Crimes et incidents motivés par la haine au Canada : Faits, tendances et informations pour les policiers de première ligne
Remarque
Les recherches et les données compilées pour ce répertoire sont à jour en date de septembre 2023 et ne tiennent pas compte de l’augmentation récente des crimes et incidents motivés par la haine qui se sont produits au Canada et dans le monde.
Le présent document a été rédigé par le secteur Réforme, reddition de comptes et culture, sous la direction de Sara Thompson, une experte reconnue en la matière et professeure de l’Université métropolitaine de Toronto, pendant qu’elle travaillait sous contrat avec la GRC. Ont également contribué au document des experts en la matière de la GRC et des membres du Groupe de travail national sur les crimes haineux, qui est coprésidé par la GRC et la Fondation canadienne des relations raciales.
Les données ont été compilées en 2023, et celles-ci seront examinées et mises à jour tous les trimestres. Pour toute question, demande d’information ou rétroaction sur le document, veuillez communiquer avec nous par courriel à l’adresse : hcrepositorydepotdinformationsurlesch@rcmp-grc.gc.ca.
Sur cette page
- Formats substituts
- Liste des acronymes et abréviations
- Liste des graphiques
- Le crime haineux : concepts et définitions
- Le crime haineux et le Code criminel du Canada
- Le crime haineux : schémas récents et tendances au fil du temps et dans l’espace
- Les victimes de crimes haineux : groupes ciblés
- Le crime haineux : caractéristiques des auteurs présumés
- Les groupes haineux au Canada
- Le discours haineux et la liberté d’expression au Canada
- Crimes et incidents haineux : signalement par les victimes et les communautés et raisons pour lesquelles c’est important
- Les répercussions de la haine sur les victimes, les communautés et la société
- La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire
- Le soutien aux victimes de crimes haineux : un aspect essentiel de l’intervention policière et types de soutien dont les victimes ont besoin et dont veulent les victimes
- La cyberhaine : fiche d’information
- Existe-t-il un lien entre le crime haineux et l’extrémisme violent?
- La prévention des crimes haineux : un complément important aux approches réactives, fondées sur l’application de la loi
- Remarques de fin
Formats substituts
Liste des acronymes et abréviations
- 2ELGBTQI+
- Deux Esprits, Lesbienne, Gai, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersexuels, Plus
- ADL
- Anti-Defamation League
- EVCI
- extrémisme violent à caractère idéologique
- EVCP
- extrémisme violent à caractère politique
- EVCR
- extrémisme violent à caractère religieux
- GRC
- Gendarmerie royale du Canada
- Incel
- célibataire involontaire
- SCRS
- Service canadien du renseignement de sécurité
Liste des graphiques
- Graphique 1 : Crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2009 à 2022
- Graphique 2 : Crimes haineux déclarés par la police au Canada selon la province ou le territoire de 2017 à 2020
- Graphique 3 : Crimes haineux déclarés par la police selon le type d'infraction, 2022
- Graphique 4 : Taux de crimes haineux violents et non violents déclarés par la police au Canada, 2015 à 2022
- Graphique 5 : Crimes haineux déclarés par la police ciblant la religion, 2015 à 2022
- Graphique 6 : Crimes haineux déclarés par la police selon la religion, 2015 à 2021
- Graphique 7 : Crimes haineux motivés par la race ou l’origine ethnique déclarés par la police, 2015 à 2022
- Graphique 8 : Crimes haineux motivés par l’orientation sexuelle déclarés par la police, 2015 à 2022
- Graphique 9 : Crimes haineux motivés par le sexe our le genre déclarés par la police, 2015 à 2022
- Graphique 10 : Âge médian des auteurs présumés de crimes haineux déclarés par la police selon le type de motif, 2016 à 2021
Le crime haineux : concepts et définitions
Qu’entend-on par crime motivé par la haine? note de bas1
« Crime motivé par la haine » est un terme juridique possédant un sens large qui englobe divers motifs, auteurs, victimes, comportements et méfaits. Comme on l’explique à la section Les victimes de crimes haineux : groupes ciblés ci-après, les recherches ont permis d’identifier des personnes et des groupes qui sont particulièrement susceptibles d’être victime d’un crime motivé par la haine, notamment les Peuples autochtones et les personnes ciblées en raison de leur couleur, de leur race, de leur religion, de leur origine nationale ou ethnique, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, ou leur incapacité mentale ou physique, ou de l’intersection de plus d’une de ces identités. note de bas2
Les crimes haineux touchent non seulement les victimes individuelles, mais aussi l’ensemble de la communauté. Les crimes haineux ont également des conséquences qui vont bien au-delà d’un incident précis et qui sont particulièrement préoccupantes, parce qu’ils :
- peuvent avoir des caractéristiques particulièrement violentes et agressives;
- causent des traumatismes aux victimes, aux membres de la famille et aux amis;
- peuvent faire craindre d’être la cible de crimes futurs;
- peuvent dégénérer et provoquer des représailles;
- peuvent favoriser l’agitation au sein d’une communauté;
- menacent les valeurs nationales de tolérance et d’inclusion.
Il convient de souligner que, bien que la haine puisse être un facteur de motivation dans ces types d’infractions, elle n’est souvent pas le seul facteur. Les recherches indiquent que les crimes haineux sont souvent motivés par de multiples facteurs, y compris l’ignorance, la peur, la colère et les griefs sociaux et politiques note de bas3, qui peuvent poser des défis juridiques liés à la détermination et la démonstration du motif haineux. Autrement dit, pour être reconnu coupable d’un crime motivé par la haine, il faut d’abord prouver au tribunal que l’infraction a été motivée entièrement ou en partie par la haine. Crimes et incidents motivés par la haine : Guide d’intervention initiale à la suite d’un crime ou d’un incident haineux pour le policier de première ligne (disponible sur demande : hcrepositorydepotdinformationsurlesch@rcmp-grc.gc.ca) fournit des informations et des exemples pour aider à établir la motivation haineuse.
Ressources additionnelles
Pour une courte vidéo d’information sur le moment où la haine devient criminelle, voir (en anglais seulement) :
Pour une analyse approfondie des défis actuels associés à la résolution des crimes haineux, voir (en anglais seulement) :
Qu’entend-on par incident motivé par la haine?
Les incidents motivés par la haine comportent les mêmes caractéristiques que les crimes haineux, mais ne satisfont pas aux critères établis pour des poursuites criminelles en vertu du Code criminel du Canada. Autrement dit, les incidents motivés par la haine sont des actes ou des comportements non criminels motivés par la haine envers une personne ou un groupe identifiable. Voici des exemples d’incidents motivés par la haine :
- Distribuer du matériel discriminatoire en personne ou l’afficher sur Internet;
- Intimider une personne sur les médias sociaux en raison de sa religion;
- Proférer des insultes racistes ou employer des épithètes racistes;
- Insulter quelqu’un en raison de son origine nationale ou ethnique;
- Faire des blagues offensantes sur la couleur de la peau ou l’orientation sexuelle d’une personne.
Bien que les incidents motivés par la haine n’entraînent pas le dépôt d’accusations criminelles, il est important que les policiers qui interviennent prennent néanmoins au sérieux l’incident et les répercussions et les préjudices causés aux personnes et à leurs collectivités, y compris leur potentiel de susciter une peur généralisée dans les collectivités touchées.
Intervenir rapidement, de façon compatissante et axée sur la victime, aide à atténuer les répercussions de la haine, à rassurer les victimes et l’ensemble de leur communauté, et à amorcer le processus de rétablissement.
Pour de plus amples renseignements sur la prestation d’une intervention axée sur la victime, voir : La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire.
Le crime haineux et le Code criminel du Canada
Aperçu des articles pertinents et des circonstances aggravantes générales prévues par la loi
Sur le plan juridique, les crimes haineux sont des affaires criminelles qui ont été motivées en tout ou en partie par la haine envers une personne ou groupe identifiable. Selon le paragraphe 318(4) du Code criminel du Canada, groupe identifiable s’entend de toute section du public qui se différencie des autres par la couleur, la race, la religion, l’origine nationale ou ethnique, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre ou la déficience mentale ou physique. En d’autres termes, tout acte criminel peut être considéré comme un crime motivé par la haine si la motivation sous-jacente peut être prouvée.
Le Code criminel comporte de nombreuses dispositions visant les crimes haineux :
- Encouragement au génocide [paragraphe 318(1)]; par exemple, une personne préconise ouvertement le génocide de toutes les personnes d’une communauté donnée.
- Incitation publique à la haine lorsqu’elle est susceptible d’entraîner une violation de la paix [paragraphe 319(1)]; lorsqu’une personne fait volontairement la promotion de la haine envers un groupe identifiable. Par exemple, un meneur de manifestation qui s’adresse à un groupe de personnes en disant : « Votre devoir est d’aller commettre des actes de violence à l’égard de [nom d’un groupe identifiable précis] », incite publiquement à la haine.
- Promotion délibérée de la haine [paragraphe 319(2)]; toute personne qui, en communiquant des déclarations autrement que dans le cadre d’une conversation privée, fomente délibérément la haine contre un groupe identifiable. La déclaration peut être prononcée, écrite ou enregistrée et peut inclure des gestes, des signes, des photographies et des dessins.
- Promotion délibérée de l’antisémitisme [paragraphe 319(2,1)]; par exemple, rédiger ou publier des articles antisémites qui font la promotion de récits de négation de l’Holocauste.
- Les infractions liées à la thérapie de conversion (articles 320.101 à 104 et paragraphe 273.3(1)); toute forme de traitement qui vise à modifier activement l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne.
- Méfait motivé par la haine à l’égard de biens religieux [paragraphe 430(4,1)]; par exemple, vandaliser un lieu de culte comme une église, une synagogue, un temple, un gurdwara ou une mosquée.
En plus de ces infractions, le sous-alinéa 718.2(a)(i) du Code criminel contient une disposition clé qui prévoit des peines plus sévères lorsqu’un délinquant est condamné pour une infraction criminelle s’il existe des preuves que l’infraction a été motivée, en tout ou en partie, par la haine.
Les articles pertinents du Code criminel du Canada pour chacune de ces infractions, ainsi que les circonstances aggravantes générales, prévues par la loi, sont reproduits ci-dessous.
Consentement du procureur général
Il existe des moyens procéduraux de poursuivre les crimes haineux; en vertu de l’article 319 du Code criminel du Canada, le consentement du procureur général (PG) de la province est requis pour deux des catégories de crimes haineux : fomenter volontairement la haine [paragraphe 319(2)]; et Encouragement au génocide [paragraphe 318(1)].
Dispositions législatives relatives aux crimes haineux au Canada
Encouragement au génocide
- 318(1)
- Quiconque préconise ou fomente le génocide est coupable d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans.
- 318(2)
-
Au présent paragraphe, génocide s’entend de l’un ou l’autre des actes suivants commis avec l’intention de détruire totalement ou partiellement un groupe identifiable, à savoir :
- le fait de tuer des membres du groupe;
- le fait de soumettre délibérément le groupe à des conditions de vie propres à entraîner sa destruction physique.
Incitation publique à la haine
- 319(1)
-
Quiconque, par la communication de déclarations en un endroit public, incite à la haine contre un groupe identifiable, lorsqu’une telle incitation est susceptible d’entraîner une violation de la paix, est coupable :
- soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Fomenter volontairement la haine
- 319.2
-
Quiconque, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomente volontairement la haine contre un groupe identifiable est coupable :
- soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Fomenter volontairement l’antisémitisme
- 319(2.1)
-
Quiconque, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomente volontairement l’antisémitisme en cautionnant, en niant ou en minimisant l’Holocauste est coupable :
- soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Infractions liées à la thérapie de conversion
- 320.102
-
Quiconque, sciemment, fait la promotion de la thérapie de conversion ou fait de la publicité de thérapie de conversion est coupable :
- soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Promotion ou publicité
- 320.103
-
Quiconque, sciemment, fait la promotion de la thérapie de conversion ou fait de la publicité de thérapie de conversion est coupable :
- soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Avantage matériel
- 320.104
-
Quiconque bénéficie d’un avantage matériel, notamment pécuniaire, qu’il sait provenir ou avoir été obtenu, directement ou indirectement, de la prestation de thérapies de conversion est coupable :
- soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Passage d’enfants à l’étranger aux fins de thérapie de conversion
- 273.3(1)(c)
-
Commet une infraction quiconque agit dans le but de faire passer à l’étranger une personne résidant habituellement au Canada et qui est âgée de moins de dix-huit ans, en vue de permettre la commission d’un acte qui, s’il était commis au Canada, constituerait une infraction, est coupable :
- soit d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Méfait : biens religieux, établissements d’enseignement
- 430(4.1)
-
Quiconque commet un méfait à l’égard d’un bien visé à l’un des alinéas (4.101)a) à d), si la perpétration du méfait est motivée par des préjugés, des préjugés ou de la haine fondés sur la couleur, la race, la religion, l’origine nationale ou ethnique, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre ou une déficience mentale ou physique :
- soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans;
- soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et passible d’un emprisonnement maximal de dix-huit mois.
Circonstances aggravantes générales prévues par la loi, sous-alinéa
- 718.2
-
- la peine devrait être adaptée aux circonstances aggravantes ou atténuantes liées à la perpétration de l’infraction ou à la situation du délinquant; sont notamment considérées comme des circonstances aggravantes des éléments de preuve établissant
- l’infraction est motivée par des préjugés ou de la haine fondés sur des facteurs tels que la race, l’origine nationale ou ethnique, la langue, la couleur, la religion, le sexe, l’âge, la déficience mentale ou physique, l’orientation sexuelle ou l’identité ou l’expression de genre.
- la peine devrait être adaptée aux circonstances aggravantes ou atténuantes liées à la perpétration de l’infraction ou à la situation du délinquant; sont notamment considérées comme des circonstances aggravantes des éléments de preuve établissant
Le crime haineux : schémas récents et tendances au fil du temps et dans l’espace
Remarque
Les recherches et les données compilées pour ce répertoire sont à jour en date de septembre 2023 et ne tiennent pas compte de l’augmentation récente des crimes et incidents motivés par la haine qui se sont produits au Canada et dans le monde.
Les crimes haineux sont en hausse au Canada
Comme l’illustre le graphique 1 ci-dessous, de 2009 à 2016, les niveaux de crimes haineux déclarés par la police au Canada ont connu de légères fluctuations d’une année à l’autre, suivies par des augmentations constantes et parfois marquées d’une année à l’autre note de bas 4.
