligne de partout au Canada et d'ailleurs dans le monde en fournissant une vaste gamme de programmes et de services judiciaires, notamment :

  • des services de science judiciaire,
  • des services d'identité judiciaire,
  • des services d'identification dactyloscopique,
  • des programmes de dépôt d'empreintes digitales,
  • la Banque nationale de données génétiques.

Des 213 scientifiques et techniciens (tous membres civils de la GRC) qui traitent les dossiers de cas dans l'ensemble du Canada pour les Services de laboratoire judiciaire de la GRC, 69 % sont des femmes.

  • C'est le Service de biologie qui compte le plus fort pourcentage de femmes (79 %).
  • Les Services des armes à feu et des traces d'outil emploient des femmes à 45 %.
  • Exception faite de la section chargée des armes à feu, toutes les sections des laboratoires réunies emploient à plus de 50 % des femmes scientifiques et techniciennes.

« Les laboratoires ont sans aucun doute réalisé des progrès considérables, déclare Malcolm Gutfriend, gestionnaire de programme pour les Services d'analyse de traces des Services de laboratoire judiciaire à la Direction générale de la GRC à Ottawa (Ontario). Au début des années 1960, Ed Perreaux a été embauché comme aide-soignant par le laboratoire de Regina. Lorsqu'il a pris sa retraite au milieu des années 1990, on a découvert que la description originale de son poste se trouvait toujours dans son dossier du personnel. Une de ses tâches consistait à conduire les expertes judiciaires au tribunal lorsqu'elles devaient aller y témoigner, parce qu'elles ne pouvaient pas conduire. »

Dre Frances McGill, la première femme spécialiste de la médecine légale à la GRC

Dre Frances McGill, la première femme spécialiste de la médecine légale à la GRC

Bien que le premier groupe d'enquêteurs judiciaires ayant travaillé au laboratoire de Regina sous la direction de M. Powers étaient tous des hommes, c'est une femme qui a succédé à M. Powers. La Dre Frances McGill, parfois appelée la « première policière montée », a été la première femme spécialiste de la médecine légale à la GRC.

Surnommée la « Sherlock Holmes de la Saskatchewan », la Dre McGill était une véritable pionnière. Après avoir obtenu son diplôme en médecine à l'Université du Manitoba en 1915, alors que peu de femmes étudiaient la médecine, elle a consacré la majeure partie de sa vie à la médecine légale, une science nouvelle au Canada à l'époque.

En 1918, la Dre McGill a été nommée bactériologiste provinciale pour le ministère de la Santé de la Saskatchewan. Elle travaillait avec zèle, particulièrement pendant l'épidémie de grippe espagnole. En 1920, elle est devenue anatomopathologiste provinciale et, deux ans plus tard, directrice du laboratoire provincial, où elle se chargeait principalement des morts suspectes. Ses fonctions l'ont amenée à travailler en étroite collaboration avec différents services de police, dont la GRC, et lui ont permis de se tailler une réputation de criminaliste d'exception. Elle a quitté ses fonctions d'anatomopathologiste pour prendre sa retraite en 1942.

En 1943, la Dre McGill est officiellement entrée en fonction à la GRC pour remplacer M. Powers, le directeur du laboratoire judicaire de Regina qui était décédé dans un écrasement d'avion. À la GRC, la Dre McGill formait les futurs policiers et détectives dans les domaines de la médecine légale, de l'anatomopathologie et de la toxicologie. Elle leur enseignant comment recueillir les éléments de preuve et assurer leur conservation, étudier les lieux d'un crime et distinguer le sang animal du sang humain.

Après avoir officiellement quitté ses fonctions à la GRC, la Dre McGill a été nommée chirurgienne honoraire de l'organisation le 16 janvier 1946, et à ce titre, était une conseillère pour la Gendarmerie. Elle est demeurée active jusqu'à son décès en 1959.

Reconnue pour son professionnalisme infaillible, la Dre McGill a acquis une solide réputation de femme qui travaille sans relâche dans une profession dominée par les hommes. Sa réussite est sans aucun doute attribuable à sa devise personnelle : « Il faut penser comme un homme, se conduire comme une dame et travailler comme un chien. »

Surintendante Tracy Ramsay, la première femme spécialiste de l'identité judiciaire à la GRC

En 1989, après avoir travaillé pendant huit ans à la Division E (Colombie-Britannique) en tant qu'agente des services généraux et que membre de la Section des enquêtes générales, Tracy Ramsay, qui était gendarme à l'époque, a posé sa candidature pour faire partie du Service de l'identité judiciaire à un moment où la GRC s'efforçait d'attirer des femmes dans ses sections spécialisées. Depuis le début de sa carrière dans la police, elle avait été témoin du travail des spécialistes de l'identité judiciaire sur des lieux de crime, un travail qu'elle tenait en haute estime. Lorsqu'un collègue lui a fait remarquer que son souci du détail pourrait faire d'elle une bonne candidate pour l'identité judiciaire, elle a décidé de faire le grand saut.

Après sa formation de huit semaines, elle a suivi le Programme d'apprentissage en identité judiciaire pendant un an avant d'être évaluée par le comité de certification. Bien que, de son propre aveu, le processus pour devenir spécialiste de l'identité judiciaire ait été ardu, elle n'a jamais eu l'impression que le fait d'être une femme ait fait une quelconque différence. Elle a été bien accueillie et s'est sentie respectée par les autres spécialistes de l'identité judiciaire, des professionnels dévoués prêts à transmettre leur savoir-faire.

Les policiers affectés aux services généraux sont formés pour témoigner en cour, mais ceux qui se spécialisent dans des domaines comme l'identité judiciaire doivent acquérir les qualifications professionnelles requises pour pouvoir rendre un témoignage d'expert. Puisque les tribunaux accordent une grande importance aux témoignages d'experts, ils demandent à ces derniers, avant de leur permettre de témoigner, d'expliquer clairement leurs qualifications et compétences. Chaque fois qu'un tribunal accepte le témoignage d'un expert, les qualifications de ce dernier se trouvent renforcées. Naturellement, les témoins experts sont extrêmement fiers de leurs qualifications.

« C'est un travail de minutie exigeant. Personne ne voudrait offrir un témoignage qui crée des précédents défavorables. En tant que spécialistes de l'identité judiciaire, nous ne perdons jamais de vue le fait que nos témoignages peuvent déterminer si quelqu'un ira ou non en prison. Nous devons être absolument certains d'avoir suivi une méthode scientifique rigoureuse et de pouvoir justifier nos conclusions », explique la surintendante) Ramsay.

Après avoir évolué pendant 16 ans en tant que spécialiste de l'identité judiciaire, elle a quitté le domaine, aspirant à obtenir son brevet d'officière. Bien qu'elle se plaise énormément dans son poste actuel dans le Secteur du dirigeant principal de l'information, lorsqu'on lui a demandé si l'identité judiciaire lui manquait, elle a répondu : « Mais bien sûr! J'y retournerais n'importe quand. »

Le saviez-vous?

Une femme, membre civile, a été nommée experte scientifique en chef en sérologie aux laboratoires de la GRC pour la première fois en 1968.

Profil - Équipe de récupération sous-marine
L'inspectrice Ruth Roy avec l'équipe de récupération sous-marine

Plonger en eaux inconnues

L'inspectrice Ruth Roy a acquis un impressionnant bagage depuis qu'elle s'est immergée dans l'univers de l'Équipe de récupération sous-marine (ERS) en 1991. Si elle mène la carrière dont elle rêvait enfant, son parcours en tant que première femme membre de l'ERS de la Colombie-Britannique n'a toutefois pas été sans embûches.

« Quand je suis entrée à la GRC en 1981, la présence de femmes faisait encore sourciller. J'ai vite constaté que le travail policier exigeait plus d'entregent que de force physique », affirme-t-elle.

Un jour au cours de ses six premiers mois de service, elle a été appelée à intervenir seule auprès d'un homme ivre de taille imposante. L'expérience lui a appris toute l'utilité de la gentillesse, de la générosité et de l'humour. Blaguant pour désamorcer les tensions, elle lui a expliqué qu'il devait quitter le refuge où il se trouvait et lui a proposé un séjour de dégrisement en cellule, offre qu'il a acceptée d'un air penaud.

L'attitude de l'inspectrice Roy en dit long sur sa détermination, une qualité qui l'a bien servie par la suite. Après avoir épousé un autre membre de la Gendarmerie à une époque où l'organisation n'était pas favorable aux unions de ce genre, elle a décidé de quitter son emploi pour se joindre à la Police de Ports Canada, plus précisément à son équipe de plongée sous-marine, un choix tout naturel puisque cette activité la passionnait déjà. En 1988, Ports Canada l'a envoyée suivre une formation en récupération sous-marine avec l'équipe de plongée la GRC, qui était encore, selon ses souvenirs, « l'une des dernières chasses gardées masculines ».

Avant l'inspectrice Roy, aucune femme n'avait suivi cette formation intensive de trois semaines. « On me surveillait de près, note-t-elle, mais j'étais comme un poisson dans l'eau et j'ai tout réussi haut la main. » Attestation en poche, l'ancienne nageuse de compétition a passé les trois années suivantes à plonger avec l'équipe de Ports Canada et à participer à des formations et à des exercices avec celle de la GRC.

Quand elle a regagné les rangs de la Gendarmerie en 1991, Ruth a été affectée à la Division E et a continué à participer aux exercices de plongée de l'organisation.

Entre-temps, une autre femme avait créé un précédent : en février 1989, la caporale Ann Noel était devenue la première plongeuse de la GRC au moment de sa nomination à l'ERS à temps partiel de la Division B, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Ruth a vu sa chance lorsqu'un poste permanent s'est libéré au sein de l'ERS plus tard en 1991. Certains gestionnaires, qui avaient pourtant appuyé sa participation aux exercices de plongée, se sont alors opposés à sa nomination.

« Quand j'ai voulu faire partie de l'équipe, la direction s'est mise à chercher des prétextes pour refuser, invoquant d'abord le manque de vestiaires, puis ma force physique inférieure, puis le malaise que ressentaient certains des hommes à l'idée d'avoir une femme comme partenaire. »

La question des vestiaires, la caporale Noel a dû l'affronter aussi. « Comme les plongeurs se changeaient dans un grand fourgon, on se demandait comment j'allais faire », se souvient-elle, ajoutant que le problème avait été facile à régler. Les membres de l'équipe enfilaient tout simplement leur maillot de bain avant de se présenter au lieu de plongée. « Nous savions que nous avions un travail à faire et nous l'avons fait. »

Malgré les obstacles qui se dressaient sur le chemin de Ruth, l'expérience qu'elle avait accumulée avec l'équipe a fait pencher la balance. C'est finalement une photo d'elle, prise au cours de l'un de ses nombreux exercices de plongée, la montrant en train de se faire passer une bouteille d'air comprimé alors qu'elle portait un grand sac d'équipement et deux ceintures de lest de 25 livres sur les épaules, qui a convaincu les récalcitrants que sa force physique ne posait aucun problème. Le reste de leurs craintes se sont évanouies quand un de ses compagnons de plongée a décrit ce qui s'était passé lors d'un exercice dans les rapides de Skookumchuck, à Pender Harbour, en Colombie-Britannique.

Ruth garde un souvenir vif de l'incident. « Mon partenaire et moi, nous nous tenions par la main, les bras étendus, glissant rapidement dans l'eau à une dizaine de pieds du fond marin, où se mêlaient des teintes de rouge, d'orange, de violet et de vert… C'était magique, comme si j'avais des ailes, une impression dont je ne me rapprocherai probablement plus jamais de la sorte », raconte-t-elle.

