Des membres de la GRC reçoivent de la formation de la Gendarmerie nationale française en matière de maintien de l'ordre public
Par Mara Shaw

Opérations
Des policiers participent à des simulations au centre de formation de la Gendarmerie nationale dans le département de la Dordogne, en France.
Image par Centre de formation national pour les forces de gendarmerie
8 août 2024
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La situation des manifestations change partout sur la planète. Les médias sociaux continuent de rivaliser avec les espaces publics traditionnels, et les influences étrangères peuvent avoir des effets plus importants que jamais. Compte tenu de la montée et de l'évolution des manifestations, le maintien de l'ordre public est une priorité toujours plus importante pour la police. Et pour garder une longueur d'avance sur les manifestants, les organisations policières des différents pays doivent coordonner leurs efforts et mettre leurs stratégies en commun.
La GRC, voulant renforcer ses capacités de maintien de l'ordre public, a misé sur la formation offerte par la Gendarmerie nationale française. Pour profiter de la vaste expérience de la France en matière de maintien et de rétablissement de l'ordre public, trois membres du Groupe du soutien tactique de la GRC à Ottawa se sont rendus en janvier 2024 dans la campagne du Sud Ouest de la France, à Saint Astier, afin de suivre une formation d'une durée de 11 jours au Centre National d'Entraînement des Forces de Gendarmerie. « On se rend compte que l'adversaire devient de plus en plus mobile et ultra-violent, avec des modes d'action très élaborés voire paramilitaires », explique le capitaine Frédéric Limorté, qui a participé à l'organisation de la formation et accueilli les policiers de la GRC.
« Nous parvenons à maîtriser certains phénomènes nouveaux que nos partenaires ne connaissent pas encore ou commencent à découvrir. En terme d'échanges, eux aussi confrontés de plus en plus à des situations inédites, nous proposent en retour des moyens de réponse différents, qui nous sont particulièrement utiles. »
Le groupe tactique, qui relève du Groupe national du maintien de l'ordre de la GRC, souhaitait élargir ses compétences et mieux connaître les mesures tactiques pour faire face à certains facteurs comme la mondialisation ou l'hyper-médiatisation. Le groupe s'efforce entre autres de comprendre comment les forces interviennent en situation de désordre public pour perfectionner et normaliser ses stratégies de préparation opérationnelle.
« Notre mandat ici à Ottawa est de soutenir les opérations de protection visant à maintenir l'ordre public », déclare le sergent Richard Bernard, coordonnateur des interventions critiques et membre du groupe tactique. « En tant que service de police national, nous devons uniformiser nos pratiques et assurer l'interopérabilité entre nos équipes. Lorsque nous sommes appelés à intervenir à l'extérieur de la région de la capitale nationale, il est important que nous puissions collaborer efficacement avec nos partenaires dans n'importe quelle division. »
Apprendre auprès d'experts
« C'est une crise nationale et profonde qu'il y a eu en France, en 1968, dit Limorté. Donc, beaucoup de manifestations, avec une sensibilité et une gravité qui étaient complètement inédites en France. Rapidement, la Gendarmerie a décidé de créer ce centre parce qu'elle s'est rendue compte que le maintien/rétablissement de l'ordre n'était pas qu'une doctrine mais un arbitre de la paix sociale sans lequel les libertés publiques ne seraient plus garanties. Ainsi, l'entraînement et le perfectionnement des unités de forces mobiles dans ce domaine devenaient essentiels. »
Pendant près de deux semaines, les policiers canadiens ont assisté à des cours théoriques sur les méthodes de production de renseignements et participé à des simulations d'opérations tactiques afin de faire directement l'expérience de crises qui pourraient perturber l'ordre public.
« La Gendarmerie nationale offre un programme de formation très solide et dispose d'installations sans pareil », ajoute le sergent Bernard. Les policiers ont pu étudier les stratégies méticuleuses de la police française afin de connaître les tactiques, les mécanismes de communication et la structure de commandement qui sont utilisés dans les situations de désordre public.
Prochaines étapes
À leur retour au Canada, les trois policiers ont présenté plusieurs notions et pratiques exemplaires au comité consultatif national sur les équipes anti-émeute, dont les membres se réunissent pour discuter des éléments nouveaux concernant l'ordre public, les opérations et la formation. L'un des trois policiers a déclaré ce qui suit : « J'ai fait un compte rendu de ce que nous avons vécu en France et nous avons l'intention de mettre ces pratiques à l'essai et d'envoyer nos commentaires aux divisions par l'intermédiaire du centre de décision ici à Ottawa. »
Alors que la population canadienne continue d'exercer son droit de manifester, le sergent Bernard souligne que les stratégies de maintien de l'ordre public doivent plus que jamais reposer sur la préparation opérationnelle. Les occasions de transfert de connaissances contribuent à accroître et à moderniser la capacité de la GRC en matière d'opérations de protection.
Le sergent Bernard espère que le groupe pourra envoyer en France d'autres membres de la GRC de niveau de commandement pour qu'ils suivent la formation : « Les mouvements de protestation ont une portée internationale. Ce qui se passe dans un pays finit par se répercuter au Canada. La police doit être prête et être capable d'analyser la conjoncture internationale afin de voir ce qui se profile à l'horizon dans le domaine des manifestations, qui est en constante évolution. »