La première hausse marquée des crimes haineux a commencé en 2016 et a coïncidé avec la montée de la politique populiste et de la rhétorique incendiaire à l’égard des groupes d’immigrants, de minorités raciales et de minorités religieuses. À la suite de légères baisses de 2017 à 2018, les crimes haineux au Canada ont recommencé à augmenter en 2018 2019, avec une deuxième hausse puis une hausse prononcée par la suite qui coïncidait avec le début de la pandémie de COVID-19. Plus précisément, il y a eu une augmentation de 72 % des crimes haineux déclarés par la police de 2019 à 2021 (en partie en raison d’une augmentation étonnante de 52 % entre mai et décembre 2020), suivie d’une augmentation supplémentaire de 7 % en 2022 note de bas 5. En 2022, la police canadienne a déclaré 3 576 crimes haineux, soit le plus grand nombre enregistré depuis que des données systématiques sont devenues disponibles en 2009 note de bas 6.
Graphique 1 : Crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2009 à 2022
Année | Nombre d'incidents |
---|---|
2009 | 1 482 |
2010 | 1 401 |
2011 | 1 332 |
2012 | 1 414 |
2013 | 1 167 |
2014 | 1 295 |
2015 | 1 362 |
2016 | 1 409 |
2017 | 2 073 |
2018 | 1 817 |
2019 | 1 951 |
2020 | 2 646 |
2021 | 3 355 |
2022 | 3 576 |
Provenant de: Jing Hui Wang et Greg Moreau. (2022). « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2020 » Juristat. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2022001/article/00005-fra.htm; Statistique Canada (2023). « Crimes haineux déclarés par la police, selon l’infraction la plus grave, Canada (certains services de police) » https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510006701&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101&request_locale=fr (consulté le 23 août 2023).
Les niveaux de crimes haineux varient-ils au fil du temps et dans l’espace?
Oui, bien que les niveaux globaux de crimes haineux déclarés par la police aient augmenté au Canada au cours des dernières années, il y a des variations distinctes au fil du temps et à l’échelle provinciale et territoriale. Comme le montre le graphique 2, des différences visibles peuvent être relevées dans le nombre de crimes haineux déclarés par la police dans chaque province ou territoire de 2017 à 2020 note de bas 7.
Graphique 2 : Crimes haineux déclarés par la police au Canada selon la province ou le territoire de 2017 à 2020
Province ou territoire | Incidents par année | |||
---|---|---|---|---|
2017 | 2018 | 2019 | 2020 | |
Terre-Neuve-et-Labrador | 2 | 3 | 6 | 8 |
Île-du-Prince-Édouard | 1 | 2 | 8 | 7 |
Nouvelle-Écosse | 21 | 33 | 32 | 55 |
Nouveau-Brunswick | 22 | 16 | 30 | 19 |
Québec | 489 | 453 | 399 | 485 |
Ontario | 1 023 | 762 | 848 | 1 164 |
Manitoba | 36 | 40 | 55 | 55 |
Saskatchewan | 20 | 30 | 33 | 53 |
Alberta | 192 | 207 | 207 | 291 |
Colombie-Britannique | 255 | 248 | 321 | 519 |
Yukon | 3 | 1 | 2 | 4 |
Territoires du Nord-Ouest | 5 | 1 | 6 | 4 |
Nunavut | 4 | 2 | 4 | 5 |
Provenant de: Jing Hui Wang et Greg Moreau (2022). « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2020 », Juristat, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2022001/article/00005-fra.htm; Statistique Canada (2023). « Les crimes haineux déclarés par la police, 2018 », https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/daily-quotidien/200226/dq200226a-fra.pdf?st=HceFbY0cHceFbY0c
Bien qu’il y ait une fluctuation d’une année à l’autre du nombre de crimes haineux déclarés par la police dans chaque province ou territoire, Terre-Neuve-et-Labrador, le Nunavut, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest ont généralement connu le plus faible nombre d’affaires de crimes haineux entre 2017 à 2020, tandis que la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec ont eu tendance à enregistrer des chiffres comparativement plus élevés. note de bas 7
Où les crimes haineux sont-ils commis le plus souvent?
Au Canada, de 2011 à 2020 :
- 33 % des crimes haineux violents déclarés par la police ont été commis dans un parc ou un champ;
- 26 % des crimes haineux violents déclarés par la police ont été commis dans une résidence;
- 18 % des crimes haineux violents déclarés par la police ont été commis dans une entreprise commerciale. note de bas 7
Au Canada, de 2011 à 2020 :
- 30 % des crimes haineux non violents déclarés par la police ont été commis dans un endroit dégagé;
- 24 % des crimes haineux non violents déclarés par la police ont été commis dans une résidence;
- 14 % des crimes haineux non violents déclarés par la police ont été commis dans un établissement d’enseignement;
- 13 % des crimes haineux non violents déclarés par la police ont été commis dans une entreprise commercial. note de bas 7
Enfin, un nombre croissant de crimes et d’incidents haineux sont commis en ligne. Par exemple, de 2018 à 2020, les crimes haineux déclarés par la police et classés comme étant de la « cyberhaine » ont augmenté, passant de 5,1 % de tous les crimes haineux déclarés en 2018 à 6,9 % en 2019 et à 7,1 % en 2020 (pour obtenir de plus amples renseignements sur la cyberhaine, voir la Fiche d’information sur la cyberhaine). note de bas 7 Comme pour les crimes haineux en général, il est important de savoir que ces chiffres sous-estiment le nombre réel d’incidents de cyberhaine, car la plupart des incidents ne sont jamais signalés. En effet, les enquêtes sur la victimisation qui interrogent les gens sur leurs expériences de cyberhaine laissent croire que la cyberhaine a augmenté de 600 % de novembre 2015 à novembre 2016, et 5 % des répondants à une enquête de 2022 ont déclaré être exposés régulièrement à la cyberhaine. note de bas 8
La nature de la victimisation liée aux crimes haineux
En 2022 :
- 53 % de tous les crimes haineux étaient non violents.
- Selon Statistique Canada, le méfait était le type de crime haineux non violent le plus fréquent, représentant 38 % (1 361) de tous les incidents. note de bas 9
- 46 % de tous les crimes haineux étaient violents.
- Selon Statistique Canada, les voies de fait de niveau 1 étaient le type de crime haineux violent le plus fréquent, représentant 14 % (504) de tous les incidents. note de bas 9
Comme le montre le graphique 3 ci-dessous, le méfait était la forme la plus courante de crime haineux signalé à la police en 2022, suivi des voies de fait de niveau 1 et des menaces. note de bas 9
Graphique 3 : Crimes haineux déclarés par la police selon le type d'infraction, 2022
Crimes haineux par type d’infractions | Nombre d'incidents |
---|---|
Homicide et autres infractions reliées | 23 |
Voies de fait graves (niveau 3) | 10 |
Voies de fait armées ou causant des lésions corporelles (niveau 2) | 230 |
Voies de fait simples (niveau 1) | 504 |
Total des vols qualifiés | 26 |
Harcèlement criminel | 191 |
Communications indécentes ou harcelantes | 131 |
Menaces | 450 |
Autres infractions avec violence | 80 |
Méfait | 1,361 |
Méfait motivé par la haine à l’égard d’une propriété utilisée par un groupe identifiable | 244 |
Autres infractions non violentes | 77 |
Incitation publique à la haine | 86 |
Autres Code Criminel | 152 |
Autres infractions | 11 |
Provenant de: Stastique Canada (2023). « Crimes haineux déclarés par la police, selon l’infraction la plus grave, Canada (certains services de police) », Statistique Canada, 27 juillet 2023, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510006701&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101&request_locale=fr.
Ces tendances sont constantes depuis quelques années. Comme le montre le graphique 4 ci dessous, bien que le nombre d’affaires de crimes haineux violents et non violents ait généralement augmenté de 2015 à 2022 (avec quelques légères fluctuations d’une année à l’autre), les crimes haineux non violents étaient plus prévalents. note de bas 9
Graphique 4 : Taux de crimes haineux violents et non violents déclarés par la police au Canada, 2015 à 2022
Année | Incidents par année | |
---|---|---|
Non-violent | Violent | |
2015 | 785 | 487 |
2016 | 756 | 603 |
2017 | 1 272 | 796 |
2018 | 1 019 | 798 |
2019 | 1 086 | 865 |
2020 | 1 496 | 1 150 |
2021 | 1 881 | 1 474 |
2022 | 1 931 | 1 645 |
Provenant de : Stastique Canada (2023). « Crimes haineux déclarés par la police, selon l’infraction la plus grave, Canada (certains services de police) », Statistique Canada, 27 juillet 2023, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510006701&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101&request_locale=fr.
Ressources additionnelles
Pour une infographie sur les crimes haineux déclarés par la police au Canada en 2021, voir :
Les victimes de crimes haineux : groupes ciblés
Certains segments de la population sont, de manière disproportionnée, plus susceptibles que d’autres d’être victimes de crimes et d’incidents motivés par la haine. Vous trouverez ci-après un aperçu des types de motifs de crimes haineux, des segments de la population les plus susceptibles d’être ciblés et des tendances récentes en matière de victimisation pour l’ensemble des types.
Crimes haineux selon le type de motif
De 2015 à 2022, le type de motivation de crime haineux le plus courant était la haine :
- de la race et l’origine ethnique (7 204 incidents, représentant 45 % des crimes haineux déclarés par la police);
- de la religion (4 455 incidents, représentant 28 % des crimes haineux déclarés par la police);
- de l’orientation sexuelle (1 653 incidents, représentant 10 % des crimes haineux déclarés par la police);
- du sexe et le genre (289 incidents, représentant 1,8 % des crimes haineux déclarés par la police);
- d'autres motifs (710 incidents, représentant 4,4 % des crimes haineux déclarés par la police; cette catégorie comprend la déficience mentale ou physique, la langue, l’âge et d’autres facteurs semblables, par exemple, la profession ou les croyances politiques).
Les sections suivantes montrent une ventilation des types de motifs de crimes haineux afin de mettre en évidence les tendances au fil du temps et les segments de la population qui sont victimisés de façon disproportionnée.
Crimes haineux ciblant la religion
Comme le montre le graphique 5, ci-dessous, les niveaux globaux de crimes haineux ciblant la religion déclarés par la police ont fluctué de 2015 à 2022, avec une tendance générale à la hausse ponctuée de pics prononcés en 2017 et en 2021, suivie d’une légère baisse en 2022. note de bas 10
Graphique 5 : Crimes haineux déclarés par la police ciblant la religion, 2015 à 2022
Année | Nombre d'incidents |
---|---|
2015 | 469 |
2016 | 460 |
2017 | 842 |
2018 | 657 |
2019 | 613 |
2020 | 530 |
2021 | 886 |
2022 | 750 |
Le graphique 6, ci-dessous, présente des données sur la victimisation des crimes de haine par type de religion entre 2015 et 2021. Pendant cette période, au Canada :
- la population juive a connu les niveaux les plus élevés de victimisation liée aux crimes haineux déclarés par la police (1 856 incidents ou 16 % de tous les crimes haineux déclarés à la police de 2017 à 2021);
- la population musulmane (925 incidents ou 7,8 % de tous les crimes haineux déclarés à la police de 2017 à 2021);
- la population catholique (332 incidents ou 2,8 % de tous les crimes haineux déclarés à la police de 2017 à 2021);
- les « Autres » religions (sikhs, hindous et bouddhistes, représentant 270 incidents ou 2,3 % de tous les crimes haineux déclarés à la police de 2017 à 2021);
- « Religion non précisée » (143 incidents ou 1,2 % des crimes haineux déclarés à la police de 2017 à 2021)footnote 11 .
Graphique 6 : Crimes haineux déclarés par la police selon la religion, 2015 à 2021
Religion | Nombre d'incidents | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | |
Juive | 178 | 221 | 360 | 372 | 306 | 321 | 487 |
Musulmane | 159 | 139 | 349 | 166 | 182 | 84 | 144 |
Catholique | 55 | 27 | 39 | 44 | 51 | 43 | 155 |
Sikhe/hindoue/bouddhiste | 41 | 37 | 57 | 52 | 57 | 40 | 64 |
Religion non précisée | 36 | 36 | 37 | 23 | 17 | 32 | 34 |
Provenant de : Statistique Canada (2023). « Nombre de crimes haineux déclarés par la police, selon la religion ciblée, Canada, 2018 à 2021 », https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230322/cg-a004-fra.htm; Statistique Canada (2023) Crimes haineux déclarés par la police, selon le type de motif, Canada (provinces choisies) », https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510006601&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101&request_locale=fr (consulté le 24 août 2023); Jing Hui Wang et Greg Moreau (2022) « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2020 » Juristat, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2022001/article/00005-fra.htm
Crimes haineux ciblant par la haine de la race ou l’origine ethnique
Le graphique 7 ci-dessous présente les données sur les crimes motivés par la haine de la race ou l’origine ethnique, déclarés par la police, de 2015 à 2022. Au cours de cette période, il y a eu une augmentation stupéfiante de 194 %, dont une partie est probablement liée à la polarisation sociale croissante créée par la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à la montée de la politique populiste, la xénophobie et la rhétorique raciste qui présente les membres des minorités raciales et religieuses comme des menaces à la sécurité communautaire et nationale.note de bas 12 En 2020 seulement, les crimes haineux motivés par la race ou l’origine ethnique représentaient 62 % de tous les crimes haineux signalés à la police au Canada. note de bas 13
Graphique 7 : Crimes haineux motivés par la race ou l’origine ethnique déclarés par la police, 2015 à 2022
Année | Nombre d'incidents |
---|---|
2015 | 641 |
2016 | 666 |
2017 | 878 |
2018 | 793 |
2019 | 884 |
2020 | 1 619 |
2021 | 1 745 |
2022 | 1 950 |
Sourced from: Statistics Canada (2023). “Police-reported hate crime, by type of motivation, Canada (selected provinces).”
De 2017 à 2021, la population noire du Canada a connu les plus hauts niveaux de victimisation liée aux crimes haineux déclarés par la police (2 279 cas représentant 19 % de tous les crimes haineux déclarés à la police), suivies par :
- la population d’Asie de l’Est ou du Sud-Est (756 incidents représentant 6,4 % de tous les crimes haineux déclarés à la police);
- la population d’Asie du Sud (531 incidents représentant 4,5 % de tous les crimes haineux déclarés à la police);
- la population arabe ou Asie occidentale (670 incidents représentant 5,7 % de tous les crimes haineux déclarés à la police);
- peuples autochtones (254 incidents représentant 2,1 % de tous les crimes haineux déclarés à la police);
- la population blanches (274 incidents représentant 2,3 % de tous les crimes haineux déclarés à la police);
- la population d’autres origines raciales ou ethniques (Amérique latine, Amérique du Sud et crimes haineux intersectionnels qui ciblent plus d’une race ou d’un groupe ethnique; ces crimes représentaient 891 incidents, ce qui représente 7,5 % de tous les crimes haineux déclarés à services de police). note de bas 13
Il est important de signaler que, bien que les niveaux globaux de victimisation liée aux crimes fondés sur la haine de la race ou de l’origine ethnique aient augmenté de 2017 à 2021, certains groupes raciaux et ethniques ont connu une augmentation particulièrement marquée de la victimisation liée aux crimes haineux, depuis 2019 jusqu’à la pandémie de COVID-19 au début de 2020.