« Nous nous sommes finalement arrêtés et avons vérifié nos manomètres. Nous étions à une profondeur de 80 pieds et mon partenaire commençait à manquer d'air, alors nous avons amorcé notre remontée. Nous nous sommes donné un élan et avons fait un grand cercle, puis soudainement l'eau est devenue plus sombre et nous descendions de nouveau. Nous nous sommes rendu compte que nous étions pris dans un tourbillon et que la tenue de plongée de mon partenaire ne contenait pas suffisamment d'air pour l'empêcher d'être traîné vers le bas. Il m'a alors fait signe qu'il n'avait plus d'air. Je lui ai fourré mon détendeur de sécurité dans la bouche, j'ai gonflé au maximum mon gilet stabilisateur et je l'ai littéralement tiré jusqu'à la surface. »

La compétence de Ruth n'a plus jamais été remise en question, et elle a fièrement fait partie de l'ERS pendant huit ans. Depuis, elle enfile les rôles prestigieux : aujourd'hui membre du Peloton de protection du premier ministre, elle a aussi figuré au nombre des premières aides de camp de sexe féminin, rôle qui lui a été confié en 2000, à la demande expresse de Myra Ava Freeman, alors lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse. Ce poste étant normalement réservé aux officiers brevetés, le fait que Ruth y ait été nommée alors qu'elle était caporale a créé un précédent qui a permis à plusieurs autres sous-officières d'accéder au même honneur.

Avec tant de réalisations à son actif, y compris la mise sur pied d'un programme de formation sur la violence sexospécifique en Haïti et la direction d'un projet de recherche international sur le leadership en milieu policier et les perceptions des hommes et des femmes quant aux obstacles à la promotion, Ruth s'est vu décerner le prix de la cadre policière de l'année 2013, un moment fort de sa carrière.

« C'est drôle, on aborde chaque jour en tâchant simplement d'agir selon sa conscience, puis quand on fait le bilan, on se rend compte de l'impact qu'on a eu. C'est gratifiant », reconnaît-elle. Interrogée quant aux conseils qu'elle donnerait aux femmes qui se trouvent actuellement dans les rangs de la GRC ou qui s'y joindront un jour, elle répond ceci : « Soyez vous-mêmes, et lorsque vous gravissez les échelons de l'organisation, retournez-vous, tendez la main et faites monter au moins deux consœurs avec vous! »

Analyser des renseignements à l'échelle mondiale
À Nashville (Tennessee), Jennifer Johnstone, présidente de l'IALEIA, souhaitera la bienvenue aux membres de la conférence de 2011.

Nommée à la barre de l'International Association of Law Enforcement Intelligence Analysts (IALEIA) il y a quatre ans, une première pour un Canadien, la membre civile Jennifer Johnstone aide à façonner le domaine de l'analyse de renseignements partout dans le monde.

La GRC, où elle travaille depuis 2001, était un choix naturel pour cette experte en renseignements qui vient d'une famille dont les membres travaillent dans l'application de la loi et la sécurité publique. « Je travaillais à l'ASFC [depuis 1993] en tant qu'inspectrice des douanes et analyste de renseignements quand j'ai été affectée à une opération policière conjuguée sur le tabac au Quartier général de la GRC [Colombie-Britannique], explique-t-elle. L'idée de travailler sur divers dossiers à tous les niveaux de l'application de la loi était attirante, donc quand la GRC m'a approchée, j'ai accepté. »

Comme analyste criminelle, analyste stratégique ou analyste de renseignements, elle a passé plus de 20 ans à affiner ses compétences analytiques. Elle est actuellement affectée aux Crimes graves et Crime organisé de la Police fédérale de la GRC (Colombie-Britannique) et entame son deuxième mandat (bénévolement) à titre de présidente de l'IALEIA. Plus grand regroupement professionnel d'analystes de renseignements dans le monde, l'IALEIA vise à faire avancer les normes de professionnalisme dans le domaine.

« Un des prix dont je suis vraiment fière vient de la Police nationale de Colombie et de la communauté policière du renseignement de l'Amérique latine et des Caraïbes, dit-elle. Ils ont reconnu mes efforts pour favoriser la profession d'analyste de renseignements en Amérique centrale et du Sud. » Elle ajoute que l'IALEIA réalise des percées considérables là-bas, où une telle organisation est plus que nécessaire en matière de professionnalisme et de normes.

Considérée comme étant une experte par le Criminal Intelligence Coordinating Council (CICC - formé de dirigeants américains du renseignement venant d'organismes fédéraux, étatiques et municipaux : FBI, DEA, ATF et DHS), elle est le seul membre non américain et la seule femme à y siéger. Le CICC, spécialisé dans la répression axée sur le renseignement, a pour but d'accroître l'échange de renseignements et d'élaborer des pratiques exemplaires internationales.

Celle qui travaille à la création d'un réseau mondial du renseignement se rappelle qu'elle avait l'habitude de faire des diagrammes sur des tableaux de papier. « Les progrès dans les logiciels de diagramme et de cartographie et les programmes de triage et de compilation des métadonnées sont incroyables », dit-elle. On offre aussi plus de programmes de baccalauréat et de maîtrise pour les analystes.

Mme Johnstone ne rate jamais une occasion de se perfectionner; elle est actuellement en congé afin de terminer sa maîtrise en études de renseignements. Pendant ce temps, elle a été engagée comme experte internationale en analyse de renseignements criminels par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Instructrice certifiée, elle a aidé à élaborer un cours de base sur l'analyse de renseignements pour l'IALEIA qu'elle a donné dans des villes américaines et en Bulgarie, et elle revient tout juste d'Ukraine où elle a enseigné à des analystes par l'entremise de l'OSCE.

Elle a hâte de revenir à la GRC l'an prochain après avoir terminé sa maîtrise et se dit très chanceuse d'avoir travaillé avec des personnes extraordinaires et des dirigeants incroyables.

« De mes voyages partout dans le monde, je retire que la GRC est un bon endroit où travailler, dit-elle. J'entrevois un avenir où plus de femmes occupent des rôles de leader à la GRC. »

L'arrivée de femmes au sein du Carrousel
La caporale Christine (Mackie) Windover et Kito

Avant 1980, quand on pensait à la Gendarmerie royale du Canada, on pensait presqu'immédiatement au cavalier en tunique rouge avec son étalon noir, participant fièrement au spectacle équestre de renommée internationale qu'est le Carrousel.

Christine (Mackie) Windover aime les chevaux et fait de l'équitation depuis son enfance, mais à l'époque il n'y avait même pas de femmes dans les rangs de la GRC. Elle ne s'était jamais imaginée qu'elle aurait la chance un jour de monter à cheval comme membre de la Gendarmerie.

Windover passait tout son temps libre dans les écuries et à cheval, et y dépensait tout son argent de poche. Passionnée d'équitation depuis l'âge de six ans, elle n'avait aucune idée que son amour des chevaux lui permettrait de faire carrière comme policière.

« Je travaillais comme secrétaire à Radio-Canada à Yellowknife quand j'ai su que la GRC acceptait maintenant des femmes comme cadets. J'ai envoyé ma demande, et j'ai fait partie de la deuxième troupe féminine en 1975. La première chose que j'ai faite en arrivant à la Division Dépôt, c'est trouver un cheval à louer. »

Par chance, elle a découvert qu'une de ses compagnes de troupe était fiancée à un membre du Carrousel, qui donnait des spectacles à Regina cet été-là. « Cela n'a pas été facile, mais j'ai eu l'occasion de participer à un exercice avec eux. »

En 1978, après ses deux années de service obligatoires, Windover a demandé une mutation au sein du Carrousel. À sa grande déception, elle a reçu une lettre du commissaire de l'époque, M. Robert Simmonds, lui indiquant que les femmes n'y étaient pas permises puisque le travail physique était beaucoup trop exigeant et elles ne portaient pas le même uniforme que les membres masculins. Elle aurait à patienter encore deux ans avant que la Gendarmerie ne décide de permettre aux femmes de devenir membres du Carrousel.

La formation à la Division Dépôt n'avait pas été facile, où la présence de femmes était encore un nouveau concept qui ne faisait pas l'affaire de tous, mais l'entraînement pour le Carrousel a été de loin « les pires deux mois de ma vie ».

« À l'époque, il fallait monter à cheval sans utiliser les étriers, qu'on soit homme ou femme. Si on n'était pas capable de se mettre en selle, on ne s'entraînait pas à cheval. C'était l'enfer. Heureusement, j'avais un excellent partenaire. Il n'avait jamais monté à cheval, donc moi je lui ai donné des conseils et lui, il m'a aidé, une ou deux fois, à monter en selle. »

« Je ne pense pas avoir été traitée différemment des hommes. Et ce fut très, très difficile mentalement et physiquement. » Le manque de tenue appropriée compliquait davantage les choses. « On n'avait jamais eu à fournir des culottes ou des bottes aux femmes. Il a fallu attendre trois semaines pour faire faire les vêtements appropriés! »

Les deux premières femmes à devenir membres du Carrousel en 1981 : la caporale Christine (Mackie) Windover avec Hazel et la gendarme Joan Merk avec Honey

Christine Windover et Joan Merk ont été les deux premières femmes à devenir membres du Carrousel, et elles ont formé un lien très fort. « Tout le monde nous regardait, attendait qu'on fasse une erreur, et certains membres ne nous ont même pas parlé pendant toute la première année… ça n'a pas été facile. Mais il y a eu beaucoup de choses positives aussi… je me suis fait des amis extraordinaires et j'ai plein de beaux souvenirs. »

Un de ces souvenirs remonte à 1987. C'était le centenaire du Carrousel, et on avait organisé un gros spectacle et rassemblement à la Division Dépôt, l'École de la GRC à Regina. De nombreux membres retraités étaient surpris de voir des femmes faire partie du Carrousel, voire le diriger. « J'ai gardé le sourire, mais il y avait plein de gens de la vieille école qui étaient étonnés de me voir en tête de file. Mais le plus important pour moi, c'est que ma mère était là pour voir son premier spectacle. »

Windover est devenue instructrice au sein du Carrousel et a été promue au grade de caporal en 1986, une autre première pour la Gendarmerie qui ne faisait pas le bonheur de tous. « C'est facile d'entraîner des chevaux, mais c'est tout un défi que d'entraîner des personnes. Il y en avait qui ne voulaient rien savoir d'une femme comme superviseure. » C'était une autre époque, et les choses ont beaucoup changé dans les 30 dernières années. « J'espère avoir contribué un peu à l'évolution du rôle des femmes à la Gendarmerie, mais j'étais naïve à l'époque, je ne savais pas vraiment qu'on ne devait pas nous traiter de telle ou telle façon. Il y avait d'excellents instructeurs, c'est juste qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes, donc il fallait vraiment compter sur soi-même. »

Les femmes ont fait beaucoup de chemin depuis. En 1999, lors des célébrations du 25e anniversaire de la présence de femmes dans la Gendarmerie, Windover a eu l'honneur de conduire le carrosse, suivie d'une escorte de cavalières. « Ce fut un moment touchant pour moi, de conduire le carrosse aux Cérémonies du crépuscule pour célébrer les innombrables réalisations des membres régulières sein de la Gendarmerie. »

Maintenant à la retraite, Windover continue de travailler avec les chevaux, en tant que copropriétaire et gestionnaire d'écurie d'un centre d'équitation dans l'est de l'Ontario. Sa passion des chevaux demeure intacte, tout comme son respect pour la Gendarmerie. Son message aux nouvelles recrues est le suivant : « Menez au lieu de suivre. Ce sera plus difficile, mais vous en sortirez beaucoup plus fortes. »

Gros plan

Les tribulations de la troupe 17 à la Division Dépôt
Les premières cadettes arrivent à l'École de la GRC.

Lorsque les premières cadettes sont arrivées à l'École de la GRC, personne ne sait vraiment qui, des cadettes ou des hommes qui devaient les former, étaient les plus nerveux.

« Nous étions prêts les accueillir… à peu près », raconte en riant Al Nicholson, qui était instructeur à la Division Dépôt lorsque les femmes qui ont formé la troupe 17 de 1974-1975 ont été assermentées le 16 septembre 1974 en vue de commencer leur formation une semaine plus tard.

L'ancien membre de la GRC se souvient de la première fois qu'il s'est retrouvé devant les 32 femmes en classe, alors qu'il ne comptait qu'environ un an d'expérience de l'enseignement aux recrues. « C'était la première fois que j'étais nerveux à la Division Dépôt. Je ne voulais rien dire de travers. »

La Division Dépôt, qui a officiellement ouvert ses portes en 1885, est une installation tentaculaire à Regina (Saskatchewan) qui véhicule la tradition paramilitaire de la GRC. Les nouveaux cadets marchent au pas en rang pour aller d'un cours à l'autre, tout le monde se fait appeler « Monsieur » ou « Madame » et à midi, la plupart du temps, on peut entendre les ordres du sergent instructeur au terrain de rassemblement.

Cette atmosphère peut être impressionnante pour quiconque arrive sur place. « L'uniforme, la marche au pas, les exercices, les « Oui, Monsieur » et les « Non, Monsieur », ça demande un certain ajustement pour tout le monde, homme ou femme », explique Al Nicholson, qui dirige maintenant le Centre du patrimoine de la GRC.

Pour Donna Morse (née Burns), qui avait 21 ans à l'époque et arrivait de Calgary (Alberta), l'endroit lui inspirait un respect mêlé de crainte.

« Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait », a-t-elle avoué dernièrement alors qu'elle était chez elle, près de Vancouver (Colombie-Britannique), à la retraite après 21 ans à la GRC et 19 autres années à l'emploi du gouvernement de la Colombie-Britannique.

Avant l'arrivée des femmes à la Division Dépôt, les 32 hommes formant chacune des troupes vivaient ensemble dans un dortoir semblable à une caserne de l'armée : le long de chaque mur s'alignaient des lits faits au carré dont les draps étaient tellement serrés qu'on pouvait y faire rebondir une pièce de monnaie. À leur arrivée, les femmes ont été installées dans des chambres pour deux personnes puisqu'on croyait qu'elles avaient besoin de plus d'intimité. Et à la dernière minute, il a fallu se dépêcher pour remplacer les urinoirs par des toilettes.

« Ils s'affairaient encore à coudre les uniformes lorsque nous sommes arrivées", raconte Bev Busson (née MacDonald), une membre de la troupe 17.

Puis il y a eu l'uniforme. « Ils s'affairaient encore à coudre les uniformes lorsque nous sommes arrivées", raconte Bev Busson (née MacDonald), une membre de la troupe 17 qui a gravi les échelons tout au long de ses 33 années de carrière jusqu'à ce qu'elle devienne la première femme commissaire de la GRC.

« Nous n'avions pas de ceinture de service. Il n'y avait même pas de passants de ceinture sur nos pantalons », se souvient-elle. On leur remettait plutôt l'ignoble poche contenant des compartiments pour une arme à feu, des munitions et une paire de menottes. Heureusement, les considérations pratiques l'ont emporté et les femmes ont reçu des ceintures de service avant la fin de leur formation.

Les escarpins noirs, tambourins et blouses synthétiques ont duré plus longtemps. « L'uniforme était affreux, poursuit Al Nicholson. On aurait dit qu'il sortait tout droit des années 1940. »

Ce n'est qu'au début des années 1990 qu'on a abandonné l'uniforme pour femmes pour que tous les membres de la GRC aient les mêmes effets et équipements. Il aura fallu attendre 18 ans, mais, en 1992, les femmes ont finalement pu porter la célèbre tunique rouge, le Stetson, les bottes brunes à tige haute et la culasse auxquels on associe la GRC dans le monde entier.

La formation n'avait pas été vraiment modifiée pour les femmes, sauf qu'on surveillait un peu plus son langage, selon les dires d'Al Nicholson. De nos jours, la formation est la même pour tous les cadets, mais au début, on avait modifié le programme afin de tenir compte des capacités physiques des femmes, selon ce qu'a écrit la gendarme Barb Woods (maintenant Alexander) dans la Trimestrielle de la GRC en avril 1975, seulement un mois après qu'elle et 29 autres membres de la première troupe de femmes eurent obtenu leur diplôme de la Division Dépôt.

Le saviez-vous?

Lorsque les femmes de la troupe 17 ont commencé leur entraînement, les instructeurs craignaient que le balancement des hanches nuise à la précision des exercices militaires. Il s'est avéré que les femmes pouvaient être aussi précises que les hommes.

Toutefois, les femmes devaient relever un défi supplémentaire pour apprendre les mouvements précis et les enchaînements des exercices, ajoute Al Armstrong. Les instructeurs d'exercice se donnaient beaucoup de peine pour leur apprendre à marcher au pas sans qu'elles se déhanchent!

En classe, par contre, il n'y avait aucune différence. Karen Adams (née Somers) se rappelle particulièrement bien d'un instructeur qui, tellement intimidant la première journée, s'est révélé être son instructeur préféré lorsqu'elle a obtenu son diplôme le 3 mars 1975. « Il nous a enseigné que le métier de policier devait être pris très au sérieux et que si on ne le prenait pas au sérieux à la Division Dépôt, on n'avait pas notre place sur le terrain », explique-t-elle.

« Ils nous ont tous confrontées à la réalité, mais je ne crois pas qu'ils nous aient traitées différemment des hommes », ajoute-t-elle à partir d'Edmonton, à la retraite après 28 années de service à la GRC et 11 autres années à enseigner l'application de la loi à l'Université MacEwan.

Mais il y a une chose qui était propre à la troupe 17, quelque chose qu'aucune autre troupe n'a vécue : l'attention des médias.

La formation n'avait pas été vraiment modifiée pour les femmes.

« Nous voulions juste être traitées comme les autres, mais une équipe de journalistes arrivait au beau milieu d'un cours de tactiques de défense, se remémore Bev Busson en riant. Bien sûr, c'était dérangeant, mais nous essayions de rester concentrées et de relever les défis du jour. »

Les membres de la troupe sentaient assurément qu'elles devaient prouver qu'elles méritaient d'être à la Division Dépôt, ce qui les a amenées à nouer des liens très serrés, très rapidement. Si serrés en fait qu'elles se retrouvent tous les cinq ans depuis qu'elles ont prêté serment pour la première fois.

Les instructeurs et le personnel subissaient eux aussi de la pression car il fallait que cela fonctionne. « Nous essayions de nous adapter à une nouvelle réalité », explique Al Nicholson, avant d'ajouter que de nombreux autres services de police canadiens acceptaient des aspirantes policières depuis plusieurs dizaines d'années déjà.

En rétrospective, Al Nicholson est fier d'avoir vécu cet important chapitre de l'histoire de la GRC. Cette fierté se ressent lorsqu'on l'entend dire qu'il a suivi la progression des « filles » tout au long de leur carrière.

« Elles ont fait beaucoup d'efforts et ont fait du bon travail d'équipe. Elles formaient tout simplement une très bonne troupe », conclut-il.

Défoncer le plafond de verre depuis le plancher du détachement
Il faut bien admettre que les premières se font de plus en plus rares et qu'il reste peu de plafonds de verre à percer.

Ramper dans des buissons sans se faire détecter. Descendre en rappel le long d'un édifice avec son arme. Grimper le long d'un bateau en habit de plongée. Désamorcer un engin pendant le compte à rebours. Présider la destinée d'une association internationale d'analystes. Il y a trente ou quarante ans, une femme ne pouvait qu'en rêver, mais aujourd'hui, on ne parle plus de rêve

Par les temps qui courent, nous célébrons quarante années de réalisations féminines à la Gendarmerie, et il faut bien admettre que les premières se font de plus en plus rares et qu'il reste peu de plafonds de verre à percer, grâce aux efforts des pionnières d'hier et d'aujourd'hui qui ont ouvert la voie.

Tonita Murray, membre civile à la retraite, a été la première femme directrice générale (DG) du Collège canadien de police (CCP). Pour celle qui consacre sa retraite à défendre l'égalité homme-femme et la réforme de la police en Afghanistan et au Kenya, les six années passées à titre de DG ont été les plus stimulantes de sa carrière. « Aucun changement organisationnel ne s'est fait sans débats houleux, mais je savais que gérer le changement voulait dire remettre en cause le statu quo. »

Des propos reflétés par la plupart des femmes qui, les premières, ont percé certains groupes de la GRC dominés par des hommes - ou comme le dit l'inspectrice Ruth Roy, première femme recrutée dans une équipe de récupération sous-marine (ERSM) en Columbie-Britannique, « les derniers retranchements du club des boys ». L'inspectrice Roy, qui avait fait partie de l'équipe de plongeurs de la police de Ports Canada, suivi de la formation et fait de nombreuses sorties avec des plongeurs de la GRC, a peiné à se faire accepter par la gestion lorsqu'elle a postulé une place permanente à l'ERSMen 1991.

« Quand est venu le temps de me faire une place dans l'équipe, la gestion a multiplié les obstacles, » se rappelle l'inspectrice Roy. Mais connue de l'équipe qu'elle avait côtoyée, elle a fini par s'y tailler une place. L'histoire s'est répétée dans les groupes tactiques d'intervention (GTI), les groupes de l'enlèvement des explosifs (GEE) et divers autres domaines spécialisés qui n'attirent pas beaucoup de femmes.

La sergente Regan Douglas, première femme spécialiste en engins explosifs à la GRC.

Une réalité que s'emploie à changer la sergente Regan Douglas, première et seule femme spécialiste en engins explosifs à la GRC. Elle est devenue la première instructrice à plein temps de l'unité de formation aux explosifs au CCP. « J'espère qu'à côtoyer une instructrice, les recrues s'habitueront à travailler avec une femme au point de s'attendre naturellement à en trouver sur le terrain aussi. » La sergente Douglas essaie d'intéresser d'autres femmes à son domaine et en compte d'ailleurs une dans ses cours. Mais elle reconnaît que le milieu est compétitif et que les places sont limitées, au même titre que dans d'autres secteurs de spécialité. Il faut donc beaucoup de détermination.

»Il faut déjà du courage pour se présenter, » concède la sergente Douglas, qui peine encore à croire qu'on la paye pour faire sauter des trucs. « Pendant des mois, j'ai passé tout mon temps libre avec les gars de l'équipe CBRNE [chimique, biologique, radiologique, nucléaire, explosif], à apprendre les rudiments, à me faire remarquer. » Ç'a marché; la sergente Douglas a réussi le cours et obtenu un poste permanent dans l'équipe en 2009, aux côtés de gars fantastiques chez qui elle n'a senti aucune résistance.

La sergente Val Brooks travaille aussi à changer le visage de la police. À titre de première femme membre opérationnelle du GTI, de 2004 à 2008, elle parle souvent de son expérience à des recrues. Elle insiste beaucoup sur la nécessité de la confiance et du respect dans l'équipe, entre hommes et femmes. « Au GTI, tout est affaire d'équipe. La camaraderie et les liens qui se forment sont inouïs, et ils s'accompagnent d'une grande responsabilité, » explique-t-elle en pensant à ce milieu où la pression, le risque et les exigences physiques sont élevés. « Pour ma part, à ce jour, faire le GTI demeure ma plus grande réalisation personnelle et professionnelle. »

Première femme affectée à plein temps au GTI, l'inspectrice Rhonda Blackmore estime que l'essentiel est d'avoir des seuils dans les normes de formation et de certification. « Si les normes sont valides, peu importe que vous soyez homme ou femme, on choisira le meilleur candidat pour le poste. » Souvent appelée à parler de ses expériences et à donner son avis, elle dit aux policières que certes, le GTI est exigeant aux points de vue physique, mental et technique, mais les compétences qu'on y acquiert sont transposables à n'importe quel rôle et sont utiles à tout le monde.