Par exemple, les populations d’Asie de l’Est et du Sud-Est ont connu une augmentation de 293 % de 2019 à 2020. D’autres groupes raciaux et ethniques ont également connu des augmentations significatives au cours de la même période, notamment :
- peuples autochtones : +169 %;
- la population noire : +96 %;
- la population d’Asie du Sud : +67 %. note de bas 13 note de bas 14
Crime haineux ciblant l’orientation sexuelle
De 2015 à 2021, le nombre de crimes haineux motivés par la haine de l’orientation sexuelle qui sont déclarés par la police a augmenté de 150 %.note de bas 15 En 2020 seulement, les crimes ciblant l’orientation sexuelle représentaient 10 % du nombre total de crimes haineux déclarés par la police au Canada; comme le montre le graphique 8 ci-dessous, le nombre de ces incidents a continué d’augmenter depuis.note de bas 16
Graphique 8 : Crimes haineux motivés par l’orientation sexuelle déclarés par la police, 2015 à 2022
Année | Nombre d'incidents |
---|---|
2015 | 141 |
2016 | 176 |
2017 | 204 |
2018 | 186 |
2019 | 265 |
2020 | 268 |
2021 | 438 |
2022 | 491 |
Provenant de : Statistique Canada (2023). « Crimes haineux déclarés par la police, selon le type de motif, Canada (provinces choisies) », https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3510006601&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101&request_locale=fr
Les données sur les crimes motivés par la haine de l’orientation sexuelle et déclarés par la police, montrent qu’en 2021 :
- 77 % des crimes motivés par la haine de l’orientation sexuelle, qui sont déclarés par la police, ciblaient les lesbiennes et les gais;
- 11 % des crimes motivés par la haine de l’orientation sexuelle, qui sont déclarés par la police, ciblaient des personnes non hétérosexuelles, par exemple, des personnes pansexuelles et asexuelles;
- 2 % des crimes motivés par la haine de l’orientation sexuelle, qui sont déclarés par la police, ciblaient des personnes bisexuelles. note de bas 17
Les recherches montrent que les victimes de crimes motivés par la haine de l’orientation sexuelle :
- tendent à être des jeunes de sexe masculin; note de bas 17
- sont trois fois plus susceptibles que les autres victimes de haine d’être victimes de violence grave;
- subissent généralement des blessures plus graves (en raison de la nature plus violente de leurs expériences de victimisation).
Crime haineux ciblant le sexe ou le genre
Comme le montre le graphique 9 ci-dessous, les crimes haineux ciblant le sexe ou le genre ont augmenté de façon constante de 2015 à 2019, ont diminué légèrement en 2020, puis ont continué d’augmenter — de façon assez importante — par la suite. note de bas 18
Graphique 9 : Crimes haineux motivés par le sexe our le genre déclarés par la police, 2015 à 2022
Année | Nombre d'incidents |
---|---|
2015 | 12 |
2016 | 24 |
2017 | 32 |
2018 | 54 |
2019 | 56 |
2020 | 49 |
2021 | 60 |
2022 | 89 |
Provenant de : Statistique Canada (2023) « Crimes haineux déclarés par la police, selon le type de motif, Canada (provinces choisies) », https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=3510006601&cubeTimeFrame.startYear=2015&cubeTimeFrame.endYear=2022&referencePeriods=20150101%2C20220101
Il est essentiel de remarquer que, comme les crimes haineux ciblant l’orientation sexuelle, les crimes motivés par la haine du sexe ou du genre ont tendance à comporter de la violence (66 % des crimes motivés par le sexe ou le genre étaient violents). Ces crimes ciblent également de façon disproportionnée les filles et les femmes. note de bas 19 Cependant, ce ne sont pas toutes les filles et les femmes qui sont également à risque de faire l’objet de crimes haineux qui ciblent les personnes en raison de leur sexe ou de leur genre. Les filles et les femmes racialisées et appartenant à des minorités religieuses — notamment les filles et les femmes de communautés musulmanes et autochtones — ont tendance à connaître les niveaux les plus élevés de cette victimisation. note de bas 19
Pour plus d’information, voir : Dépliant infographique sur les victimes de crimes haineux en format PDF (FR-FINAL) (justice.gc.ca).
Ressources additionnelles
Pour un exemple d’étude de cas de crime haineux de violence faite aux gais (en anglais seulement) :
Pour une étude de cas d’un crime haineux violent motivé par la haine de l’expression et de l’identité de genre, voir (en anglais seulement) :
- https://www.theguardian.com/world/2023/jun/29/canada-stabbing-attack-university-waterloo-gender-issues-class; (en anglais seulement)
Les attaques d’extrême droite contre les communautés 2ELGBTQI+ se multiplient au Canada :
Pour obtenir un aperçu des groupes ciblés dans le contexte de la pandémie de COVID-19 (en anglais seulement) :
Le crime haineux : caractéristiques des auteurs présumés
Typologie des auteurs de crimes haineux
Les recherches ont permis de déterminer quatre types de délinquants qui commettent des crimes haineux : ceux qui sont en quête de sensations fortes, ceux qui réagissent, ceux qui exercent des représailles et ceux qui ont une mission. note de bas 20 Cette typologie peut aider les policiers et d’autres praticiens à comprendre les différentes motivations et caractéristiques des délinquants qui commettent les crimes haineux « habituels ». Il est important d’observer que les quatre types de délinquants décrits ci-dessous ne sont pas nécessairement mutuellement exclusifs; les lignes entre les catégories se chevauchent ou se brouillent parfois, et les auteurs présumés peuvent passer d’un type à l’autre au fil du temps.
Personne en quête de sensations fortes
- Jeunes, souvent des adolescents;
- Quelques motifs : sensations fortes, enthousiasme, en droit de se vanter;
- Le crime est souvent commis à l’extérieur du quartier du délinquant;
- La victime est choisie parmi une population vulnérable;
- Environ 60 % des incidents. note de bas 21
Personne réactive
- Souvent sans casier judiciaire;
- Quelques motifs : les menaces perçues à leurs modes de vie, à leurs privilèges, leurs droits, sa communauté et son lieu de travail;
- Le crime peut être commis dans le quartier du délinquant;
- La victime est sélectionnée parce qu’elle est perçue comme faisant partie des menaces ci-dessus;
- Environ 25 % des incidents. note de bas 21
Personne qui exerce des représailles
- Les motifs comprennent : la vengeance contre des membres innocents du groupe considéré comme responsable d’un crime motivé par la haine antérieur ou d’un acte de terrorisme/d’extrémisme violent; les victimes sont ciblées uniquement en raison de leur identité et comme une forme de châtiment vicariant;
- Peut impliquer un groupe des personnes délinquantes;
- Les représailles peuvent entraîner des stéréotypes, de la stigmatisation et des niveaux élevés de peur au sein des communautés touchées;
- Environ 10 % des incidents. note de bas 21
Personne en mission
- Le délinquant a des problèmes psychologiques;
- Personne qui a souvent un fort préjugé à l’égard d’une personne ou d’un groupe ciblé et qui a l’intention d’utiliser une violence extrême pour éliminer la menace perçue;
- Quelques motifs : perception d’un ordre supérieur, désir de représailles pour réparer l’injustice;
- Aucun déclencheur particulier;
- Le plus petit nombre d’incidents. note de bas 21
Caractéristiques des auteurs présumés
Les auteurs présumés de crimes haineux au Canada sont beaucoup plus susceptibles d’être des jeunes, des hommes, d’avoir eu des contacts antérieurs avec la police et d’avoir de nouveau des contacts avec la police dans les trois ans suivant l’accusation initiale de crime motivé par la haine. La section suivante présente des renseignements sur le sexe et l’âge des auteurs présumés de crime haineux au Canada au cours des dernières années; des données comparables sur les antécédents raciaux et ethniques des auteurs présumés ne sont pas accessibles au public.
Sexe
Les auteurs présumés de crimes haineux au Canada sont, de manière disproportionnée des hommes. note de bas 22 De 2018 à 2021, 86 % des suspects de crimes haineux au Canada étaient des hommes, tandis que 14 % des auteurs présumés de crimes haineux au Canada étaient des femmes. note de bas 22
Âge
De 2018 à 2021, l’âge médian des personnes accusées d’un crime motivé par ha haine est de 33 ans; 17 % des auteurs présumés étaient des jeunes de 12 à 17 ans. note de bas 23 L’âge médian des auteurs présumés a toutefois fluctué au cours des dernières années, passant de 31 ans en 2016 à 32 ans en 2018, à 35 ans en 2020, puis à 33 ans en 2021. note de bas 23 Il est important de remarquer que des différences apparaissent également dans l’âge médian des auteurs présumés de crimes haineux selon le groupe ciblé. Par exemple, comme l’illustre le graphique 10 ci-dessous, en 2020 :
- l’âge médian des auteurs présumés ciblant une ou des victimes en raison de la religion était de 42 ans;
- l’âge médian des auteurs présumés ciblant une ou des victimes en raison du race ou d’origine ethnique était de 36 ans;
- l’âge médian des auteurs présumés qui ciblaient une ou des victimes en raison de l’orientation sexuelle était de 23 ans. note de bas 23
Graphique 10 : Âge médian des auteurs présumés de crimes haineux déclarés par la police selon le type de motif, 2016 à 2021
Année | Âge | |||
---|---|---|---|---|
Moyenne total | Race ou l'origine ethnique | Religion | L'orientation sexuelle | |
2016 | 31 | 31 | 33 | 23 |
2017 | 33 | 29 | 42 | 27 |
2018 | 32,5 | 32 | 40 | 27,5 |
2019 | 35 | 36 | 38 | 26 |
2020 | 35 | 38 | 36 | 23 |
Provenant de : Jing Hui Wang et Greg Moreau. (2023) « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2020 » Juristat, 17 mars 2022, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2022001/article/00005-fra.htm
Les données sur l’âge moyen des personnes accusées d’un crime motivé par la haine ne sont pas accessibles au public pour ce qui est des crimes motivés par la haine ciblant la race/l’ethnicité, la religion et l’orientation sexuelle en 2021.
Autres facteurs particulièrement pertinents à prendre en compte par les services de police
-
L’Anti-Defamation League (ADL) a préparé une base de données consultable sur les symboles de haine pour aider à identifier les groupes haineux et d’établir les motivations haineuses. Hate Symbols Database (en anglais seulement).
Remarque : Il s’agit d’une ressource américaine qui peut inclure certains groupes qui ne sont pas actuellement actifs au Canada ou qui peut ne pas inclure des groupes qui sont actifs au pays. Les policiers qui souhaitent mieux comprendre les groupes haineux actifs dans la région relevant de leur compétence devraient donc communiquer avec le secteur de leur service qui héberge cette information.
- Les incidents motivés par la haine sont 54 % plus susceptibles que les autres crimes de comporter de la codélinquance. note de bas 24 De plus, dans le cas des crimes haineux impliquant plus d’un accusé, la victime est 26 % plus susceptible de subir des blessures graves. note de bas 24 Pour de plus amples renseignements sur les infractions de groupe, y compris les crimes haineux perpétrés par des membres de groupes haineux organisés, voir Les groupes haineux au Canada.
- De 2012 à 2018, des 2 872 auteurs présumés d’au moins un crime haineux, la moitié (49 %) avaient été auteurs présumés dans au moins un incident déclaré par la police (pas nécessairement liée à un crime haineux) au cours des trois années ayant précédé leur premier crime haineux. Parmi les personnes qui avaient déjà eu un contact avec la force policière, 32 % étaient des auteurs présumés dans un incident antérieur, 40 %, dans deux à cinq incidents antérieurs, et 28 % dans six incidents antérieurs ou plus. De tous les incidents antérieurs, un peu plus du quart (28 %) impliquait de la violence. 25
- De 2012 à 2018, plus de la moitié (54 %) des 2 872 auteurs présumés d’un crime haineux avaient eu un autre contact avec la force policière (pas nécessairement liée à un crime haineux) au cours des trois années qui ont suivi leur premier crime haineux. De ce nombre, 27 % avaient été des auteurs présumés dans un autre incident, 40 % dans deux à cinq autres incidents et 33 % dans six autres incidents ou plus. Parmi tous les autres incidents, 30 % impliquaient de la violence. note de bas 25
- De 2018 à 2021, un peu plus d’un crime haineux déclaré par la police sur cinq (22 %) a entraîné le dépôt d’accusations; la grande majorité des crimes haineux au cours de cette période (69 %) n’ont pas été classés parce que la police n’a pas identifié d’auteur présumé. La proportion restante (9 %) des crimes haineux ont été classés autrement que par des accusations, par exemple un avertissement, une mise en garde ou un renvoi à un programme communautaire ou le dépôt d’une demande de la victime pour qu’aucune autre mesure ne soit prise contre l’auteur présumé. note de bas 25 Il convient de souligner que les crimes haineux violents (38 %) étaient plus susceptibles d’entraîner le dépôt ou la recommandation d’accusations que les crimes haineux sans violence (9 %).
Les groupes haineux au Canada
Qu’entend-on par groupe haineux?
Le terme désigne une organisation ou un groupe de personnes dont les objectifs et les activités attaquent ou dénigrent un groupe entier de personnes en fonction de la couleur, de la race, de la religion, de l’origine nationale ou ethnique, de l’âge, du sexe, de l’orientation sexuelle, de l’identité ou de l’expression de genre ou d’une déficience mentale ou physique. La présence de membres racistes ou ayant d’autres préjugés au sein d’une organisation ou d’un groupe de grande envergure n’en fait pas un groupe haineux; pour être classifié comme tel, l’organisation ou le groupe lui-même doit être caractérisé par une orientation ou un but fondé sur la haine et en faire la promotion. De plus, l’organisation ou le groupe n’a pas besoin de se livrer à des activités criminelles pour être qualifié de groupe haineux; comme nous le verrons ci-dessous, certains groupes haineux découragent le recours à la violence pour faire avancer leurs objectifs et leurs croyances. note de bas 26
Combien y a-t-il de groupes haineux actifs au Canada?
Il est difficile d’estimer le nombre de groupes haineux actifs en raison de la nature souvent volatile des dirigeants et des membres de groupes haineux, qui « démarrent, se fracturent et se replient constamment » en raison de conflits internes. note de bas 27 De plus, certains groupes haineux fonctionnent sur le Web, d’autres comportent des interactions en personne et d’autres encore sont structurés selon une approche hybride en ligne et hors ligne. Enfin, alors que certains groupes haineux sont extrêmement organisés et ce, de façon hiérarchique, d’autres sont plus librement affiliés et fragmentés. Ensemble, ces facteurs rendent difficile le suivi du nombre de groupes haineux actifs au Canada.