Ancienne commissaire Bev Busson

Bien des femmes à la GRC se sentent la mission d'inspirer et d'encourager la relève. Et comme la membre civile Jennifer Johnstone, analyste de renseignements aux Crimes graves et Crime organisé en Colombie-Britannique, il faut aspirer non seulement à être la première femme, mais le premier citoyen canadien à faire sa marque dans son domaine à l'échelle internationale. Mme Johnstone a été nommée (pour un second mandat) présidente de l'International Association of Law Enforcement Intelligence Analysts (IALEIA), une première pour un Canadien. Forte de plus de 20 années d'expérience et ayant contribué à l'élaboration de la formation sur les fondements de l'analyse de renseignements qui se donne partout dans le monde, Mme Johnstone est vue comme une experte internationale en formation et en professionnalisme dans le domaine de l'analyse de renseignements. Ayant reçu l'appui entier de la GRC pour son engagement envers l'IALEIA, Mme Johnstone se dit très chanceuse d'avoir pu travailler avec des leaders formidables. « De mes voyages partout dans le monde, je retire que la GRC est un bon endroit où travailler. »

Les femmes à la GRC ont dressé à ce jour une longue liste de premières, mais surtout leur force tranquille leur a permis de surmonter les barrières d'attitude et de génération pour se faire une place aux côtés de leurs collègues masculins. On ne peut qu'imaginer les difficultés qu'ont connues les pionnières premières gendarmes dans un détachement, premières dans un Groupe antidrogue, premières maîtres de chien ou premières enquêtrices en délits commerciaux. Et si beaucoup de femmes de toutes les catégories ont frappé des obstacles, beaucoup ont aussi vécu des expériences gratifiantes.

Pionnière parmi les pionnières, la commissaire à la retraite Bev Busson a fait sauter le plafond de verre pour devenir la première et la seule femme commissaire. Quand on lui demande de quoi elle est le plus fière, Mme Busson répond : « que les membres aient accepté mon leadership à un moment où l'organisation vivait d'énormes pressions. Ça n'a rien à voir avec le fait d'être une femme. »

Hommage à nos policières décédées en service
Parmi les 249 policiers décédés en service inscrits au tableau d'honneur de la GRC se trouvent huit femmes qui ont fait le sacrifice ultime pendant qu'elles servaient et protégeaient les Canadiens.

Parmi les 249 policiers décédés en service inscrits au tableau d'honneur de la GRC se trouvent huit femmes qui ont fait le sacrifice ultime pendant qu'elles servaient et protégeaient les Canadiens.

Quatre d'entre elles sont décédées dans des collisions de la route, une a perdu la vie dans un écrasement d'avion, une a été tuée par un suspect qui fuyait les lieux d'une dispute familiale, une a été atteinte de coups de feu tirés par l'auteur d'une tuerie et une dernière a été poignardée par un assaillant. Tous les policiers connaissent les dangers auxquels ils s'exposent chaque fois qu'ils se présentent au travail : ils savent, lorsqu'ils disent au revoir à ceux qu'ils aiment, qu'ils pourraient très bien ne jamais les revoir. Mais ils continuent quand même de se présenter au travail chaque jour et de servir la population avec intégrité, dévouement et compassion.

Voici ces huit femmes - mères, épouses, filles, sœurs, amies et estimées collègues - qui nous ont ainsi quittés.

Gendarme Della Beyak

Décédée le 15 mars 1989

Della Beyak

Le 15 mars 1989, durant une violente tempête de neige, la gendarme Della Beyak se rendait sur les lieux d'une collision survenue près d'Assiniboia, en Saskatchewan. Aveuglée par les bourrasques de neige charriées par un camion de transport qui roulait lentement devant elle, elle s'est écartée de sa voie pour voir si elle pouvait tenter un dépassement lorsqu'elle a tragiquement heurté le véhicule du coroner qui venait de quitter les lieux de la collision. Une ambulance qui quittait aussi les lieux a par la suite embouti les deux véhicules par derrière.

La policière de 21 ans, passionnée de patinage artistique et de danse ukrainienne, ne comptait que neuf mois de service lors de son décès. Il s'agit de la première femme membre de la GRC à perdre la vie dans l'exercice de ses fonctions. Elle avait toujours voulu devenir policière et elle avait étudié la criminologie à l'Université du Manitoba.

Le coroner est également décédé dans la collision et le conducteur de l'ambulance a subi de graves blessures. La dépouille de la gendarme Beyak est inhumée à Winnipegosis, au Manitoba.

Gendarme spéciale Nancy Puttkemery

Décédée le 9 décembre 1989

Nancy Puttkemery

La gendarme spéciale Nancy Puttkemery, âgée de 34 ans, est décédée en faisant ce qu'elle aimait le plus au monde : en pilotant un avion. Première femme pilote à la GRC, elle réalisait son rêve de longue date en parcourant le ciel de l'Alberta et du Nord canadien à l'emploi du Service de l'air de la Division K.

Le 9 décembre 1989, le gendarme spécial Vincent Timms et elle revenaient à Edmonton à bord d'un Cessna 182 après avoir prêté assistance dans un dossier opérationnel à Calgary, lorsqu'ils ont été forcés de faire demi-tour en raison d'une tempête de neige qui gênait grandement la visibilité. Pendant que l'avion effectuait un virage à basse altitude, l'une de ses ailes a heurté un hauban et l'avion est tombé du ciel, tuant du coup ses deux occupants.

La gendarme spécial Puttkemery faisait partie des premières femmes à devenir policières à la Gendarmerie lorsqu'elle a débuté sa formation en décembre 1975. Elle a travaillé aux services généraux dans plusieurs détachements jusqu'en 1986, puis elle a renoncé à son statut de gendarme pour devenir gendarme spéciale et piloter un avion à la GRC. (À l'époque, le poste de pilote était réservé au statut civil de gendarme spécial.) Durant son affectation au Service de l'air, la gendarme spécial Puttkemery avait obtenu la certification pour piloter le Cessna 182, le Beaver, le Single Otter et le Twin Otter.

Gendarme Christine Diotte

Décédée le 12 mars 2002

Christine Diotte

Le 12 mars 2002, durant une tempête de neige, la gendarme Christine Diotte et le gendarme David Davis plaçaient des placards d'avertissement sur les lieux d'un capotage à l'ouest de Banff lorsqu'un conducteur a perdu la maîtrise de son véhicule sur la route glacée et les a frappés de plein fouet.

Deux médecins qui passaient par là ont intervenu pour stabiliser l'état des deux policiers avant qu'ils ne puissent être transportés à l'hôpital de Banff, où la gendarme Diotte est décédée. Son mari, lui aussi membre de la GRC, était à ses côtés. Le gendarme Davis a subi de graves blessures internes, mais il a survécu.

La gendarme Diotte, âgée de 35 ans à sa mort, avait toujours rêvé de joindre les rangs de la GRC. Elle a terminé sa formation en 1996 et a d'abord été affectée à Hinton (Alberta), où elle s'est rapidement intégrée à la collectivité, devenant bénévole auprès de l'unité locale des services aux victimes et enseignante au programme D.A.R.E. pendant ses temps libres.

Au moment de son décès, elle travaillait au Détachement de Banff et était l'agente de formation du gendarme Davis. Six jours seulement après le drame, le gendarme Davis s'est fait mener en ambulance de Calgary à Banff pour pouvoir assister aux funérailles de sa mentor. Vêtu de la tunique rouge et luttant contre une intense douleur, il s'est levé de son fauteuil roulant lors du passage de son cercueil pour la saluer une dernière fois.

Gendarme Robin Cameron

Décédée le 15 juillet 2006

Robin Cameron

Des milliers de personnes ont assisté aux funérailles télédiffusées de la gendarme Robin Cameron, abattue après une poursuite à grande vitesse, par un suspect dans une affaire de dispute conjugale. Le gendarme Marc Bourdages a aussi perdu la vie dans cet incident, survenu le 7 juillet 2006 près de Spiritwood, en Saskatchewan.

Les deux gendarmes sont décédés à l'hôpital des suites de leurs blessures, à un jour d'intervalle, dans cette tragédie qui a affligé la nation entière. À l'occasion des funérailles de la gendarme Cameron, qui s'est éteinte à 29 ans, une marée de tuniques rouges de la GRC et d'uniformes d'autres services d'urgence a déferlé dans la Première Nation Beardy's and Okemasis, où elle a grandi. L'école secondaire de la région porte maintenant son nom.

La GRC avait toujours fait partie de la vie de la gendarme Cameron. Son père et son oncle étaient tous les deux membres de la GRC, et elle savait dès son plus jeune âge qu'elle voulait l'être également. Son parcours n'a pas été sans obstacle, mais elle a su les franchir tous pour réaliser son rêve et joindre les rangs de la GRC en juillet 2001. Elle a d'abord été affectée à Beauval, en Saskatchewan, avant d'être transférée au Détachement de Spiritwood en 2003.

On a dit de la gendarme Cameron à ses funérailles qu'elle était une source d'inspiration, une personne qui vivait pleinement le moment présent et dont le sourire réchauffait les cœurs. Elle était un modèle pour les jeunes et aimait porter l'uniforme. Sa fille de 11 ans, Shayne, a écrit une lettre qui a été lue durant le service : « Ne t'en fait pas, maman, ça va aller. Je sais que tu seras toujours là pour moi. Tu seras là quand je vais recevoir mon diplôme et quand j'aurai mes enfants. Ma fille va s'appeler Robin, comme toi, et elle grandira en sachant que sa grand-mère était une héroïne. »

En 2009, le meurtrier a été reconnu coupable de deux chefs d'accusation de meurtre au premier degré et de tentative de meurtre d'une autre policière qui a également été atteinte par balles mais qui a survécu et qui a témoigné lors du procès. Il a été condamné à purger trois peines d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, soit la peine maximale pour chaque infraction.

Gendarme Chelsey Robinson

Décédée le 21 juin 2010

Chelsey Robinson

Le 21 juin 2010, vers 1 h, la gendarme Chelsey Robinson cherchait un conducteur aux facultés affaiblies lorsque son véhicule est entré en collision avec un camion de transport près de Stony Plain, en Alberta. Elle a été grièvement blessée et a succombée à ses blessures peu de temps après, devenant ainsi la cinquième femme membre de la GRC à perdre la vie dans l'exercice de ses fonctions.

Même si elle n'était policière que depuis sept mois, la gendarme Robinson, âgée de 25 ans, faisait partie de la GRC depuis déjà plusieurs années. Avant de commencer la formation des cadets à la Division Dépôt, elle a travaillé pendant presque deux ans à la Section de l'identité judiciaire d'Edmonton (Alberta) après avoir étudié la biologie judiciaire à l'Université de Toronto.

On se souvient d'elle, entre autres, comme d'une étudiante douée et d'une cadette exceptionnelle qui était toujours disposée à aider ses camarades et qui a apporté une grande contribution à son détachement.

Gendarme Sarah Anne Beckett

Décédée le 5 avril 2016

Sarah Anne Beckett

Tôt le matin le 5 avril 2016, la gendarme Sarah Anne Beckett était de service et effectuait des patrouilles dans le secteur de son détachement à bord d'un véhicule de police identifié. Un autre membre a voulu faire arrêter un véhicule, mais quand ce membre a activé l'équipement d'urgence, le conducteur a refusé de s'immobiliser et a brûlé le feu rouge à une intersection contrôlée. Au même moment, la voiture de Beckett, qui avait le droit de passage, s'engageait dans l'intersection. Le véhicule suspect a percuté celui de Beckett, la tuant instantanément. Le suspect a été reconnu coupable de conduite avec facultés affaiblies et de conduite dangereuse ayant causé la mort. Il a été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement assortie d'une interdiction de conduire pendant cinq ans après sa remise en liberté.

La gendarme Beckett a commencé sa formation à la Division Dépôt de la GRC le 7 septembre 2004 et elle est devenue membre régulière le 28 février 2005. Elle a d'abord été affectée au Détachement de Port McNeill, puis a plus tard travaillé au Détachement de Westshore et avec le Groupe intégré des crimes graves de l'île de Vancouver. Au moment de son décès, elle travaillait au Détachement de Westshore et comptait un peu plus de 11 ans de service comme membre régulière de la GRC.

Gendarme Heidi Jill Stevenson

Décédée le 19 avril 2020

Heidi Jill Stevenson

Au matin le dimanche le 19 avril 2020, la gendarme Heidi Stevenson a perdu la vie dans l'exercice de ses fonctions lorsqu'elle tentait d'arrêter un tireur en Nouvelle-Écosse. Avec bravoure et héroïsme, elle a fait feu sur le tireur avant que ce dernier l'abatte.

La gendarme Stevenson a obtenu un baccalauréat en sciences de l'Université Acadia en 1993. Pendant ses études, elle travaillait à temps partiel avec l'équipe de sécurité sur le campus universitaire. C'est là qu'est née sa passion pour le travail policier. La gendarme Stevenson aimait beaucoup la carrière qu'elle avait choisie. Lorsqu'elle a obtenu son diplôme de l'Université Acadia, elle savait que la prochaine étape de sa vie serait à la GRC. Elle a commencé sa formation à la Division Dépôt le 14 août 1995 et est devenue membre régulière le 26 février 1996. Sa première affectation a été dans le Détachement du comté d'Halifax, en Nouvelle-Écosse. Le 1er mai 2003, elle a été mutée au Carrousel, à Ottawa (Ontario). Le 28 juillet 2007, elle est retournée au Détachement du comté d'Halifax en Nouvelle-Écosse et, le 1er août 2017, elle a été mutée au Détachement d'Enfield (N.-É.), au sein duquel elle travaillait le jour de son décès. La gendarme Stevenson comptait 24 années et deux mois de service en tant que membre régulière de la GRC.

Gendarme Shaelyn Yang

Décédée le 18 octobre 2022

Shaelyn Yang

Le 18 octobre 2022, la gendarme Shaelyn Yang travaillait à servir et à protéger la ville de Burnaby en Colombie-Britannique lorsqu'elle a été tuée dans l'exercice de ses fonctions. Elle a été poignardée pendant qu'elle effectuait une vérification de bien-être auprès d'un individu de passage dans un camp de sans-abri.

La gendarme Yang a commencé sa formation à la Division Dépôt le 6 juin 2019. Elle est devenue membre régulière de la GRC le 2 décembre 2019 et a été affectée à Burnaby, en Colombie-Britannique. La gendarme Yang était une policière dévouée et une membre appréciée de l'équipe policière de services de proximité en santé mentale de la GRC à Burnaby. Elle a servi sa communauté avec bravoure et compassion et trouvait valorisant d'aider les autres, surtout ceux qui étaient aux prises avec l'itinérance, la dépendance et des troubles de santé mentale. La gendarme Yang aura cumulé deux années et dix mois de service en tant que membre régulière de la GRC.

Des familles qui ont le travail policier dans le sang
Les gendarmes Donna et Ron Morse ont été les premiers membres de la GRC à se marier en 1975.

La famille est à l'avant-plan pendant la période des Fêtes, et certes, les hommes et les femmes de la GRC, membres civils et réguliers, célébreront avec leur « famille de la GRC ». Mais pour certains, le lien de famille avec la GRC est beaucoup plus profond.

La GRC compte parmi ses rangs des hommes, des frères, des neveux et des petits-fils depuis des générations, mais après l'engagement des membres féminins en 1974, de nouveaux liens familiaux se sont rapidement tissés. L'arbre généalogique de la GRC, qui comptait d'abord des épouses, se compose maintenant de mères, de filles, de sœurs et de nièces.

La direction s'est vite retrouvée aux prises avec le premier mariage entre des membres de la GRC. Donna Morse (née Burns), membre de la première troupe de femmes, la troupe 17, a travaillé avec Ron Morse lors de sa première affectation à Port Alberni, en Colombie-Britannique « Je n'étais pas en quête d'un époux, mais bien d'une carrière », dit-elle en riant.

Donna et Ron se sont rencontrés, fréquentés et mariés avant la fin de la première année de service de Donna. Ils ont trois enfants, maintenant de jeunes adultes, dont un qui poursuit la tradition familiale à titre de répartitrice au 911 à Surrey (Colombie-Britannique). « Pour blaguer, on racontait à nos enfants qu'on s'était donné notre premier rendez-vous dans une salle d'autopsie », rigole Donna.

À l'époque, leurs superviseurs, eux, ne riaient pas. Moins de 24 heures après avoir annoncé leurs fiançailles au chef de détachement, un agent d'affectation de Victoria (Colombie-Britannique) arrivait pour trouver une solution à cette situation.

Le premier couple marié, mari et femme maintenant tous deux à la retraite, a vite été muté à Vancouver pour pouvoir être affecté à différents détachements.

Leur fille , Sandra Morse, 30 ans, ne rêvait pas de devenir policière. Ce n'est qu'après avoir suivi les conseils de sa mère et assisté à un exposé sur les carrières à la GRC qu'elle a décidé de poursuivre cette voie. Malheureusement, en raison d'une blessure au dos subie à la toute dernière étape du processus de demande d'emploi et d'un accident de la route survenu un peu plus tard, elle a dû mettre son rêve en veilleuse pour l'instant. Elle est devenue membre civile et travaille comme répartitrice au 911 à Surrey (Colombie-Britannique) depuis cinq ans.

« C'est ce qui se rapproche le plus de la patrouille dans les rues sans être policière, dit-elle après un quart de 12 heures. On a la chance de voir et de vivre toute l'action par l'entremise des membres. »

Pendant son enfance, Sandra a pu voir sa mère en fonction dans To Serve and Protect, une série télévisée hebdomadaire des années 1990 qui présentait des policiers de la GRC en action dans la région du Lower Mainland à Vancouver.

« C'était parfois épeurant de la regarder, mais aussi vraiment cool », ajoute Sandra, se rappelant une émission où sa mère s'était fait pousser par terre par un suspect qu'elle arrêtait. « Elle s'est relevée et a réussi à le rattraper. J'étais toujours très fière d'elle et ces situations me faisaient voir à quel point elle était forte. Le suspect n'avait aucune chance de s'échapper. »

Les gendarmes Bette Anne et John Ibbotson se sont mariés en 1983.

Il y a aussi une autre famille qui compte dans ses rangs quatre membres de la GRC, et bientôt un cinquième, qui lui a entamé le processus de demande d'emploi. Il s'agit de Bette Anne Ibbotson, qui est devenue gendarme en 1982 et a servi pendant douze ans, son époux l'inspecteur John Ibbotson, leur fille la gendarme Alexa Ibbotson et leur gendre le gendarme Jeff Hodgins, de même que le petit ami de leur autre fille qui est en voie de devenir membre de la GRC.

« On dirait qu'on les collectionne », plaisante Alexa du Détachement de Burnaby, où elle est affectée depuis la fin de sa formation à l'École de la GRC, à la Division Dépôt, en 2009.

L'histoire d'amour de Bette Anne et John Ibbotson a commencé à Regina, pendant leur formation en 1982. Bette Anne explique qu'au début, ils étaient affectés dans différentes provinces, elle en Colombie-Britannique, lui en Alberta. Après leur mariage en 1983, John a été muté en Colombie-Britannique pour leur permettre de travailler dans des détachements voisins.

Bette Anne a quitté la GRC en 1994 parce qu'elle trouvait difficile d'élever deux enfants alors qu'elle et son mari travaillaient par quarts. « Je devais quitter la maison dès qu'il franchissait la porte après son quart, explique-t-elle. Ce n'était vraiment pas évident de tout concilier. »

Elle s'est donc trouvé un poste de jour comme enquêteuse dans la section antifraude de la Société d'assurance publique de la Colombie-Britannique

Mais la GRC occupait et occupe encore une place importante dans sa vie. « Il y a nos proches qui travaillent à la GRC, mais aussi nos véritables amis qui sont d'anciens collègues et qu'on considère aussi comme de la famille », poursuit-elle. En fait, Donna et Ron Morse sont de grands amis et faisaient partie des membres de la famille élargie de la GRC présents au mariage d'Alexa et de Jeff.

« Ce sont nos amis de la GRC qui ont été là pour nous dans nos moments de joie et de souffrance. »

L'inspecteur John Ibbotson avec sa fille Alexa et son gendre Jeff Hodgins, tous les deux gendarmes.

Alexa, l'aînée de Bette Anne et de John, a fini par suivre les traces de ses parents, à la grande surprise de tous. Elle voulait devenir présentatrice de nouvelles et avait commencé à étudier le journalisme parlé au collège, mais, comme c'est souvent le cas quand on fait partie d'une « famille de membres de la GRC », son père a été muté à l'autre bout du pays, de Vancouver à Toronto.

Alexa, qui n'avait pas encore 20 ans, a suivi ses parents et s'est inscrite à l'Université York, où elle a commencé à prendre des cours de criminologie qui lui ont plu. « Je me suis rendue compte que mes parents avaient eu une bonne idée », dit-elle en riant.

Donc en cette période du temps des fêtes, célébrez avec les personnes qui vous sont les plus chères. Pour bien des membres de la GRC, policiers assermentés et employés civils, l'expression « amis et collègues » a une autre dimension, car ces gens font vraiment partie de leur famille!

Derrière tout bon membre se cache un employé civil dévoué
La gendarme spéciale Klondike Kate (Katherine Ryan, en compagnie de ses trois neveux) a joint les rangs de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1900.

Souvent oubliés, les employés civils dévoués de la GRC sont un rouage essentiel des réussites opérationnelles.

Même si leurs responsabilités ont évolué au fil des ans, les femmes ont joué un rôle important en coulisse dès les tout débuts, il y a plus d'un siècle, lorsque les premières geôlières ont été embauchées pour s'occuper des prisonnières dans les années 1890.

Katherine Ryan, mieux connue sous le nom de Klondike Kate, est l'une des femmes les plus légendaires à joindre les rangs de la Police à cheval du Nord-Ouest (PCN-O). Elle aurait d'abord travaillé avec la Police montée au moment de se rendre dans le Nord : elle avait offert de cuisiner pour les membres s'ils l'aidaient à transporter son année complète de provisions. Cet arrangement s'est avéré utile et au moment de s'établir au Yukon, Klondike Kate a été nommée gendarme spéciale en 1900 par la PCN-O pour surveiller les prisonnières et fouiller les trafiquantes d'or potentielles.