Certains chercheurs ont toutefois tente d’estimer le nombre de groupes haineux au Canada, bien que les estimations varient. Selon certaines recherches, au milieu des années 2010, il y avait plus de 100 groupes haineux organisés actifs au Canada. note de bas 27 note de bas 28 En 2021, les estimations se situaient entre 70 et 100 et environ 300 groupes, bien que les écarts entre ces estimations plus récentes soient probablement et largement fonction des différences dans la façon dont les chercheurs dénombrent les groupes haineux. note de bas 29 Malgré ces différences, il semble y avoir un consensus selon lequel le nombre de groupes haineux au Canada a augmenté au cours des dernières années, probablement pour les motifs suivants :
- La montée de la politique populiste et la normalisation de la rhétorique politique raciste et incendiaire qui font porter le chapeau aux groupes racialisés et religieux minoritaires pour une foule de problèmes de sécurité communautaire et de sécurité nationale. Bon nombre des groupes stéréotypés par ce discours ont connu des hausses importantes de la victimisation liée aux crimes haineux. En d’autres termes, il a été démontré que les victimes de crimes haineux dans certains groupes de la population augmentent à la suite d’un discours incendiaire qui présente ces groupes comme des menaces à la sécurité communautaire et nationale. note de bas 30
- La frustration à l’égard de la pandémie de COVID-19 et des politiques gouvernementales connexes; l’attribution généralisée du blâme aux personnes d’origine asiatique a entraîné une augmentation des incidents de racisme, de discrimination et de violence à l’égard des personnes d’origine asiatique. Pour une analyse plus générale des répercussions de la pandémie sur les crimes haineux, voir : https://capitalcurrent.ca/how-canadas-far-right-is-surging-amid-the-pandemic/ (en anglais seulement).
- Les attaques contre des cibles à l’image de celles de l’EIIS en Amérique du Nord et en Europe ont inspiré des crimes haineux contre des membres de la communauté musulmane partout dans le monde. Les crimes haineux perpétrés en réponse à de telles attaques illustrent la relation qui existe parfois entre le crime haineux et l’extrémisme violent, les crimes haineux prenant la forme de rétribution indirecte contre des membres innocents de la communauté musulmane dans son ensemble. (Pour de plus amples renseignements, voir : Existe-t-il un lien entre le crime haineux et l’extrémisme violent?).
- Des crises successives de migrants et de réfugiés exposent les demandeurs d’asile et les migrants à diverses formes de violence et de harcèlement découlant de récits problématiques selon lesquels certains groupes de migrants et de réfugiés « fraudent le système d’asile », « drainent le système d’aide sociale », ou « volent des emplois canadiens ». note de bas 31
Ces événements et d’autres ont servi de catalyseur pour que des personnes ayant des visions du monde particulières se mobilisent contre ces menaces perçues et d’autres menaces. Internet a facilité l’établissement de ce genre de liens et a permis aux groupes haineux de diffuser instantanément de la propagande à un vaste public, de recruter de nouveaux membres et d’organiser des manifestations et d’autres activités de groupe.note de bas 32 C’est cette connectivité qui rend possible la communication transnationale entre les groupes haineux; les recherches montrent que les groupes haineux d’un pays peuvent apprendre des groupes d’autres pays et en inspirer, ce qui peut compliquer les efforts d’application de la loi du corps policier et des organismes partenaires.note de bas 33
Dans ce contexte plus large, les groupes haineux au Canada semblent avoir pris de l’ampleur et s’être multipliés. Le maintien de la culture et du patrimoine blancs « traditionnels » fait partie des objectifs fondamentaux de ces groupes dont l’idéologie est généralement celle de la suprématie blanche et dont les croyances sont très diverses, y compris un sentiment antisémite et islamophobe, bien que de nombreux groupes se positionnent également contre les immigrants, les femmes, les personnes de la communauté 2ELGBTQI+. et d’autres groupes racialisés et religieux minoritaires.note de bas 34
Est-ce que tous les groupes haineux commettent des crimes et des actes de violence motivés par la haine?
Bien que la diffamation de groupes de personnes en fonction de leurs caractéristiques identitaires (comme le sexe, la nationalité, la race, l’origine ethnique ou la religion, ou une combinaison de ces caractéristiques) puisse inspirer ou être un précurseur de la violence, certains groupes haineux ne sont pas favorables au recours à la violence, et n’usent pas non plus de violence à l’appui de la réalisation des objectifs généraux de l’organisation ou du groupe. note de bas 35 Les recherches donnent à penser que cela pourrait être en partie une tactique de recrutement délibérée; certains groupes ont sciemment diminué l’importance de la promotion de la violence et de la haine parce que cela rebute de nombreuses personnes et que ce n’est donc pas un moyen efficace de « faire croître le mouvement ». note de bas 35 D’autres, en revanche, privilégient et approuvent le recours à la violence. Des orientations aussi variées sur la promotion de la violence peuvent rendre difficile l’évaluation et/ ou l’identification des menaces potentielles et la violence peut rendre difficile l’évaluation et/ou l’identification des menaces potentielles et la réduction du risque d’attaques inspirées par la haine (à noter que de telles attaques peuvent impliquer un éventail de types de victimes – depuis des individus ou des petits groupes, jusqu’à des événements causant des pertes massives de vies humaines). Bien que certains groupes haineux commettent effectivement des crimes de haine, la recherche montre que la plupart des crimes de haine sont commis par des individus qui ne sont pas affiliés à un groupe haineux organisé. note de bas 36
Pourquoi les gens se joignent-ils à des groupes haineux?
Selon les recherches, les gens se joignent à des groupes haineux pour une foule de raisons, notamment parce qu’ils ont des opinions haineuses au sujet de certains segments de la population. note de bas 37 Plus précisément, les gens se joignent à des groupes haineux pour les raisons suivantes :
- sentiment d’aliénation et d’impuissance;
- sentiment de solitude; désir d’amitié et sentiment d’appartenance;
- recherche de sens et d’identité;
- peur de ceux qui sont différents ou crainte que son groupe social soit « menacé » en raison de l’immigration et des changements démographiques;
- colère et frustration;
- ignorance;
- nécessité de réaffirmer un sentiment de domination et de privilège;
- tendance à la pensée rigide « en noir et blanc » (c'est-à-dire manque d’aptitudes en pensée critique);
- expériences traumatisantes durant l’enfance (une recherche américaine a révélé que 45 % des anciens membres d’un groupe haineux ont déclaré avoir été victimes de violence physique pendant l’enfance, tandis que 20 % ont déclaré avoir été victimes de violence sexuelle pendant l’enfance);
- perturbation familiale dans l’enfance, y compris le divorce, l’incarcération parentale ou la toxicomanie de l’un ou des deux parents.
Bref, on pense que les groupes haineux offrent aux membres un sentiment d’identité, de sens et de signification personnelle reposant sur leur affiliation au groupe. Les recherches montrent que les groupes haineux restent « très majoritairement blancs et masculins ». Le nombre de membres féminins est comparativement plus faible, les femmes jouant divers rôles actifs, notamment en matière de recrutement, de collecte du recrutement, la collecte de renseignements, la diffusion de matériel de propagande et la participation directe à la perpétration d’actes de violence (bien qu’à des niveaux inférieurs à ceux de leurs homologues masculins). note de bas 38 Les personnes qui se joignent à des groupes haineux proviennent de tous les milieux socio- économiques, de toutes les professions et ce qui est peut-être surprenant, elles semblent de plus en plus diversifiées sur les plans racial et ethnique.
Au cours des dernières années, certains groupes haineux aux États-Unis et au Canada ont activement recruté des membres de groupes racialisés dans le but d’adoucir leur image publique et de renforcer le recrutement. note de bas 39 Pour une analyse de certaines des raisons qui sous-tendent cette tendance apparente, voir : https://www.voanews.com/a/why-some-nonwhite-americans-espouse-right-wing-extremism-/7101229.html (en anglais seulement).
Pour en savoir plus sur les raisons pour lesquelles des personnes se joignent à des groupes haineux et sur ce qui, au bout du compte, pousse certaines personnes à quitter un groupe haineux, voir : https://www.splcenter.org/fighting-hate/intelligence-report/2014/why-they-join (en anglais seulement).
À l’heure actuelle, l’information sur les groupes haineux canadiens est fragmentée et incomplète, ce qui complique les efforts visant à mieux comprendre la menace. Jusqu’à ce que les renseignements nécessaires aient été systématiquement recueillis, les policiers qui souhaitent mieux comprendre les groupes haineux actifs dans la région relevant de leur compétence devraient communiquer avec le secteur de leur service qui héberge cette information.
Ressources additionnelles
Le Canada a un problème de suprématie blanche (en anglais seulement) :
La pandémie silencieuse du Canada (en anglais seulement) :
Les groupes haineux d’extrême droite (en anglais seulement) :
Le discours haineux et la liberté d’expression au Canada note de bas 40
Qu’entend-on par discours haineux?
À l’heure actuelle, il n’existe pas de définition universelle du discours haineux consacrée par le droit international relatif aux droits de la personne; le concept fait toujours l’objet de débats parmi les universitaires et les praticiens.
Afin de fournir un cadre unifié pour s’attaquer au problème des discours haineux à l’échelle mondiale, la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine note de bas 41 définissent le discours haineux comme suit :
Tout type de communication, orale ou écrite, ou de comportement, constituant une atteinte ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en raison de leur identité, en d’autres termes, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une définition juridique, la conceptualisation du discours de haine par l’ONU comprend trois caractéristiques fondamentales :
- Les discours de haine peuvent être véhiculés par toute forme d’expression, notamment des images, des caricatures, des mèmes, des objets, des gestes et symboles et ils peuvent être diffusés hors ligne ou en ligne.
- Les discours de haine sont « discriminatoires » (biaisés, fanatiques ou intolérants) ou « péjoratifs » (préjudiciables, méprisants ou dévalorisants) à l’égard d’un individu ou d’un groupe.
- Les discours de haine s’attaquent aux « facteurs d’identité » réels ou ressentis d’un individu ou d’un groupe, notamment : « l’appartenance religieuse, l’origine ethnique, la nationalité, la race, la couleur de peau, l’ascendance, le genre », et comportent aussi des caractéristiques telles que la langue, l’origine économique ou sociale, le handicap, l’état de santé ou l’orientation sexuelle, parmi bien d’autres caractéristiques.
Exemples de discours haineux
Il est important de noter que les discours de haine ne peuvent être dirigés que contre des individus ou des groupes d’individus, et non contre des religions, des idées, des philosophies, des partis politiques ou des États/nations et leurs bureaux, symboles ou fonctionnaires.
Voici quelques exemples des propos habituellement véhiculés par les discours haineux (reproduits à partir des questions et réponses sur les discours haineux du Bureau du Commissaire aux droits de l’homme de la Colombie-Britannique) : note de bas 42
- Décrire les membres d’un groupe comme étant des animaux, des êtres sous-humains ou génétiquement inférieurs;
- Laisser entendre que les membres d’un groupe sont à l’origine d’une conspiration visant à obtenir le contrôle en complotant pour détruire la civilisation occidentale;
- Nier, minimiser ou célébrer la persécution ou les tragédies passées des membres d’un groupe;
- Qualifier les membres d’un groupe d’agresseurs d’enfants, de pédophiles ou de criminels qui s’en prennent aux enfants;
- Blâmer les membres d’un groupe pour des problèmes comme la criminalité et la maladie;
- Traiter les membres d’un groupe de menteurs, de tricheurs, de criminels ou tout autre terme destiné à provoquer une forte réaction.
La liberté d’expression et ses limites
« C’est un pays libre, je peux dire ce que je veux. » Dans une certaine mesure, c’est vrai. La Charte canadienne des droits et libertés (ci-après appelée « la Charte ») énonce les droits civils et humains garantis aux citoyens canadiens, aux résidents permanents et aux nouveaux arrivants au Canada.
L’un de ces droits est la liberté d’expression, qui est énoncée à l’alinéa 2b) de la Charte et qui consacre les libertés fondamentales suivantes : liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication.
Cela veut dire que ceux qui veulent manifester pacifiquement ou exprimer un point de vue ont le droit de le faire, même si leur point de vue est considéré comme offensant par certaines personnes.
Cependant, ces libertés ne sont pas absolues; l’article 1 de la Charte est ainsi libellé : « La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique. » Autrement dit, il y a des limites au genre de propos offensants que les gens peuvent légalement dire.
La Cour suprême du Canada a maintenu les restrictions sur les formes d’expression réputées contraires à l’esprit de la Charte. Plus précisément, tout discours (de vive voix ou écrit) incitant à la haine contre tout groupe identifiable, lorsque telle incitation est susceptible d’entraîner une violation de la paix, constitue une catégorie de « discours restreint » courante au Canada qui peut entraîner le dépôt d’accusations criminelles.
Ressources additionnelles
Les études de cas suivantes illustrent le dépôt d’accusations criminelles découlant de propos haineux, en ligne et hors ligne (en anglais seulement) :
- Par un pasteur de Calgary lors d’une activité de « drag queen » dans une bibliothèque pour enfants en mars 2023 : https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/derek-reimer-calgary-drag-storytime-protest-court-arrest-1.6802594
- Par un enseignant du secondaire dans une région rurale de l’Alberta qui a fait de la propagande antisémite auprès de ses élèves : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/keegstra-case
- Par un homme de l’Ontario qui a fait une série de déclarations contre la communauté musulmane en ligne : https://toronto.citynews.ca/2017/07/24/mississauga-man-charged-with-hate-crime-over-alleged-online-comments/
Crimes et incidents haineux : signalement par les victimes et les communautés et raisons pour lesquelles c’est important note de bas 43
Pourquoi certaines victimes décident-elles de ne pas faire de signalement?
D’après les recherches, une majorité (les estimations varient de 60% à 90 %) des personnes qui sont victimes de haine ne signalent pas, pour diverses raisons, leur victimisation au service de police. note de bas 44 Un certain nombre de facteurs influent sur la décision de ne pas signaler un incident. note de bas 45 Ceux-ci comprennent notamment les éléments suivants :
- la confusion et un manque de connaissances sur ce qu’est un crime ou un incident motivé par la haine;
- le fait de ne pas savoir où et comment faire un signalement;
- la crainte d’une escalade ou de représailles;
- l’embarras, l’humiliation ou la honte d’avoir été victimisé;
- une expérience négative antérieure avec la force policière, un manque de confiance envers la force policière ou un scepticisme quant à la volonté ou à la capacité des policiers d’enquêter sur ces crimes;
- une normalisation de la victimisation liée à la haine; les recherches montrent que les membres des groupes marginalisés pensent souvent que la violence verbale « quotidienne », le harcèlement en ligne et d’autres formes d’hostilité ciblée ne sont pas suffisamment graves pour être signalés au service de police. Certains craignent même de gaspiller le temps et les ressources du service de police ou pensent devoir régler ces problèmes eux-mêmes;
- pour les membres des communautés 2ELGBTQI+, la peur des répercussions d’être « exposés »;
- la crainte de compromettre le statut d’immigrant;
- la croyance que l’auteur présumé ne sera pas déclaré coupable ou ne sera pas puni adéquatement;
- le fait de composer avec le crime ou l’incident haineux d’une autre façon;
- des préoccupations concernant le fait de ne pas être pris au sérieux ou de ne pas être cru;
- des obstacles culturels et linguistiques.