Les femmes ont continué de jouer un rôle déterminant en coulisse après le début des années 1900 : les membres travaillant (surtout) dans des communautés isolées au sein de services d'un ou deux membres se fiaient beaucoup à leurs épouses pour obtenir du soutien. Même si leur travail n'a jamais été officiellement reconnu à l'époque, les femmes appuyaient les opérations policières de diverses façons, notamment en répondant au téléphone, en prenant les plaintes, en fouillant les délinquantes et en préparant des repas pour les détenus. Bien des épouses ont ouvert leur foyer aux juges, aux médecins, aux infirmières et aux hauts dirigeants de l'organisation de passage dans la région, et les ont hébergés et nourris, tout s'occupant de leurs propres familles.

En 2013, la GRC a rendu hommage à 468 de ces femmes de partout au pays (pour certaines, de manière posthume) pour le soutien généreux qu'elles ont offert à leurs époux, à l'organisation et à leur pays. Inspirée par le livre When the Second Man Was a Woman, de Ruth Lee-Knight, Ivy-Anne Mitchell a proposé en 2010 au commissaire de l'époque William Elliott de créer un prix. Après d'innombrables heures de travail et beaucoup de démarches entreprises par l'Association des anciens de la GRC, le prix Second Man a été créé pour récompenser ces femmes et souligner leurs contributions, leur engagement et leur dévouement. Mesdames Lee-Knight et Mitchell en sont toutes deux récipiendaires.

Des employés municipaux, des membres civils et des employés de la fonction publique occupant divers rôles continuent de travailler sans relâche à l'appui des opérations policières. La fonctionnaire comptant le plus d'ancienneté à la GRC a récemment célébré 55 années de service, un nouveau jalon au sein de l'organisation.

Comme la GRC compte plus de 10 000 employés civils, il y a beaucoup trop de rôles à mettre en évidence, mais on mentionne rarement les postes de commis de détachement et d'opérateur de la Station de transmissions opérationnelles (STO). Les commis de détachement sont le cœur de chaque détachement, tandis que les opérateurs des STO sont la voix qui répond aux appels d'urgence - qu'il s'agisse d'appels concernant de fausses alarmes, des querelles de ménage, des appelants suicidaires ou des alertes à la bombe.

« Ce qui incite la plupart d'entre nous à se lancer dans cette carrière, c'est le désir d'aider les autres, précise Heather Lewis, gestionnaire de STO dans la Division D. C'est pour cette raison que j'ai passé toute ma carrière ici. »

Elle a commencé sa carrière à la GRC comme commise dans un détachement du sud du Manitoba, un milieu de travail bien différent en 1977. Mme Lewis répondait aux appels des citoyens et dépêchait les membres sur les lieux. « Nous nous servions de fiches papier pour tenir un registre des individus accusés d'infractions », se rappelle-t-elle. L'information était notée à l'encre sur papier - rien n'était enregistré sur support électronique.

Les commis de détachement assurent la permanence de la GRC dans chaque communauté. Contrairement aux membres réguliers qui sont souvent mutés après quelques années, les commis de détachement sont habituellement originaires des communautés où ils travaillent. Lorsqu'un poste s'est libéré à la STO de Thompson (Man.) en 1980, la décision de quitter son poste d'employée municipale pour devenir membre civile et de déménager dans le nord du Manitoba a été difficile à prendre pour Mme Lewis, mais elle ne pouvait pas laisser passer une telle occasion.

Les employés des Station de transmissions opérationnelles - de véritables partenaires qui restent en contact.

« Bien des choses ont changé depuis, mais la sécurité des membres demeure toujours une priorité. Nous avions des sabliers sur nos bureaux pour compter le temps après voir dépêché des policiers à la suite d'un appel », confie-t-elle. Après cinq minutes, les opérateurs communiquaient avec les membres pour s'assurer que tout allait bien. Bien sûr, de nos jours, tout est automatisé et fait de façon électronique, mais les opérateurs assurent toujours un suivi auprès des membres qui répondent à des appels et communiquent avec les unités de patrouille toutes les heures. Que les membres opérationnels soient sur le terrain ou à remplir des documents à leur bureau, ils peuvent compter sur les employés des STO - de véritables partenaires qui restent en contact et collaborent avec eux pour les appels.

« La plupart de nos nouvelles pratiques sont liées à la sécurité du policier, affirme Mme Lewis tout en précisant le rôle des opérateurs et les types de questions qu'ils doivent poser aux appelants. Nous fournissons aux policiers qui interviennent le plus d'information possible de sorte à répondre aux questions qui s'imposent (qui, quoi, où, comment et y a-t-il présence d'armes?) et nous veillons à effectuer toutes les recherches dans les bases de données avant de dépêcher les policiers sur les lieux. La sécurité du policier et du public est notre priorité. »

La formation à la STO a changé considérablement au cours des années. Auparavant, les opérateurs apprenaient « sur le tas » et ne suivaient pas de formation officielle. Lorsque Mme Lewis est devenue gestionnaire il y a six ans, elle a travaillé avec le coordonnateur de la formation de la STO pour élaborer une formation uniforme pour la prise et la répartition d'appels.

« Notre STO a collaboré avec d'autres stations dans la Région du Nord-Ouest afin d'adopter un programme de formation structuré en 2009 avant de contribuer à la création d'un programme national de formation des opérateurs des télécommunications qui est devenu obligatoire en 2014 », ajoute-t-elle.

« N'allez pas croire que c'est facile. Nous répondons à des appels difficiles et nous devons garder notre sang-froid et nous assurer d'accomplir notre travail », indique cette ancienne de la STO à qui le port du casque téléphonique et les échanges avec les partenaires opérationnels manquent. « Il y a des jours où j'ai envie de répondre aux appels, mais j'adore mon emploi actuel et pouvoir parler du travail incroyable qu'effectue cette équipe merveilleuse. »

Mme Lewis conclut en nous disant que peu importe les fonctions ou le rôle qu'on remplit, une carrière exceptionnelle nous attend si on travaille à la GRC.

Sur le chemin de l'inclusion
La gendarme Lory Kerr salue la foule lors du défilé de la fierté gaie de Toronto 2014

Devenir une « organisation inclusive » exige un virage fondamental pour faire évoluer les mentalités, la culture, les styles de leadership et les façons de résoudre les problèmes - tous des éléments cruciaux.

C'est la voie dans laquelle s'est engagée la GRC, en prenant appui sur les succès obtenus et les leçons apprises au fil de ses démarches pour promouvoir un milieu de travail plus diversifié et empreint de respect.

Nous avons, ces derniers mois, souligné le 40e anniversaire de la première troupe de membres régulières et célébré l'apport de toutes les femmes qui ont exercé dans les rangs du corps policier national des fonctions policières ou civiles au service des Canadiens depuis plus d'un siècle.

La GRC souhaite dorénavant aller au-delà de la simple conformité aux obligations légales en matière de diversité pour miser plutôt sur l'inclusion, qui consiste à créer un milieu de travail où les employés se sentent valorisés et respectés et où ils sont en mesure de réaliser leur plein potentiel, quels que soient leur sexe, leur origine ethnique, leur orientation sexuelle, leur âge, leurs déficiences ou leurs autres caractéristiques personnelles.

« Nous devons prendre soin de notre personnel en lui offrant un milieu de travail dynamique et fondé sur le respect, où règne un esprit de collaboration. La création d'un tel milieu exige un leadership à tous les échelons de la hiérarchie », affirme le commissaire Bob Paulson.

« Quand chaque employé aura le sentiment qu'il a sa place dans l'organisation, qu'il est respecté, que ses contributions sont valorisées et que son individualité est considérée comme un atout, nous saurons que nous avons atteint notre objectif. »

La page Web spéciale consacrée au 40e anniversaire de la présence de policières au sein de la GRC a fait connaître l'histoire de beaucoup de femmes. Certaines faisaient partie de la troupe 17 et figuraient au nombre des premières policières assermentées par la GRC le 16 septembre 1974; d'autres ont fait œuvre de pionnières dans une discipline spécialisée, par exemple aux laboratoires; d'autres encore ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions.

Cette page a porté un regard sur les conditions que les femmes devaient affronter autrefois dans les rangs de la GRC. À l'approche de l'anniversaire du 3 mars 1975, date de la promotion de la première troupe féminine, le moment est venu de tourner ce regard vers l'avenir.

« La capacité à faire intervenir une multiplicité de perspectives offre un atout opérationnel indéniable, vu la créativité et l'esprit d'innovation dont il faut faire preuve pour être un corps policier d'avant-garde, tant dans nos relations avec les collectivités que nous servons que dans nos initiatives à l'appui d'un milieu de travail inclusif et empreint de respect », estime Janet Henstock, gestionnaire de Diversité et Équité en matière d'emploi.

Des progrès notables s'accomplissent d'ailleurs en ce sens. L'organisation compte cinq comités consultatifs nationaux qui servent de cadre pour cerner les problèmes et offrir conseils et recommandations à la haute direction sur diverses questions, dont les formations de sensibilisation, les modifications à apporter aux politiques ou les autres moyens d'améliorer l'inclusion en milieu de travail. Avec l'équipe de Janet Henstock et les comités divisionnaires sur la diversité, ces comités nationaux contribuent de façon importante à faire de la GRC une organisation inclusive et respectueuse du bagage personnel, de la religion, du sexe, de l'origine ethnique et de l'orientation sexuelle de chacun.

Ces comités défendent les intérêts des femmes, des minorités visibles, des personnes handicapées, des Autochtones ainsi que des gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres (GLBT).

Le dernier-né de ces comités, celui qui représente les GLBT, a été mis sur pied en 2014 sous la présidence de la sous-commissaire Marianne Ryan, la première membre ouvertement lesbienne de la GRC qui ait atteint ce grade, inférieur seulement à celui de commissaire. Selon Jean Turner, membre du comité et spécialiste civile des communications de la Division O (Ontario), la création de ce comité représente pour la GRC un énorme pas vers l'inclusion.

« Dans la population canadienne, cinq ou six pour cent des gens disent faire partie de la communauté des GLBT. La proportion est donc probablement semblable au sein de la GRC, souligne-t-elle. L'organisation ne souhaite pas ostraciser six pour cent de son effectif. »

L'un des premiers objectifs du comité est de faire participer des policiers en tunique rouge aux défilés de la fierté gaie qui s'organisent un peu partout au pays. Cette année, des membres réguliers ont pris part aux défilés tenus à Toronto, Ottawa, Vancouver et Halifax ainsi que dans d'autres grandes villes, profitant de l'occasion pour faire du recrutement.

« Participer aux défilés de la fierté gaie envoie un message clair, non seulement à la population que nous servons, mais aussi à notre personnel, comme quoi nous offrons un milieu inclusif où les GLBT sont acceptés. »

Jean Turner était mariée à un homme depuis 10 ans et avait deux enfants quand elle a pris conscience de son homosexualité et accepté son état. C'était en 2009. Petit à petit, elle s'en est ouverte à des amis et à certains collègues, mais la démarche n'a certainement pas été facile.

« Il est vraiment pénible de sortir du placard quand on travaille dans le milieu policier, même si l'on est civil », constate-t-elle.

Le Canada a beau être considéré comme l'un des pays les plus progressistes au monde en ce qui concerne les droits des GLBT, Jean Turner croit que bien des policiers qui appartiennent à cette communauté mènent toujours une double vie.

« Si l'on veut favoriser un milieu de travail sain pour tous, on ne peut pas laisser des employés sentir qu'ils doivent cacher un grand pan de leur vie.

« Je pense toutefois que les choses sont en train de changer. »

La caporale Christine Hobin, coordonnatrice de la diversité à la Division H (Nouvelle-Écosse)

La caporale Christine Hobin, coordonnatrice de la diversité à la Division H (Nouvelle-Écosse), siège au Comité consultatif national sur les minorités visibles. À son avis, il n'est pas seulement souhaitable, mais essentiel que l'organisation reflète les collectivités qu'elle sert.