Pour compliquer davantage les choses, compte tenu des divers niveaux d’expertise des policiers en matière de détermination des crimes motivés par la haine, il arrive parfois que, lorsqu’une victime signale un tel crime au service de police, ce crime ne soit pas reconnu ou traité comme un crime.
Pourquoi est-il important de signaler les crimes et les incidents motivés par la haine?
Il est important que les crimes et les incidents haineux soient signalés au service de police et documentés par celui-ci pour un certain nombre de raisons, notamment :
- les crimes et les incidents haineux non signalés ne peuvent faire l’objet d’une enquête ou (dans le cas de crimes haineux) de poursuites, ce qui signifie que les auteurs présumés ne sont pas tenus responsables et peuvent être encouragés à récidiver;
- en général, les victimes qui ne signalent pas les crimes et les incidents motivés par la haine n’ont pas accès aux droits et aux ressources inscrits dans la Charte canadienne des droits des victimes (pour plus d’informations, voir Les droits des victimes au Canada);
- les crimes et les incidents haineux qui ne sont pas signalés ne sont pas comptés officiellement, ce qui occulte l’ampleur réelle du problème et l’urgence d’agir;
- s’assurer que les opérations soient calibrées en fonction de l’étendue du problème. À l’heure actuelle, au Canada (comme dans d’autres pays), les unités des crimes haineux du corps policier ont tendance à manquer de ressources, en partie parce que les taux de déclaration sont généralement faibles. Cela mine la capacité des services de police à réagir efficacement aux crimes et aux incidents haineux, à soutenir les victimes, à rassurer les communautés touchées et à déployer des programmes et des initiatives proactifs axés sur la prévention et l’intervention.
Comment les services de police peuvent-ils travailler de façon à accroître la détection et le signalement des crimes haineux?
Ces dernières années, les services de police partout au Canada ont déployé de plus en plus d’efforts pour faciliter la détermination et le signalement des crimes et des incidents motivés par la haine, notamment comme suit : footnote 46
- renforcer les capacités institutionnelles : en janvier 2019, 14 des 20 plus grands services de police municipaux au Canada avaient des agents de lutte contre les crimes haineux et/ou des modules de lutte contre les crimes haineux;
- montrer que le service de police interviendra rapidement et avec compassion à l’égard de tous les crimes et incidents haineux signalés;
- augmenter la sensibilisation culturelle pour mieux communiquer et travailler avec les personnes de diverses origines ethniques, raciales et religieuses;
- utilisation accrue de la formation policière sur les crimes haineux et une intervention policière axée sur la victime et tenant compte des traumatismes; une formation solide peut aider les agents à reconnaître les crimes et les incidents haineux et à réagir efficacement. Soulignons que de nombreux services de police canadiens (en particulier les plus petits services avec moins de ressources) ne disposent pas encore de grands moyens, et n’offrent pas cette formation à leurs membres;
- élaborer des méthodes novatrices pour encourager le signalement d’incidents haineux, y compris une variété d’initiatives de participation communautaire, de partenariat et d’éducation ainsi que des protocoles qui apaisent les craintes et rassurent les communautés victimisées à la suite de crimes et d’incidents motivés par la haine. (Pour de plus amples renseignements sur la participation communautaire et les activités des services de police canadiens visant à rassurer les citoyens, voir La prévention des crimes haineux : un complément important aux approches réactives, fondées sur l’application de la loi);
- travailler à contrer les perceptions et les pratiques discriminatoires dans les services de police afin d’améliorer la confiance des diverses communautés et les relations avec celles-ci ainsi que la légitimité perçue des services de police;
- condamner publiquement les crimes et les incidents haineux et exprimer son soutien et sa solidarité envers les victimes et leur communauté;
- rendre les données sur les crimes et les incidents haineux accessibles au public (des données et des rapports accessibles au public envoient le message que les services de police reconnaissent les victimes de crimes haineux et sont déterminés à accroître la transparence et la sensibilisation au problème de la haine, ce qui peut aider à accroître la confiance du public et à améliorer les taux de signalement);
- mobiliser et soutenir les communautés les plus vulnérables à la victimisation liée aux crimes haineux;
- offrir une variété d’approches en matière de rapports, y compris des options de signalement anonyme et par des tiers.
Il importe d’observer que les changements apportés aux pratiques de déclaration et que l’offre d’un soutien supplémentaire aux personnes victimisées et à leur communauté peuvent avoir des effets sur les statistiques sur les crimes haineux.
Autrement dit, les taux plus élevés de crimes haineux déclarés par la police dans certaines régions peuvent, en partie, correspondre à des différences ou des changements sur le plan de la reconnaissance et de la déclaration de ces incidents par les policiers et les membres de la communauté et sur le plan de l’enquête. Parallèlement, l’augmentation des crimes et des incidents motivés par la haine peut également correspondre à une augmentation réelle des crimes et des incidents eux- mêmes.
Ressources additionnelles
Raisons pour lesquelles les crimes haineux contre les personnes trans et non binaires canadiennes ne sont pas déclarées (en anglais seulement) :
Vidéo sur les obstacles au signalement pour les Autochtones et les autres groupes racialisés (en anglais seulement) :
Les répercussions de la haine sur les victimes, les communautés et la société
Contexte
Des recherches indiquent que les répercussions des crimes haineux peuvent être profondes, durables et plus graves que les répercussions d’autres types de victimisation. Elles s’étendent également au-delà des personnes directement victimisées, comme des ondes qui se propagent dans l’eau, pour toucher les membres du groupe ciblé de façon plus général. note de bas 47 La reconnaissance des répercussions des crimes haineux constitue donc un fondement pour le traitement respectueux et sensible des victimes, de leur famille et de leur communauté, et peut aider les premiers intervenants et les organismes de services aux victimes à mieux comprendre leurs besoins souvent complexes et à y répondre. Pour de plus amples renseignements sur les besoins et les services des victimes, voir Le soutien aux victimes de crimes haineux : un aspect essentiel de l’intervention policière et types de soutien dont veulent les victimes et dont elles ont besoin.
Les crimes et les incidents haineux servent de « messages criminels » visant à intimider et à contrôler, ainsi que les ondes de préjudices qui vont au-delà des victimes pour toucher également leurs amis et les membres de leur famille, les communautés (locales, nationales, internationales et/ou en ligne) et éventuellement, la société. note de bas 48
Les ondes des préjudices peuvent être imaginées comme un ensemble de quatre cercles concentriques, chaque cercle représentant une onde de préjudice. L’onde primaire est le cercle central, représentant « Victime(s) initiale(s) directement touchées(s) ». L’onde secondaire est le cercle suivant, représentant « Amis et famille de la ou des victimes initiale(s) ». L’onde tertiaire est le cercle suivant, représentant « Communauté(s) ciblée(s) auxquelles la ou les victime(s) initiale(s) appartiennent ». Le cercle le plus extérieur représentant « Normes et valeurs sociétales ».
Les répercussions des crimes et des incidents haineux
Les répercussions des crimes haineux sur les victimes sont vastes et peuvent être influencées par un certain nombre de facteurs, notamment les expériences antérieures de victimisation, la nature et les caractéristiques du crime ou de l’incident haineux, la gravité du crime et du préjudice, la race et l’origine ethnique, l’âge, le genre, la religion, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les expériences antérieures de discrimination, et le soutien social offert (amis, famille, chefs religieux, etc. note de bas 49) La nature souvent intersectionnelle d’une personne peut également contribuer à aggraver et à intensifier les préjudices subis. Il est donc essentiel que la police et les organismes partenaires appliquent une optique intersectionnelle lorsqu’ils réagissent à des crimes et incidents de haine, afin de s’assurer que les multiples préjugés qui ont motivé le crime ou l’incident soient reconnus (par exemple, la haine de la race/de l’ethnie et de l’identité de genre) et que les nuances des préjudices qui en découlent soient reconnues et prises en compte. Pour plus d’informations sur le concept d intersectionnalité, veuillez consulter La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire.
Étant donné la nature vaste et diffuse de la victimisation liée aux crimes haineux, il est utile d’organiser les répercussions de la haine selon qu’une personne est directement ou indirectement touchée.
Les répercussions directes sont ressenties par la ou les premières victimes d’un crime ou d’un incident motivé par la haine et peuvent comprendre divers préjudices physiques, psychologiques, émotionnels, financiers et sociaux qui peuvent changer à court et à long terme. Les répercussions indirectes, par contre, sont des préjudices « indirects » ou « par procuration », subis par des personnes qui ne sont pas directement touchées par le crime ou l’incident haineux, y compris la famille, les amis, les témoins et les membres de la communauté.
Des recherches révèlent que les répercussions indirectes sont souvent ressenties comme des répercussions directes; le simple fait de connaître quelqu’un qui a été victimisé est souvent suffisant pour causer ces effets. note de bas 50
Les répercussions directes et indirectes de la victimisation associée au crime haineux peuvent comprendre :
- Préjudice physique;
- Détresse émotionnelle et psychologique;
- Traumatisme (pour plus de détails sur les traumatismes et autres symptômes associés, y compris le traumatisme vicariant que de nombreux premiers intervenants subissent en étant exposés à la victimisation par des crimes de haine, veuillez consulter La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire);
- Colère;
- Dépression, anxiété et idées suicidaires;
- Effets à long terme sur la santé, y compris les maladies cardiaques, hépatiques, auto-immunes et pulmonaires obstructives chroniques; health effects including heart, liver, autoimmune, and chronic obstructive pulmonary disease
- Sentiment extrême d’isolement;
- Sentiment réduit de sécurité;
- Sentiment accru de vulnérabilité et crainte de victimisation répétée;
- Honte et humiliation;
- Conscience accrue de la sécurité et comportement d’évitement, ce qui comporte souvent des « réactions d’adaptation » pour éviter la victimisation répétée, comme s’éloigner, changer de routine, éviter les gens, les lieux et les situations perçus comme potentiellement dangereux, cacher des aspects de son identité sociale (par exemple, en ne tenant pas la main de son partenaire de même sexe en public, en ne portant pas de vêtements ou de symboles religieux ou culturels, etc.);
- Problèmes à l’école ou au travail;
- Problèmes relationnels avec la famille et les amis;
- Sentiments de rejet et d’exclusion sociale qui peuvent déclencher de la douleur et de la détresse émotionnelles et psychologiques;
- Toxicomanie et comportements autodestructeurs;
- Préjudices financiers découlant de son expérience de victimisation : perte de salaire (en raison d’une blessure ou de la participation au processus de justice pénale) ou perte matérielle ou dommages à la propriété.
Il importe de reconnaître que les premiers intervenants peuvent également subir des répercussions indirectes découlant de l’exposition aux victimes de la haine. Le traumatisme par personne interposée, parfois appelé « le coût des soins », « l’usure de compassion » et « le stress traumatique secondaire », fait allusion aux répercussions émotionnelles et psychologiques subies par ceux qui exercent une profession « d’aide » (c'est-à-dire les policiers, d’autres premiers intervenants et des praticiens des services sociaux de première ligne), en raison de leur exposition aux victimes de traumatismes et de violence. note de bas 51
En plus des préjudices directs et indirects subis par les victimes, leurs amis, leurs familles et l’ensemble des communautés, et par les intervenants professionnels de première ligne, les crimes et les incidents haineux entraînent aussi des méfaits et des effets sociétaux plus vastes. Par exemple, si les crimes haineux sont ignorés ou s’ils font l’objet d’une intervention inadéquate ou non professionnelle, les victimes et la communauté dans son ensemble pourraient perdre confiance dans le système et le processus de justice pénale. Les crimes et les incidents haineux peuvent nuire à la coexistence « saine » et positive de différents segments d’une communauté. Ils peuvent réduire les niveaux de cohésion sociale et accroître la probabilité de représailles et de troubles civils, ce qui mine les droits de la personne, les principes d’égalité et par extension, d’importants aspects de notre processus démocratique. note de bas 52
Ressources additionnelles
Pour en savoir plus sur la montée de la haine envers les Asiatiques dans le contexte de la pandémie de COVID-19, voir (en anglais) :
Pour en savoir plus sur l’incidence de la COVID-19 sur l’expérience des groupes de minorité visible en matière de harcèlement fondé sur la race, l’origine ethnique et la couleur de la peau, ainsi que sur leurs perceptions à l’égard de la sécurité, voir :
La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire
Contexte
Les victimes de crimes haineux subissent souvent des répercussions plus graves que les victimes d’infractions équivalentes non motivées par la haine note de bas 53 (pour de plus amples renseignements, voir Les répercussions de la haine sur les victimes, les communautés et la société). Les membres de la communauté qui partagent les caractéristiques identitaires qui ont fait de la ou des victimes une cible de la haine subissent également les effets négatifs des crimes haineux, tout comme ceux qui sont témoins du crime ou de l’incident.
Les policiers sont souvent les premiers représentants du système de justice pénale que les victimes d’actes criminels rencontrent. À ce titre, ils ont une occasion importante de sécuriser les lieux, de stabiliser la ou les victimes et de fournir des renseignements primordiaux, de l’aide et un accès à des services de soutien qui peuvent aider à amorcer le processus de rétablissement immédiatement après un crime.
Comprendre les répercussions après la victimisation que les crimes et les incidents haineux peuvent avoir sur les victimes, leur famille et l’ensemble de la communauté est essentiel pour offrir des services éclairés, sensibles et respectueux, et peut aider les policiers à cerner les besoins des victimes et à commencer à y répondre.
Cette fiche d’information contient un glossaire des termes liés à la victimisation, ainsi que des concepts et des approches visant à améliorer les réactions des services policiers face aux victimes de crimes et d’incidents haineux, ainsi que des hyperliens vers des renseignements supplémentaires pour ceux qui souhaitent en savoir plus.
Glossaire
Les droits des victimes au Canada
La Charte canadienne des droits des victimes inscrit les droits des victimes dans les lois fédérales, notamment les suivants (renseignements reproduits du Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels) : note de bas 54
- Droit à l’information
- Les victimes ont le droit de recevoir de l’information sur le système de justice, ainsi que sur les services et les programmes mis à leur disposition. Les victimes peuvent aussi obtenir de l’information sur l’évolution de leur dossier, y compris sur l’enquête, la poursuite et la peine imposée à la personne accusée de leur avoir causé du tort.