« Pour nouer des relations avec les gens, il faut comprendre ce qu'ils vivent », explique cette petite-fille d'esclaves de la Virginie qui ont emprunté le chemin de fer clandestin pour venir s'installer au Canada.

« La diversité assure une pluralité de vues qui est essentielle à notre efficacité comme service de police. »

Au Canada, la transition vers l'inclusion gagne en popularité tant au privé que dans le secteur public, y compris dans le milieu policier, selon Janet Henstock.

Les services de police qui ont embrassé le principe de l'inclusion ont obtenu des résultats opérationnels favorables, dont une amélioration des statistiques sur la criminalité et une augmentation de la collaboration, de la confiance et de la satisfaction de la communauté. À l'interne, les retombées sont également positives : fidélisation accrue, optimisation des ressources humaines et amélioration du moral et de la motivation des employés.

Jean Turner estime que pour améliorer nos façons de faire et fournir un service novateur qui correspond aux besoins de la communauté, il est crucial de tenir compte de perspectives diverses.

« Plusieurs têtes valent mieux qu'une », résume-t-elle.

Témoignages des champions des comités sur la diversité

Tous les employés contribuent de façon vitale à l'application des principes de la diversité et de l'inclusion en milieu de travail. En tant que champion du Comité consultatif national à l'intention des personnes handicapées, je suis persuadé qu'ensemble, nous continuerons à créer et à soutenir des milieux de travail inclusifs, qui sont empreints de respect et où l'égalité est valorisée. La GRC a travaillé avec diligence à défendre les droits et la dignité des personnes handicapées, et elle continuera à le faire.

Commissaire adjoint Stephen White, champion du Comité consultatif national à l'intention des personnes handicapées

En offrant un milieu de travail sûr, sain et empreint de respect à tous les groupes désignés, nous devenons une organisation plus forte, plus inclusive et plus digne de confiance. Nos employés GLBT ont tous à cœur d'apporter une contribution utile à la réalisation du mandat de sécurité publique de la GRC - et cette contribution, nous en recevrons le centuple du moment que nous irons au-delà du soutien pour célébrer la diversité dans nos rangs.

Sous-commissaire Marianne Ryan, championne du Comité consultatif national des GLBT

L'établissement d'un milieu de travail qui valorise la diversité et encourage l'inclusion envoie un message clair à tous les employés et à la population, comme quoi la GRC est une organisation où les employés se sentent inclus, valorisés et respectés, ce qui améliore leur participation, leur productivité et leur moral.

Surintendant principal Craig Gibson, champion du Comité consultatif national sur les minorités visibles

Nous reconnaissons l'importance cruciale de la diversité et de l'inclusion pour l'amélioration de notre efficacité et l'exécution de la mission organisationnelle d'assurer la sécurité et le bien-être de tous les Canadiens. Dans cette optique, nous célébrerons véritablement les diverses perspectives singulières de nos employés autochtones, métis et inuits, qui continuent à jouer un rôle clé dans le renforcement de notre organisation. Il nous incombe à tous de favoriser la diversité et l'inclusion

Commissaire adjoint Kevin Brosseau, champion du Conseil des employés autochtones de la GRC

La GRC facilitera la pleine participation des employées féminines dans l'organisation en faisant la promotion d'un milieu respectueux et en gardant toujours l'œil sur la représentation des sexes dans tous les secteurs de la police. Nous continuerons d'éliminer ou de modifier les normes physiques et les politiques qui ne reposent pas sur des besoins opérationnels justifiés. L'inclusion bénéficiera encore d'autres initiatives, comme celle du commissaire qui veut augmenter le pourcentage des postes de policiers assermentés confiés à des femmes à plus de 30 % d'ici 2025.

Sous-commissaire Janice Armstrong, championne du Comité consultatif national des femmes
Merci aux pionnières
Jennifer George est une gendarme qui compte onze années de service et qui travaille présentement au Détachement de Toronto Ouest, en Ontario. Elle tenait à remercier toutes les femmes qui ont revêtu la tunique rouge et ouvert la voie à des femmes comme elle.

Difficile de croire que les femmes peuvent être policières à la GRC depuis 40 ans seulement. Lorsque j'ai fait mon entrée dans l'organisation il y a onze ans, je considérais la possibilité de poser ma candidature comme un droit qui revenait aux femmes comme aux hommes depuis toujours. À l'époque, j'avais la chance de ne pas savoir que ce n'était pas le cas. J'ai le privilège de travailler à la GRC à un moment où les policières sont actives et respectées. Et j'ai l'honneur de pouvoir remercier les femmes qui ont défriché la voie pour moi et pour les autres policières à la GRC.

J'ai bien aimé lire les articles au www.grc.ca sur l'histoire de la présence des femmes à la GRC. Cela m'a permis de réfléchir au courage que devaient avoir ces femmes pour entreprendre un métier aussi exigeant et relever les défis associés à une carrière traditionnellement masculine. Plusieurs articles brossaient un tableau concret des difficultés et des embûches qui se sont dressées sur le chemin des policières de la GRC ces dernières décennies.

Je leur suis reconnaissante qu'elles se soient battues pour l'égalité au sein de l'organisation. Par exemple, dans les années 90, la Gendarmerie a décidé de faire porter aux femmes l'uniforme standard de la GRC plutôt que la poche et le tambourin, qui font sourire mais qui, dans les faits, n'étaient pas pratiques et faisaient ressortir le fait que les femmes étaient traitées différemment de leurs collègues masculins.

Je suis reconnaissante envers ces femmes qui m'ont précédée car elles ont été assez braves pour affronter la discrimination et prouver constamment que nous sommes qualifiées et capables de faire le même travail que les hommes policiers. C'est grâce à ces femmes extraordinaires, et à toutes celles qui ont suivi leurs traces, que les femmes remplissent des rôles très divers à la GRC de nos jours.

Les articles ne donnent qu'un aperçu des obstacles qui ont été éliminés. En tant que membre de la GRC, j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs femmes membres et de les écouter raconter leur parcours. Je suis reconnaissante d'avoir pu tirer des leçons de leurs expériences et bénéficier de leurs conseils, de leurs connaissances, de leur humour et de leur soutien.

Merci à toutes les femmes qui sont entrées à la GRC parmi les premières et aux hommes qui les ont accueillies et encouragées. Vous avez véritablement ouvert la voie aux femmes qui arrivent aujourd'hui dans une organisation plus ouverte. Grâce à votre détermination et à votre courage, vous avez éliminé des obstacles sur mon parcours et celui de toutes les femmes qui sont entrées à la GRC à votre suite.

Gendarme Jennifer George
Détachement de Toronto Ouest, Division O de la GRC

Des femmes en tunique rouge depuis 40 ans

En 2014, pour souligner le 40e anniversaire des membres régulières à la GRC, quelques membres de la Troupe 17, la première troupe féminine, et d'autres pionnières se sont réunies pour réfléchir à leurs débuts. La vidéo est à la fois inspirante et humoristique.

Des femmes en tunique rouge depuis 40 ans

Transcription - Des femmes en tunique rouge depuis 40 ans

Durée de la vidéo : 11:12 minutes

Cette vidéo présente des entrevues distinctes auprès de cinq femmes (trois qui faisaient partie de la première troupe de femmes et deux membres de longue date de la GRC) qui ont pavé la voie aux policières à la GRC. Elles nous parlent de leur carrière remarquable.

[La vidéo commence par un photomontage montrant les premières cadettes à l'École de la GRC, la Division Dépôt, entrecoupé de vidéos dans lesquelles chaque femme est interviewée. De la musique joue en arrière-plan.]

[Photos de membres de la troupe 17 en uniforme, dans une salle de classe et en train d'essayer des chapeaux]

Bev Busson : Quand ils ont dit qu'ils prenaient des femmes, c'est comme si la foudre était tombée. Je me suis dit : « C'est mon destin. Cela n'arrive pas pour rien. »

[Photo de membres de la troupe 17 en tenue civile sur les terrains de la Division Dépôt]

Karen Adams : Et je me souviens avoir demandé à mon père : « Papa, comment ça se fait qu'il n'y ait pas de femmes dans la GRC? » Il m'avait simplement regardé en disant : « Parce qu'il n'y en a pas. » Sans vraiment plus d'explication. Par ailleurs, s'étaient les années 70.

[Photo de la troupe 17 qui défile en uniforme de cérémonie sur les terrains de la Division Dépôt]

Cheryl Joyce : Et c'était comme si des poissons dans un bocal parce que n'importe où nous marchions ou défilions, les caméras nous suivaient, même quand nous essayions de prendre un repas. Et tout le monde attendait de voir si nous allions réussir ou non.

[Photo de membres de la troupe 17 attablées au mess et défilant dans la salle d'exercice]

Louise Lafrance : Je me souviens aussi, y'a certaines perquisitions où est-ce que j'entendais les gars dire : « Ah, on n'emmènera pas une fille là. Qu'est-ce qu'on va faire avec elle? On va être pogné avec elle. »

[Photo de membres de la troupe 17 en train de suivre une formation sur les armes à feu]

Line Carbonneau : Je pense que ce que les femmes ont amené dans l'organisation c'est une… une façon différente de penser, une façon différente de voir les choses, une approche complètement différente dans certaines situations.

[Photo officielle de la troupe 17]

TITRE : Des femmes en tunique rouge depuis 40 ans

TEXTE : Pour souligner le 40e anniversaire de l'arrivée de femmes en tunique rouge à la GRC, quelques membres de la troupe 17, la première troupe féminine, et d'autres pionnières se sont réunies pour réfléchir à leurs débuts.

[Images vidéo des cinq femmes interviewées qui sont assises dans un salon et discutent ensemble en regardant des photos du début de leur carrière]

TITRE : NOUS EMBAUCHONS!

Lafrance : [TEXTE : Comm. adj. Louise Lafrance, commandante, Division Dépôt

Il y avait un kiosque de la GRC puis je me souviens encore de ce membre-là, un homme, et puis je n'avais vraiment pas d'idées c'était quoi la GRC, mais cet homme-là avait tellement un charisme incroyable que quand je l'ai regardé je me suis dit : « Quand je vais être grande, c'est ça que je veux faire. »

Busson [TEXTE : Com. Bev Busson (à la retraite), GRC, Troupe 17, 1974] : Elle a dit : « Nous prenons les femmes à la GRC ». Le gars a dit : « Je viens d'entendre ça aux nouvelles ». Il avait l'air stupéfié, comme si c'était la fin du monde. Et puis il a dit rapidement : « Bon, qu'est-ce qu'on fait? » Il a ajouté : « Donne-lui un formulaire de demande. » C'était le jour 1.

[Portrait de Karen Adams en 1974]

Adams [TEXTE : Caporale Karen Adams (à la retraite), GRC, Troupe 17, 1974] : Quand j'y repense… j'avais 22 ans. J'étais très très naïve. Je n'avais jamais vu de policière sauf Ève dans la série Ironside. Je me suis dit : « Si elle est capable, moi aussi, bon sang! »

[Images vidéo des cinq femmes interviewées qui sont assises dans un salon et discutent ensemble en regardant des photos du début de leur carrière]

TITRE : LES DÉBUTS À LA DIVISION DÉPÔT

[Séquence vidéo en noir et blanc montrant des recrues qui défilent à la Division Dépôt, en 1975]

Joyce [TEXTE : Caporale Cheryl Joyce (à la retraite), GRC, Troupe 17, 1974]
J'étais émerveillée. Et j'étais excitée. J'avais tellement hâte de rencontrer les autres. »

[Photo de deux membres de la troupe 17 avec leurs bagages à leur arrivée à la Division Dépôt]

Busson : Une membre de l'Alberta, qui n'avait pas reçu la note sur l'interdiction de conduire son véhicule sur la base, surtout jusqu'à un dortoir, s'y était avancée et avait arrêté son véhicule. Prenant le sergent instructeur pour un genre de portier, elle lui a demandé de l'aider à décharger ses bagages. Les choses ne se sont pas bien passées. Il y a eu beaucoup de cris; nous avons couru à la fenêtre pour découvrir notre compagne, médusée, se faisant crier par la tête avec quelque chose à l'effet de : « Si tu ne peux pas entrer tes affaires toi-même, t'es mieux de retourner chez toi. » Nous avons pris ses bagages avant qu'elle ait le temps de changer d'idée et nous l'avons entraînée dans l'escalier. Nous n'allions pas la laisser partir.

[Photo d'un groupe de la troupe 17 en train de cirer leurs chaussures]

Lafrance : La camaraderie au niveau de la GRC est quelque chose de vraiment unique. On fait partie d'une grande famille, puis à partir du moment où les gens arrivent à Dépôt, on commence à penser de la GRC comme une famille, et comme on est proche ensemble.

[Photo de la troupe 17 en formation de manœuvre dans la salle d'exercice]

Busson : Nos uniformes ont été créés par la compagnie qui avait dessiné les uniformes des agentes de bord d'Air Canada. Vous imaginez qu'ils n'étaient pas très pratiques pour le travail policier.

[Photo de membres de la troupe 17 au moment où on leur remet leur uniforme, y compris leurs chaussures]

Joyce : Nos souliers avaient un talon d'environ un pouce et demi. Et évidemment, il fallait aller sur le terrain… Je suis un jour allée dans un secteur rural, où j'ai fait une poursuite à pied dans un champ labouré. Par la suite, je suis allée voir mon sergent d'état-major et je lui ai dit : « Vous savez, ces souliers ne conviennent pas du tout. Il faut régler ça. »

[Photo d'une membre de la troupe 17 au champ de tir]

Busson : Ils voulaient nous faire porter un pistolet dans une sacoche pour le travail opérationnel. Ça ne s'était jamais vu. Nos instructeurs à Dépôt nous ont dit que nous avions plus de chance de réussir à frapper des gens avec cette sacoche qu'à en sortir un pistolet.

[Plusieurs photos de membres de la troupe 17 : une policière au champ de tir, une policière et un membre du public à côté d'une voiture, des recrues soulevant des poids]

Carbonneau [TEXTE : Sous-commissaire Line Carbonneau (à la retraite), GRC, 1975] : Je ne peux pas dire que j'en garde de mauvais souvenirs. Ça été difficile, mais c'était correct, c'était correct. Ce n'était pas si pénible que ça au fond. Alors je me dis si nous on a passé au travers comme ça, l'avenir est excellent pour le futur de l'organisation.

[Images vidéo des cinq femmes interviewées qui sont assises dans un salon et discutent ensemble en regardant des photos du début de leur carrière]

TITRE : PREMIÈRES AFFECTATIONS

Adams : La secrétaire est venue au comptoir et a dit : « Oh! Puis-je vous aider? » J'ai répondu : « Bien sûr. Je m'appelle Karen Somers. Je suis la nouvelle membre. » Elle m'a regardée, elle avait l'air un peu troublé, et a dit : « O.K. O.K. O.K. Je vais chercher le chef de détachement. » J'ai dit : « O.K. », puis je suis restée plantée là très patiemment. Tout à coup, j'ai vu du coin de l'œil une série de têtes qui s'approchaient pour jeter un coup d'œil furtif, et qui semblaient dire : « Oh! C'est de ça qu'elle a l'air. »

[Images vidéo en noir et blanc filmées en 1975 et montrant une policière circulant dans une ville au volant d'une voiture de la GRC, puis sortant de l'immeuble d'un détachement et montant à bord d'un véhicule de police]

Joyce : Pendant ma première affectation à Stony Plain, nous devions patrouiller dans deux réserves et nous travaillions seuls. Je pense que je suis vite devenue très à l'aise parce que je savais que c'était la façon de travailler. Honnêtement, je n'ai jamais eu peur - peut-être un peu d'appréhension, mais je devais faire mon travail.

[Images vidéo en noir et blanc filmées en 1975 et montrant une policière circulant dans une ville au volant d'une voiture de la GRC]

Busson : Le sergent d'état-major m'a fait entrer dans le bureau et m'a dit : « Tu sais que tu fais ton premier quart de nuit ce soir !» J'ai dit : « Oui. » Il a continué : « As-tu peur? » J'ai répondu : « Non. Pas particulièrement. » Il a rétorqué : « Eh! Bien moi, oui. » Puis il m'a remis un coussin en disant : « Je veux que tu t'assoies là-dessus ce soir. » Je lui ai demandé : « Pourquoi? Je vois très bien à l'extérieur de l'auto-patrouille. » « Peut-être, m'a-t-il dit, mais tu auras l'air plus grande, et c'est important, parce que tu n'as pas l'air très grande dans l'auto-patrouille. Quand tu circuleras, si tu as l'air plus grande, les gens te feront moins la vie dure. »

Carbonneau : Quand je suis arrivée à Québec on m'attendait. Mais y'avait déjà quelqu'un qui avait passé. Il y avait une fille qui était là avant moi. Elle était dans un autre secteur. Moi j'étais affectée à la section douanes et accises. Et puis, on m'attendait mais ce qui est arrivé c'est qu'il y avait un gros gros projet en cours. Puis ce projet là a fait en sorte que j'ai été facilement intégrée avec le groupe. Parce qu'on faisait énormément de surveillance. On travaillait 24 heures par jour. Puis ça a duré comme deux mois. Donc, on a appris à se connaître beaucoup puis moi ça a facilité mon intégration et puis j'ai appris à connaître mes collègues de travail aussi. Puis même, il y en a qui s'en vantent encore, ils ont été beaucoup mes protecteurs. Alors je n'ai pas vraiment subi de choses majeures parce que j'avais confiance en ces gens-là. Eux avaient confiance en moi et puis on s'est bien intégré ensemble.

[Images vidéo des cinq femmes interviewées qui sont assises dans un salon et discutent ensemble en regardant des photos du début de leur carrière]

TITRE : OUVRIR LA VOIE

Joyce : Il n'a pas été difficile de nous faire accepter par la plupart des gars, mais il y en avait toujours un qui croyait que nous n'avions pas d'affaire là et qui ne voulait pas travailler avec des femmes. Ou il y avait des commentaires du genre : « Je veux parler à un vrai membre. »

[Images vidéo en noir et blanc filmées en 1975 et montrant une policière et un policier qui marchent sur un terrain de stationnement et montent à bord d'un véhicule de police]

Carbonneau : Je me souviens une fois où il y avait un gars qui m'a regardé et me dit : « Es-tu une femme police? » et bien je lui ai dit : « Oui, je suis les deux. Je suis une femme et je suis une police. »

Joyce : « Où est la femme police? Je veux que ce soit elle qui s'occupe de moi. » Je me rappelle, une nuit, j'étais à la maison et je dormais profondément. Une femme avait été arrêtée, et elle était bien décidée à ne pas se laisser amener en cellule avant que j'arrive. Je suis allée au poste - ça n'a pas pris de temps - et quand je suis arrivée, elle a dit : « Enfin! O.K. On peut y aller. »

[Séquence d'images vidéo en noir et blanc filmées en 1975 et montrant une policière qui sort d'un véhicule de police et entre dans un détachement, et deux policiers qui font une fouille sur le côté d'une maison]

Adams : Un jour, nous faisions une fouille à Winnipeg, et un gars a sorti par la porte en courant. Nous ne voulions pas qu'il sorte. Nous nous sommes mis à trois pour le rattraper et nous avons réussi à le maîtriser au sol. C'est moi qui lui ai passé les menottes, et mon partenaire a dit : « Karen, tu fais partie de l'organisation, tu fais partie de l'unité, et nous avons confiance en toi. » Ça a été un moment très important pour moi.

[Photo d'une membre de la troupe 17 en train de travailler dans un bureau de détachement]

Lafrance : Disons que c'était pas bien reçu initialement et puis même les épouses des policiers avaient fait une pétition pour essayer d'empêcher mon embauche là-bas et puis il y avait plusieurs choses qui se passaient de ce style-là et puis il a fallu…. j'ai adressé les femmes des policiers pour les rassurer que j'étais pour être là, que j'étais bien formée et mon but était vraiment de travailler et rien d'autre que les gens pouvaient s'imaginer.

[Images vidéo en noir et blanc filmées en 1975 et montrant deux policiers qui aident un homme à se relever]

Busson : Il a fallu quinze ans pour que les femmes aient le droit de porter l'uniforme que tous reconnaissent comme l'emblème de la Gendarmerie, avec le stetson et les bottes brunes à tige haute.

[Photos récentes en couleur montrant une policière portant la tunique rouge et des membres d'une troupe en tunique rouge dans la salle d'exercice]

Adams : Je me souviens que je suis rentrée à la maison. Mes filles étaient encore à l'école. Je me suis regardée dans le miroir, j'ai mis mon stetson, et je me suis mise à pleurer. C'était un très, très grand jour pour moi - avoir enfin la même apparence que nos collègues masculins.

[Séquence vidéo récente d'une policière qui répond à un appel]

Lafrance : Mais quand il y a une femme là souvent la personne qui est devant toi sent pas le besoin de te confronter physiquement parce qu'ils savent que évidemment si on a une confrontation physique, vraiment je parle d'une bataille, que les hommes sont généralement en avantage. C'est la réalité.

[Séquence vidéo récente d'une policière qui entre dans un commerce et parle à un membre du public]

Busson : Le milieu policier canadien a une tradition surtout axée sur la police communautaire, qui fait partie d'une solution plus large. Je crois que c'est pour ça qu'au Canada, nous appelons nos agents de police « agents de la paix » plutôt qu'agents d'application de la loi, parce que l'application de la loi, c'est ce qu'on fait quand rien d'autre ne fonctionne.

[Séquence vidéo récente d'une policière qui interagit avec un groupe d'enfants devant une école]

Lafrance : Aujourd'hui, la compassion c'est une de nos valeurs fondamentales à la GRC, une de nos six valeurs fondamentales. Je suis convaincue que c'est l'arrivée des femmes et puis des premières femmes, je ne parle même pas de moi dix ans plus tard, des premières femmes à la GRC qui a fait changer cette attitude-là envers la façon, l'approche envers les gens.

[Photo de membres de la troupe 17 lors de retrouvailles portant un t-shirt sur lequel il est inscrit « We're still number 1 » [Pionnières et fières de l'être]]

Carbonneau : Et finalement c'est resté. C'est encore ancré au sein de la division et le commandant actuel a poursuivi ce que j'avais commencé. C'est valorisant de voir ce que t'as essayé de mettre en place, ce que t'as débuté, finalement abouti à quelque chose et que ça se poursuit. Je retourne régulièrement au bureau parce que maintenant je suis présidente de l'Association de retraités et puis des fois j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment quittée.

[Photo de membres de la troupe 17 lors de retrouvailles et montage de photos récentes de policières de la GRC]

Adams : Aujourd'hui, tout est possible pour les femmes, alors que c'était impensable il y a 40 ans. Et pour moi, ça c'est très excitant pour la prochaine génération de femmes dans la GRC.

[Dernière image, qui montre une policière en tunique rouge]

Gendarmerie royale du Canada / Royal Canadian Mounted Police
© Sa Majesté la Reine du Canada représentée par la Gendarmerie royale du Canada, 2015

Mot-symbole du Canada

Date de modification :