- Droit à la protection
- Les victimes ont le droit que l’on tienne compte de leur sécurité et de leur vie privée à toutes les étapes du processus de justice pénale, et de bénéficier d’une protection raisonnable et nécessaire contre l’intimidation et les représailles. Les victimes ont aussi le droit de demander des aides au témoignage lorsqu’elles se présentent en cour.
- Droit de participation
- Les victimes ont le droit de présenter une déclaration de la victime et ont droit à ce qu’on en tienne compte en cour. Les victimes ont aussi le droit de dire ce qu’elles pensent des décisions qui ont une incidence sur leurs droits.
- Droit de demander un dédommagement
- Les victimes ont le droit de demander à la cour d’envisager d’ordonner au délinquant de payer les pertes financières qu’elles ont subies et de faire payer tout solde en souffrance par l’entremise d’un tribunal civil.
Pour une infographie facile à lire qui fournit plus de renseignements sur les droits des victimes dans le processus de justice pénale, voir : https://www.publicsafety.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/vrvw-vctm-bll-rghts/vrvw-vctm-bll-rghts-fr.pdf.
Victime
La Charte canadienne des droits des victimes définit une victime comme « une personne qui a subi des dommages physiques ou psychologiques, matériels ou financiers à la suite d’un acte criminel ». note de bas 55 La présente fiche d’information renvoie aux personnes touchées par un crime haineux en tant que victimes aux fins de conformité à la terminologie juridique et professionnelle courante. Cependant, il est important de reconnaître que les termes « survivant » ou « victime-survivante » sont parfois préférés parce que chacun met l’accent sur la force, l’action et la résilience plutôt que de se concentrer uniquement sur la situation d’une personne en tant que victime d’un acte criminel.
Les approches axées sur la victime mettent l’accent sur la sécurité des victimes, leurs droits, leur bien-être, les besoins qu’elles expriment et leurs choix, tout en assurant la prestation empathique et sensible de services et de mesures de soutien sans porter de jugement. note de bas 56
Les approches axées sur la victime en réaction aux crimes haineux mettent également l’accent sur les identités souvent intersectionnelles des victimes de la haine. Le concept d’intersectionnalité renvoie aux façons dont de multiples caractéristiques identitaires (race, origine ethnique, genre, religion, orientation sexuelle, etc.) se recoupent et interagissent pour produire des dynamiques et des expériences particulières. note de bas 57
Par exemple, le fait pour une femme noire, d’être à la fois noire et femme, la rend susceptible de faire l’objet de discrimination (et potentiellement d’être victime d’un crime haineux) en fonction à la fois de sa race et de son sexe/genre. Il est souvent impossible d’établir une distinction entre son identité en tant que personne noire et son identité en tant que femme, et aussi d’isoler les caractéristiques identitaires qui sont à l’origine de sa victimisation, les deux identités ont probablement joué un rôle.
Il convient d’avoir une approche intersectionnelle aux crimes haineux. Cela contribue à une compréhension plus nuancée de l’expérience de la victime, ce qui est essentiel pour que les services et les mesures de soutien soient adaptés aux besoins particuliers et parfois distincts des victimes. note de bas 58 Les policiers doivent donc s’assurer de tenir compte de tous les aspects de l’identité d’une victime lorsqu’ils évaluent et consignent des crimes et des incidents haineux potentiels, et lorsqu’ils interviennent dans ce contexte.
Les approches adaptées à la culture renvoient à la capacité d’une personne ou d’une organisation de comprendre des personnes de cultures différentes, d’apprendre de ces personnes et d’interagir efficacement avec ces personnes, notamment en s’inspirant de valeurs fondées sur la culture, de traditions, de croyances spirituelles, de coutumes, de langues et de comportements dans la conception et la mise en œuvre de la prestation de services.
L’adaptation à la culture « permet aux personnes et aux organisations de répondre de façon respectueuse et efficace aux personnes différentes, en raison de la culture, de la langue, de la classe, de la race, de l’origine ethnique, d’un handicap, de la religion, du genre, de l’orientation sexuelle et d’autres facteurs de diversité, d’une manière qui reconnaît, affirme et apprécie leur valeur. Pour s’adapter à la culture, il faut avoir la capacité de comprendre les différences culturelles, de reconnaître les préjugés potentiels et de voir au-delà des différences pour travailler de façon productive avec les enfants, les familles et les communautés dont le contexte culturel est différent du sien ». note de bas 59
Traumatisme
Un traumatisme résulte d’une exposition à un événement ou à une série d’événements qui sont dérangeants sur le plan émotionnel ou qui mettent la vie en danger. Le traumatisme peut avoir des effets négatifs importants sur le bien- être mental, physique, social, émotionnel ou spirituel de la personne, et sans intervention, ces effets peuvent persister au fil du temps. note de bas 60 Les effets d’un traumatisme peuvent être atténués et le processus de guérison peut être amorcé grâce au soutien offert par des amis et des membres de la famille, au soutien communautaire, aux ressources et stratégies d’adaptation personnelle, et à l’accès à un traitement de santé mentale tenant compte des traumatismes.
Pour un aperçu des symptômes physiques et émotionnels d’un traumatisme, voir : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK207191/table/part1_ch3.t1/?report=objectonly (en anglais seulement).
Il convient de se rappeler que les symptômes liés aux traumatismes varient grandement d’une personne à l’autre et d’une communauté culturelle à l’autre. Les services de police et les organismes partenaires de soutien aux victimes devraient discuter avec les victimes de leurs besoins et de leurs préférences en matière de soutien, et s’efforcer de mettre les victimes en contact avec des organismes locaux appropriés, adaptés à la culture et tenant compte des traumatismes.
Le traumatisme vicariant, parfois appelé aussi « le coût des soins », « l’usure de compassion » et « le stress traumatique secondaire », renvoie aux répercussions émotionnelles et psychologiques subies par ceux qui travaillent dans des professions « d’aide » – c'est-à-dire les policiers, d’autres premiers intervenants et des praticiens des services sociaux de première ligne, en raison de leur exposition aux victimes de traumatismes et de violence. note de bas 61 Heureusement, le traumatisme indirect peut être traité, et les symptômes peuvent être atténués par le counseling et l’intervention précoce. Il est essentiel de cerner et de traiter les symptômes le plus tôt possible pour protéger la santé mentale des policiers qui exercent cette profession d’aide très stressante et par conséquent, d’améliorer la qualité de la prestation de services à la communauté. note de bas 62 Pour en savoir plus sur la compréhension et le traitement des traumatismes indirects chez les premiers intervenants, voir : https://traumapsychnews.com/2020/08/secondary-traumatic-stress-in-first-responders/ (en anglais seulement).
Les approches tenant compte des traumatismes désignent la prestation de services et de mesures de soutien avec une compréhension des vulnérabilités et des expériences des personnes qui ont vécu un traumatisme. Ce genre d’approche accorde la priorité au rétablissement du sentiment de sécurité, de liberté de choix et de contrôle de la/du victime/ survivant(e). note de bas 63
Les victimes d’incidents et de crimes haineux qui signalent leur victimisation au service de police font confiance au système de justice pénale au moment où elles sont très vulnérables; les attitudes manifestées par les représentants du système peuvent parfois traumatiser de nouveau les victimes, ce qui peut exacerber le préjudice subi.
Voici des exemples de façons dont les représentants du système de justice pénale — y compris les policiers — peuvent contribuer au nouveau traumatisme : note de bas 64
- Le défaut de reconnaître les crimes et les incidents haineux potentiels en raison d’un manque de sensibilisation et de formation;
- L’absence d’intervention, ou une intervention perçue par la victime comme inutile ou non professionnelle;
- L’attribution de la responsabilité du crime à la victime (blâmer la victime);
- La diminution de la gravité d’un crime haineux ou la banalisation de l’expérience vécue et des préjudices subis par la victime;
- Le fait de rejeter le point de vue de la victime dans l’évaluation du crime ou de ne pas prendre en compte ou de considérer comme non pertinente la motivation fondée sur des préjugés;
- L’adoption d’attitudes négatives ou préjudiciables à l’égard de la victime;
- La manifestation de sympathie et de compréhension envers l’auteur du crime;
- Le manque de connaissances, d’expérience et de compétences nécessaires pour reconnaître l’importance de l’identité de la victime (ou des aspects intersectionnels de son identité) par rapport à la victimisation qu’elle a vécue, et l’importance des services et du soutien dont elle a besoin pour se rétablir;
- Le manque de considération pour les besoins et les préférences des victimes, en particulier le besoin d’information et d’accès à des services et à des soutiens adéquats pour les victimes.
II est important que tous les professionnels qui travaillent avec des organismes qui soutiennent les victimes de crimes motivés par la haine (y compris les policiers et d’autres intervenants du système de justice pénale) reconnaissent que leurs actions et leurs attitudes peuvent avoir des répercussions profondes sur les victimes de crimes motivés par la haine.
Traditionnellement, le système de justice pénale a mis l’accent sur l’identification, l’arrestation, la poursuite et la responsabilisation des délinquants à l’égard de leur comportement; les besoins des victimes sont souvent laissés de côté. En reconnaissant que les approches axées sur les victimes, et qui tiennent compte des traumatismes et des différences culturelles sont des éléments essentiels d’une intervention efficace auprès des victimes, les policiers peuvent accorder la priorité à l’accès rapide des victimes à l’information et aux services de soutien, ce qui enclenche le processus de rétablissement.
Les policiers peuvent prendre des mesures pour atténuer la possibilité de traumatiser de nouveau les victimes par inadvertance lorsqu’ils s’efforcent de fournir des services axés sur la victime, adaptés aux traumatismes et adaptés à la culture en adoptant les lignes directrices décrites dans : Guide d’intervention initiale à la suite d’un crime ou d’un incident haineux pour le policier de première ligne (disponible sur demande : hcrepositorydepotdinformationsurlesch@rcmp-grc.gc.ca).
Pour plus d’informations : The Sensitive and Respectful Treatment of Hate Crime Victims - 516585.pdf (osce.org) (en anglais seulement).
Le soutien aux victimes de crimes haineux : un aspect essentiel de l’intervention policière et types de soutien dont les victimes ont besoin et dont veulent les victimes
Introduction
Le soutien aux victimes est un aspect essentiel et souvent négligé d’une intervention policière complète à la suite des crimes ou des incidents haineux.
Par le passé, le système de justice pénale a mis l’accent sur l’identification, l’arrestation, la poursuite et la responsabilisation des délinquants à l’égard de leur comportement; les besoins des victimes sont souvent restés insatisfaits. Le fait de ne pas comprendre les besoins de la victime et de ne pas lui donner accès en temps opportun à des soins adéquats peut aggraver le préjudice subi. En revanche, la prestation d’une aide et d’un soutien solides peut avoir une incidence profonde sur le processus de rétablissement, donner plus de pouvoir aux victimes, accroître la confiance envers les policiers et faciliter la coopération avec les policiers et le système de justice pénale afin de tenir les auteurs de crimes responsables de leurs actes. Il en va de même pour le traitement respectueux et digne des victimes, qui devrait être la pierre angulaire de l’intervention policière.
Les policiers devraient adopter une approche axée sur la victime qui met l’accent sur les droits, la sécurité, le bien-être et les besoins et les choix exprimés par les victimes lorsqu’ils interviennent à la suite d’un crime ou incident haineux. Les policiers doivent également reconnaître que les besoins des victimes sont diversifiés et complexes et qu’ils peuvent changer au fil du temps, ce qui nécessite un continuum de soins à court et à long terme faisant appel à un éventail d’organismes partenaires ayant de l’expertise, des ressources et des services que de nombreux services de police ne peuvent pas fournir seuls.
Sept besoins essentiels des victimes et recommandations pour les policiers note de bas 65
Les victimes d’actes criminels ont besoin d’un continuum de soutien et de services pour guérir. Travailler à répondre aux sept besoins essentiels des victimes décrits ci-dessous peut servir de fondement aux pratiques axées sur les victimes et tenant compte des traumatismes. Bien que les besoins des victimes varient, ces sept catégories mettent en évidence des domaines d’intérêt pour les policiers, qui jouent un rôle de premier plan pour veiller à ce que les besoins des victimes soient compris et à ce que les victimes soient traitées avec compassion et respect de leur dignité.
Besoin de la victime 1 : sécurité personnelle
À la suite d’un crime ou d’un incident haineux, les victimes peuvent se sentir profondément en danger et les policiers doivent assurer à ces victimes que des mesures appropriées seront prises pour les soutenir et les protéger. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- fournir des renseignements sur la réduction des risques et la probabilité d’une nouvelle victimisation;
- recommander des mesures à prendre en cas d’intimidation et de crainte de préjudices futurs.
La sécurité physique, émotionnelle et psychologique est importante pour les victimes après un crime. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- reconnaître que les préoccupations des victimes en matière de sécurité peuvent également être partagées par les enfants, les membres de la famille, les amis et les membres de la communauté;
- créer un environnement où les victimes se sentent en sécurité lorsqu’elles signalent des crimes et expriment leurs pensées, leurs craintes et leurs besoins.
Besoin de la victime 2 : soutien personnalisé
À la suite d’un crime ou d’un incident haineux, certaines victimes auront besoin de soutien pour composer avec les conséquences et les répercussions immédiates. Cela peut comprendre une foule de services de soutien fournis par un éventail diversifié d’organismes locaux. Bien que la Charte canadienne des droits des victimes consacre le droit des victimes de recevoir de l’information sur les services et les programmes qui leur sont offerts, les policiers ratent souvent des occasions de mettre les victimes en contact avec l’aide dont elles ont besoin. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- permettre aux personnes de confiance choisies par les victimes d’être présentes lorsque c’est possible. Si ce n’est pas possible, expliquer pourquoi;
- discuter avec les victimes pour connaître leurs besoins et leurs préférences en matière de soutien;
- faciliter les liens avec les organismes et les services locaux qui correspondent aux besoins exprimés par la victime et aux choix qu’elle fait en matière de soutien et d’aide continus.
Besoin de la victime 3 : information
Les victimes de crimes haineux auront besoin d’information sur leurs droits, sur ce à quoi elles doivent s’attendre en ce qui a trait au processus d’enquête et sur les points de contact futurs à mesure que l’enquête avance. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- fournir aux victimes de l’information et des conseils sur l’exercice de leurs droits. Fournir de l’information de multiples façons (par exemple lors d’une conversation, au moyen de documents écrits ou de brochures, sur les sites Web d’organismes);
- fournir des mises à jour sur l’enquête. Aviser les victimes lorsqu’une affaire ne donne pas lieu à une arrestation et à une poursuite. Expliquer pourquoi et comment les décisions sont prises, en renvoyant à des motifs juridiques précis, le cas échéant (par exemple, parce que l’affaire ne répond pas aux critères établis pour le dépôt d’accusations criminelles).
Besoin de la victime 4 : accès au processus de justice pénale et aide connexe
Les victimes ont besoin d’occasions de participer aux processus du système de justice pénale. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- veiller à ce que l’information sur les diverses étapes du processus de justice pénale et sur ce à quoi il faut s’attendre soit fournie aux victimes dans les langues utilisées par les membres de la communauté (par exemple langues parlées, langue des signes, braille);
- tenir les victimes au courant de l’évolution de leur affaire dans le système de justice pénale.
Besoin de la victime 5 : continuité
Les victimes rencontrent de multiples professionnels et font face à plusieurs processus dans le système de justice pénale. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- collaborer avec d’autres professionnels de la justice pénale, des organismes communautaires et des fournisseurs de services aux victimes;
- comprendre les rôles et les responsabilités des autres professionnels;
- utiliser un langage cohérent et adopter des approches axées sur la victime, tenant compte des traumatismes et adaptées à la culture dans l’ensemble des organismes (pour un aperçu de ce que signifient ces termes, voir : La victimisation, le traumatisme et l’importance d’une intervention policière axée sur la victime : fiche d’information et glossaire);
- faciliter les transferts de soutien à d’autres professionnels des services de police, du système de justice pénale et des services aux victimes à mesure que progresse le traitement de l’affaire.
Besoin de la victime 6 : voix
La victimisation comprend les préjudices physiques, émotionnels et d’autres formes de préjudice qui découlent directement d’actes commis par d’autres personnes, ou les préjudices dont la victime a été menacée. La réponse à la criminalité suppose aussi des décisions et des interventions d’autres personnes. Il est important que les victimes aient voix au chapitre dans le système de justice pénale; les victimes veulent et doivent être entendues, comprises, crues et prises au sérieux. Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- encourager les victimes à poser des questions, et écouter leurs préoccupations;
- inviter les victimes et le personnel des services aux victimes (œuvrant dans un organisme ou la communauté) à participer aux discussions liées aux affaires.
Besoin de la victime 7 : justice
De nombreuses affaires n’entraînent pas l’arrestation, la poursuite et la détermination de la peine des délinquants. La justice procédurale, qui renvoie au concept d’équité dans les processus de règlement des différends et d’affectation des ressources, peut être la seule forme de justice que certaines victimes reçoivent (pour plus d’information, voir : https://law.yale.edu/justice-collaboratory/procedural-justice) (en anglais seulement) Dans la mesure du possible, les policiers doivent :
- reconnaître que toutes les victimes ne définissent pas la justice de la même façon;
- expliquer les processus du système de justice pénale et la façon dont les décisions sont prises;
- mener des enquêtes approfondies tenant compte du traumatisme et axées sur le délinquant;
- faire leur part pour tenir les délinquants responsables;
- demander aux victimes leur point de vue.
Types de services aux victimes
Les victimes ont besoin d’un éventail de types de soutien note de bas 66 dont les suivants :
Services aux victimes liés au système
Ce type de prestation de services est indépendant de la force policière, des tribunaux et des procureurs. Les services liés au système aident une victime pendant qu’elle est en contact avec le système de justice pénale. Les services comprennent les suivants :
- La prestation d’information, d’un soutien et d’un aiguillage;
- Un counseling à court terme;
- Une préparation à la comparution et un accompagnement devant les tribunaux;
- Une préparation d'une déclaration de la victime;
- La liaison avec la police, les tribunaux, la Couronne et les services correctionnels.
Services aux victimes rattachés à la police
Les services aux victimes rattachés à la police sont ceux qui sont dispensés après le premier contact avec la police. Bien que ces organismes de services aux victimes se trouvent dans des postes ou des détachements de police, les employés de ces organismes ne sont pas toujours des policiers. De nombreux services d’aide aux victimes du corps policier comprennent un coordonnateur et des bénévoles formés. Les services comprennent les suivants :
- La prestation d’information et d’un aiguillage;
- Aide et soutien;
- Une orientation devant les tribunaux.
Services aux victimes rattachés aux tribunaux
Ce type de prestation de services est appelé à apporter un soutien aux victimes ou aux témoins. Les services judiciaires aux victimes fournissent de l’information, de l’aide et un aiguillage aux victimes et aux témoins dans le but de rendre le processus judiciaire moins intimidant. Les services comprennent les suivants :
- Une orientation, la préparation et l’accompagnement devant les tribunaux;
- Des mises à jour sur l’avancement du dossier;
- La coordination des réunions avec les avocats de la Couronne;
- L’évaluation de la capacité de témoigner d’un enfant victime ou témoin.
Services communautaires d’aide aux victimes
Il s’agit de services directs aux victimes, notamment les suivants :
- Un soutien émotionnel;
- Une aide pratique;
- De l’information;
- Une orientation devant les tribunaux;
- De l’aiguillage.
Bénévoles et organisations non gouvernementales
De nombreux services communautaires et policiers d’aide aux victimes font appel à des bénévoles formés pour les aider dans la prestation de leurs programmes. Ces organismes peuvent fonctionner à l’échelle locale, provinciale et nationale et offrir un éventail diversifié de services et de mesures de soutien.
Le soutien aux victimes est un aspect essentiel et souvent négligé d’une intervention policière complète à la suite des crimes ou des incidents haineux. Le fait de comprendre les besoins cruciaux des victimes de crimes haineux et de travailler à y répondre peut contribuer à faire respecter les droits enchâssés dans la Charte canadienne des droits des victimes, aider les victimes à cheminer dans le processus de justice pénale et amorcer le rétablissement de la victime.
Ressources additionnelles
Le Répertoire des services aux victimes créé par le Centre de la politique concernant les victimes du ministère de la Justice du Canada :
Le Programme d’aide aux victimes d’actes criminels créé par le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes :
La cyberhaine : fiche d’information
Qu’entend-on par cyberhaine?
Le terme « cyberhaine » concerne les propos haineux qui surviennent en ligne et incluent l’utilisation de technologies de communication électroniques, notamment Internet (c'est-à-dire sites Web, réseaux sociaux, contenu produit par l’utilisateur, sites de rencontre, blogues, jeux en ligne, messagerie instantanée et courriel) et d’autres technologies liées aux ordinateurs et aux téléphones cellulaires (comme les textos). La cyberhaine survient lorsque des personnes sont ciblées par des propos haineux en ligne sur la base de leur couleur, de leur race, de leur religion, de leur origine nationale ou ethnique, de leur âge, de leur orientation sexuelle, de leur identité ou expression de genre ou de leur incapacité mentale ou physique, qu’elle soit réelle ou perçue.
Dans le présent sommaire, le terme « cyberhaine » est utilisé pour désigner le discours haineux en ligne, bien que ces deux termes soient souvent utilisés de façon interchangeable.
Qu’entend-on par discours haineux?
Le concept de discours haineux renvoie à tout type de communication qui attaque ou utilise un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe en fonction de ses caractéristiques identitaires. note de bas 67 Les propos haineux peuvent être communiqués verbalement ou par écrit, ou au moyen d’images, de bandes dessinées, de mèmes, d’objets, de gestes et de symboles – et peuvent avoir lieu à la fois en ligne et hors ligne.
Exemples de cyberhaine
Il importe de souligner que les discours haineux ne peuvent viser que des personnes ou des groupes de personnes; ce ne sont pas des discours contre une religion, des idées, des philosophies, des partis politiques ou des États ou nations et leurs bureaux, symboles et fonctionnaires associés.
La cyberhaine prend de nombreuses formes et peut être enracinée dans le racisme, la misogynie, l’homophobie, la transphobie, l’antisémitisme, l’islamophobie et la suprématie blanche, seule ou en combinaison.
Voici quelques exemples de propos habituellement véhiculés par les discours haineux : note de bas 68
- Décrire les membres d’un groupe comme étant des animaux, des êtres sous-humains ou génétiquement inférieurs;
- Laisser entendre que des membres d’un groupe sont à l’origine d’une conspiration visant à obtenir le contrôle en complotant pour détruire la civilisation occidentale;
- Nier, minimiser ou célébrer la persécution ou les tragédies passées des membres d’un groupe;
- Qualifier les membres d’un groupe d’agresseurs d’enfants, de pédophiles ou de criminels qui s’en prennent aux enfants;
- Blâmer les membres d’un groupe pour des problèmes comme la criminalité et la maladie;
- Traiter les membres d’un groupe de menteurs, de tricheurs, de criminels ou employer tout autre terme destiné à provoquer une forte réaction.
Pour un aperçu des résultats d’une analyse approfondie de près de 3 000 mèmes Internet partagés par plus de 100 comptes de médias sociaux canadiens qui montrent des discours haineux tels que définis par le Code des droits de la personne de l’Ontario, voir : https://cdn.sanity.io/files/rdq6owff/production/6b78f8630669069025ea145da2221ef2c1fac032.pdf (en anglais seulement).
La cyberhaine et le Code criminel
Le Code criminel du Canada traite les discours haineux et la cyberhaine de la façon suivante :
- Incitation publique à la haine - le paragraphe 319(1) comprend un hyperlien vers Le crime haineux et le Code criminel du Canada;
- Fomenter volontairement la haine - le paragraphe 319(2) comprend un hyperlien vers Le crime haineux et le Code criminel du Canada;
- Fomenter volontairement l’antisémitisme - paragraphe 319(2.1).
Les discours haineux sont également interdits par les codes provinciaux et territoriaux des droits de la personne (souvent par l’interdiction de « propos discriminatoires »); les personnes plaignantes doivent déposer des plaintes auprès du Tribunal des droits de la personne de leur province ou territoire d’origine. Pour de plus amples renseignements sur ce processus, voir la section intitulée « Dispositions anti-haine des lois sur les droits de la personne », à l’adresse : https://lop.parl.ca/sites/PublicWebsite/default/fr_CA/ResearchPublications/201825E?.
Cyberhaine : tendances au fil du temps
La proportion de crimes haineux déclarés par la police qui ont également été classés comme étant de la cyberhaine a augmenté de façon constante au cours des dernières années, passant de 5,1 % des crimes haineux déclarés en 2018 à 6,9 % en 2019 et à 7,1 % en 2020. note de bas 69 Comme pour les crimes haineux en général, il est important de reconnaître que ces chiffres sous-estiment le nombre réel de discours haineux en ligne, car la plupart des incidents ne sont jamais signalés. De plus, certains services de police canadiens n’ont pas été en mesure de fournir des données sur la cyberhaine de 2016 à 2020, ce qui exacerbe le problème du sous-dénombrement.
De 2016 à 2020, les types les plus courants de crimes de cyberhaine signalés aux services policiers étaient les suivants :
- Le fait de proférer des menaces de préjudice ou de violence contre les membres d’un groupe identifiable était le type le plus courant de crimes de cyberhaine signalés (39 % des crimes signalés);
- Les communications indécentes ou harcelantes visant à créer un climat de peur (24 %);
- L’incitation publique à la haine (encourager un groupe de personnes dans un forum en ligne à commettre des actes de violence ou mobiliser un groupe de personnes dans ce but) (12 %);
- Le harcèlement criminel (harcèlement continu sur une période de temps qui vise à créer un climat de peur) (11 %).
Victimisation liée à la cyberhaine
De 2016 à 2020, les groupes les plus susceptibles d’être ciblés en ligne correspondent à ceux qui sont ciblés en personne note de bas 69 une quantité disproportionnée de haine en ligne est dirigée vers les membres des communautés suivantes :
- Les personnes musulmanes (16 % des victimes déclarées);
- Les personnes noires (15 % des victimes déclarées);
- Les personnes juives (13 % des victimes déclarées);
- Les personnes 2ELGBTQI+ (13 % des victimes déclarées);
- Les jeunes : le nombre d’adolescents et de jeunes adultes étant victime de cyberhaine est particulièrement élevé, principalement en raison du temps consacré à des activités en ligne liées à l’école, au travail ou aux loisirs (jeux, clavardage, etc.); note de bas 70
- Les filles et les femmes sont plus à risque d’être victimes de cyberhaine, en particulier si elles sont racialisées, si elles font partie d’un groupe religieux minoritaire ou de la communauté 2ELGBTQI+. Les jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans sont les plus à risque de subir les formes les plus graves de cyberhaine, en particulier les types les plus graves de harcèlement et de violence sexuelle; note de bas 71
- Après 2020, il y a également eu une augmentation considérable du nombre de victimes de crimes motivés par la haine (en ligne et hors ligne) contre la population asiatique en raison de discours qui les tiennent responsables de la pandémie de COVID-19 et des restrictions connexes. Par exemple, il y a eu une augmentation de 301 % des crimes haineux déclarés par la police envers les populations d’Asie et Sud-Est au cours de la première année de la pandémie, note de bas 72 et une augmentation de 73 % des cybercrimes haineux impliquant des victimes asiatiques au cours de la même période. note de bas 73
Il peut être problématique de se fier aux données officielles sur la victimisation liée à la cyberhaine déclarée par la police, car la plupart des affaires de cyberhaine ne sont pas portées à l’attention des services de police et ne sont donc pas comptabilisées dans les statistiques officielles. Les résultats de la recherche qui utilisent d’autres moyens de documenter la cyberhaine peuvent donc être utiles pour combler l’écart entre la cyberhaine déclarée et non déclarée.
De récentes recherches canadiennes laissent entendre que l’écart est important. Voici quelques exemples :
- Les discours haineux en ligne ont augmenté de 600 % entre novembre 2015 et novembre 2016. note de bas 74 Cette augmentation sans précédent a coïncidé avec une montée de la politique populiste et de la rhétorique politique incendiaire qui ont normalisé les discours haineux en ligne et d’autres formes de discours haineux en dépeignant les groupes racialisés, les immigrants et les minorités religieuses comme des menaces à la sécurité communautaire et nationale.
- Une étude menée par le Leadership Lab de l’Université métropolitaine de Toronto a posé à 2 000 personnes canadiennes (âgés de 16 ans et plus) des questions sur leurs expériences personnelles de cyberhaine. Parmi les répondants au sondage, 40 % ont déclaré avoir été exposés à la cyberhaine chaque mois ou chaque semaine, 5 % de plus ont déclaré y avoir été exposés quotidiennement, et 8 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été la cible de haine en ligne qui les a amenés à craindre pour leur sécurité. note de bas 75
Cyberhaine : aperçu de certains facteurs particulièrement pertinents pour les services policiers
- Les répercussions de la cyberhaine — comme les crimes haineux en général — sont ressenties par les victimes et l’ensemble de la communauté (pour de plus amples renseignements sur les répercussions des crimes haineux sur les personnes, leur communauté et l’ensemble de la société, voir : Les répercussions de la haine sur les victimes, les communautés et la société), mais aussi par la société de façon plus générale. La compréhension des vastes répercussions de la haine peut aider les services de police et les organismes partenaires de services aux victimes à répondre aux besoins diversifiés et souvent complexes des victimes.
- La cyberhaine peut être une forme de communication en ligne lancée par des groupes haineux/extrémistes organisés dans le but de recruter des sympathisants et de communiquer, de mobiliser puis de coordonner une action collective (par exemple, en encourageant le rejet de certaines personnes et certains groupes, et la haine et la violence à l’égard de ces derniers).note de bas 76 Il est toutefois important de reconnaître que les délinquants qui ne sont pas affiliés à des groupes haineux organisés semblent être les plus susceptibles de perpétrer de la cyberhaine (pour plus d’information, voir : Les groupes haineux au Canada).note de bas 77
- La cyberhaine augmente souvent, parfois de façon spectaculaire, à la suite d’événements « déclencheurs » hors ligne d’importance locale, nationale ou mondiale, comme des manifestations, des émeutes, des crimes violents très médiatisés, des attaques terroristes (et des anniversaires de ces attaques) et des affaires judiciaires.note de bas 78 De cette façon, que la cyberhaine est censée refléter un désir de représailles contre des membres innocents du groupe plus vaste quel’on pense être responsables de l’événement déclencheur ou y être associés.note de bas 79 Il semble que la période de risque extrêmement élevé de perpétuation de cyberhaine à la suite d’un événement déclencheur est de 24 à 48 heures, ce qui signifie qu’il y a une « augmentation marquée et mesurable » des crimes et des incidents de cyberhaine 24 à 48 heures après l’événement déclencheur. (La période de 48 à 72 heures correspond à la période de risque extrêmement élevé de pics de crimes haineux hors ligne à la suite d’un événement déclencheur).note de bas 80
Réaction à la cyberhaine
Les crimes haineux commis sur Internet présentent des défis particuliers pour la force policière, notamment : note de bas 81
- le volume de communications en ligne;
- le manque de capacité à surveiller la cyberhaine et à y réagir (sur le plan des ressources, des obstacles technologiques, etc.);
- la nature intergouvernementale du cyberespace, qui peut créer des problèmes de compétence en matière de justice pénale et compliquer les efforts d’identification des victimes et des auteurs des crimes;
- la facilité, la rapidité et l’anonymat avec lesquels le contenu peut être diffusé.
Ces défis et d’autres encore signifient que les réponses officielles actuelles à la cyberhaine sont généralement de nature réactive et reposent sur le fait que les utilisateurs signalent du contenu offensant et haineux aux plateformes médiatiques ou au service de police compétent aux fins d’examen et de réparation possible (c'est-à-dire retrait du contenu offensant, dépôt d’accusations criminelles, etc.).
Les agents de police qui reçoivent des rapports de cyberhaine devraient connaître les articles existants du Code criminel applicables aux actes criminels motivés par la haine commis sur Internet et suivre les recommandations concernant l’intervention initiale consignées dans Guide d’intervention initiale à la suite d’un crime ou d’un incident haineux pour le policier de première ligne (disponible sur demande : hcrepositorydepotdinformationsurlesch@rcmp-grc.gc.ca).
Pour plus d’information, voir: Hatepedia Guide to Online Hate by the ADL (en anglais seulement).
Ressources additionnelles
- « Les crimes haineux en ligne sont en hausse, mais un expert en cybersécurité affirme qu’ils sont rarement signalés » (en anglais seulement)
- « La haine des personnes 2ELGBTQIA+ au Canada doit cesser » (avec une section sur la haine en ligne) (en anglais seulement)
- « Pas de rétablissement de la pandémie de COVID-19 à moins de mettre un frein à l’éclosion de haine violente en ligne » (en anglais seulement)
- « Crimes haineux en ligne par “zoom-bombing” dans le contexte de la pandémie de COVID-19 » (en anglais seulement)
Existe-t-il un lien entre le crime haineux et l’extrémisme violent?
Renseignements généraux
Le concept d’extrémisme violent renvoie aux croyances et aux actions de personnes qui appuient ou utilisent la violence pour atteindre des objectifs idéologiques, religieux ou politiques extrêmes. note de bas 82 Autrement dit, l’extrémisme violent est une expression large et inclusive qui décrit un éventail d’idéologies et de systèmes de croyances; la violence extrémiste n’est pas propre à un groupe, à un contexte, à une religion ou à une culture en particulier. En effet, les recherches ne cessent de montrer que les auteurs de tels actes de violence proviennent de divers milieux socioéconomiques, religieux, raciaux et ethniques. note de bas 83
Le gouvernement du Canada et les organismes de sécurité ont adopté une typologie, ou un système de classification dérivé des définitions de l’extrémisme violent dans le Code criminel du Canada (art. 83.01) et la Loi sur le SCRS (art. 2c), qui comprend trois grandes catégories d’extrémisme violent : à caractère idéologique, à caractère politique et à caractère religieux. note de bas 84 Il est important de noter que ces catégories ne s’excluent pas mutuellement, étant donné que les idéologies et les systèmes de croyance extrémistes découlent souvent de griefs personnels d’un individu donné et qu’ils sont adaptés à ces griefs. Chaque catégorie est abordée plus en détail ci-dessous :
- L’extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI)
- Provoqué par une combinaison d’idées et de récriminations, plutôt que par un seul système de croyances. Il englobe la violence motivée par le genre (y compris les célibataires involontaires ou Incel et la violence anti-2ELGBTQI+), la xénophobie (y compris la violence anti-immigrants, raciste et ethnonationaliste), l’antiautoritarisme (y compris la violence contre le gouvernement, la violence contre les organismes d’application de la loi et la violence anarchiste) et d’autres formes de violence motivée par des griefs (y compris la violence commise par des personnes sans lien avec un groupe organisé ou une organisation externe).
- L’extrémisme violent à caractère politique (EVCP)
- Encourage le recours à la violence pour instaurer de nouveaux régimes politiques ou pour modifier les structures et les normes des régimes existants.
- L’extrémisme violent à caractère religieux (EVCR)
- Encourage le recours à la violence dans le cadre d’une lutte spirituelle contre un système jugé immoral.
À quoi ressemble le paysage actuel des menaces extrémistes au Canada?
Bien que l’extrémisme violent à caractère religieux ou l’extrémisme violent à caractère politique constitue une menace à la sécurité nationale du Canada et à la sécurité des personnes canadiennes en général, l’EVCI semble poser une menace particulièrement importante. Une publication récente du SCRS citée par le gouvernement du Canada note de bas 85 indiquait que de 2014 à 2020 :
[…] des personnes canadiennes motivées en tout ou en partie par des opinions relevant de l’extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI) ont tué 21 personnes et en ont blessé 40 autres au pays – plus que ceux qui se réclament de l’extrémisme violent à caractère religieux (EVCR) ou de l’extrémisme violent à caractère politique (EVCP). Au début de 2020, par exemple, des accusations ont été déposées contre un Canadien mineur adhérant à l’idéologie des célibataires involontaires (Incel) en vertu des dispositions relatives au terrorisme du Code criminel. […] Souvent, les agissements de ces personnes ou de ces cellules ne résultent pas clairement de l’appartenance à un groupe organisé ou d’une influence externe, mais prennent néanmoins forme en ligne, au sein de caisses de résonance (voix et messages haineux) qui normalisent et préconisent le recours à la violence.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les discours à caractère xénophobe et antiautoritaire, dont beaucoup peuvent influer, directement ou non, sur des considérations relatives à la sécurité nationale. En ligne, des extrémistes violents continuent d’exploiter la pandémie en amplifiant de fausses informations sur les mesures gouvernementales et le virus lui-même. Certains ne mettent pas en doute l’existence de la COVID-19, mais se réjouissent de cette crise susceptible d’accélérer l’effondrement de la société occidentale. D’autres adoptent des théories du complot sur la pandémie afin d’essayer de rationaliser et de justifier le recours à la violence. Ces discours contribuent à l’effritement de la confiance dans l’intégrité du gouvernement et des forces de l’ordre et à l’incitation à la méfiance à l’égard des experts scientifiques. Si certains aspects des théories du complot relèvent d’une revendication légitime de la liberté d’expression, les discours tenus en ligne sont de plus en plus violents et appellent à l’arrestation et à l’exécution de certaines personnes, ce qui est très inquiétant.
En 2020, le SCRS a estimé que la rhétorique menaçante de l’EVCI était plus fluide et diversifiée que jamais. En règle générale, les théories du complot liées à l’EVCI subissent souvent l’influence de tendances et de communautés virtuelles décentralisées d’influenceurs extrémistes qui interprètent les événements locaux, nationaux et mondiaux à travers le prisme du radicalisme. Souvent, des extrémistes reprennent ces interprétations élargies et les personnalisent en fonction d’inquiétudes présumées quant au bien-être économique, à la sécurité, à la pandémie de COVID-19 ou à des événements spéciaux.
Y a-t-il un lien entre les crimes haineux et l’extrémisme violent?
Il peut y en avoir, mais souvent il n’y en a pas. Selon les études, les crimes haineux et l’extrémisme violent ont des similitudes importantes note de bas 86 et devraient donc être considérés comme des « cousins proches ». Cela s’explique par le fait que, dans chaque cas, la cible de l’infraction est sélectionnée en raison de son identité de groupe, et non en raison de son comportement individuel, et parce que les crimes haineux et l’extrémisme violent visent spécifiquement à susciter la peur chez un plus grand nombre de personnes que les personnes directement touchées.
Il peut y avoir une relation temporelle (un ordre d’événements dans le temps) entre la haine et la violence extrémiste, c’est-à- dire que l’un peut déclencher l’autre. Plus précisément, certaines recherches ont révélé que l’extrémisme violent peut parfois être un précurseur de crimes haineux, tandis que d’autres ont indiqué le contraire, c’est-à-dire que les crimes haineux peuvent parfois être un précurseur de la violence extrémiste.
Les recherches ont révélé que certains crimes haineux sont perpétrés en réaction à des actes de violence extrémiste, servant de châtiment indirect contre des membres innocents du groupe que l’on croit responsable de l’acte extrémiste. note de bas 87 L’augmentation marquée de la victimisation liée aux crimes haineux ciblant les musulmans à la suite des attentats du 11 septembre 2001 illustre bien cette relation. Le risque de victimisation liée aux crimes haineux par personne interposée augmente — souvent de façon importante — au cours des quatre premières semaines d’une attaque extrémiste, bien que la première semaine semble généralement être la période où le risque de victimisation liée aux crimes haineux est extrêmement élevé.
Il semble également que les crimes haineux puissent être un indicateur de la violence extrémiste future. Les données probantes sur cette question sont, pour l’instant, limitées, mais certaines recherches récentes laissent entendre que les expressions de haine (qui se manifestent sous forme de crimes et d’incidents haineux) peuvent indiquer une escalade des incidents de faible niveau ou non criminels à des incidents plus violents (et donc criminels). Cette escalade est fondée sur le concept de « radicalisation menant à la violence », un processus par lequel une personne ou un groupe en vient à croire que la violence est un moyen légitime et même privilégié de promouvoir un système de croyances ou une cause idéologique en particulier. Par exemple, les recherches indiquent que les Incelss (célibataires involontaires) s’adonnent à la cyberhaine (c’est-à-dire à des discours de haine misogynes et suprémacistes blancs dans des forums en ligne), mais à mesure que leurs points de vue deviennent extrêmes, leurs actions peuvent aussi le devenir comme en témoignent un certain nombre d’attaques de masse très médiatisées au Canada et aux États-Unis. note de bas 88
Les résultats des recherches sur la relation qui existe parfois entre le crime haineux et la violence extrémiste ont des répercussions évidentes pour les services de police, qui peuvent jouer un rôle primordial en rassurant les victimes, en faisant de la prévention et en offrant du soutien communautaire à la suite de tels incidents. (Pour de plus amples renseignements sur les services rassurants, les services de prévention et les services de soutien communautaire de la force policière, voir : La prévention des crimes haineux : un complément important aux approches réactives, fondées sur l’application de la loi).
Ressources additionnelles
Pour une étude de cas qui illustre le lien qui existe parfois entre les crimes haineux et l’extrémisme violent, voir :
La prévention des crimes haineux : un complément important aux approches réactives, fondées sur l’application de la loi
Contexte
Des pics récents et notables de crimes et d’incidents haineux ont incité les services de police de tout le Canada à considérer la prévention et le contrôle des crimes haineux comme des priorités opérationnelles. Bien que les approches réactives et fondées sur l’application de la loi représentent un moyen important de tenir les auteurs présumés responsables et de fournir un accès à la justice et un soutien aux victimes qui demandent réparation, une intervention policière complète à la suite d’un crime haineux met l’accent notamment sur la prévention.
La prévention proactive des crimes haineux peut contribuer à endiguer la vague de crimes et d’incidents haineux et le tort immense qu’ils causent aux victimes, à leur communauté et à l’ensemble de la société. Le fait de mettre l’accent sur la prévention des crimes haineux, parallèlement à une intervention forte, positive et réactive immédiate, envoie également le message que le service de police compétent est déterminé à concevoir, à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies robustes et multidimensionnelles pour lutter contre la haine.
En plus de prévenir les crimes et les incidents haineux, de les réduire et d’y réagir, une approche fondée à la fois sur l’application de la loi et la prévention comporte d’autres avantages, notamment un sentiment accru de sécurité chez les communautés touchées, ainsi qu’un niveau plus élevé de satisfaction et de confiance vis-à-vis du service de police compétent. Selon des recherches, de tels avantages sont généralement associés à l’augmentation de la légitimité perçue de la force policière, ce qui accroît la probabilité que les membres de la communauté signalent au service de police la victimisation et la perpétration de crimes haineux et coopèrent autrement au processus de justice pénale. note de bas 89
Ce bref résumé de recherche donne un aperçu des principaux termes et activités associés au travail de prévention des crimes haineux, ainsi que des recommandations précises et fondées sur des données probantes que les policiers de première ligne peuvent appliquer pour améliorer la qualité de leurs interactions avec les civils, contribuant ainsi à renforcer les relations et la confiance au sein de la communauté.
Terminologie clé
Les activités policières axées sur la communauté correspondent à une philosophie qui favorise des stratégies organisationnelles qui appuient le recours à des partenariats et des techniques de résolution de problèmes en collaboration pour aborder de façon proactive les questions de sécurité communautaire. Les activités policières axées sur la communauté comprennent trois éléments principaux :
- des partenariats actifs entre les services de police et la communauté pour cerner les problèmes locaux;
- l’adaptation de la gestion, de la structure et des systèmes d’information organisationnels pour mieux soutenir la communauté; et
- la collaboration proactive pour régler les problèmes locaux. note de bas 90
La notion de légitimité de la police signifie que l’on croit que la police est l’autorité compétente pour maintenir l’ordre social, gérer les conflits et résoudre les problèmes dans la collectivité. La légitimité de la police est souvent mesurée en fonction des éléments qui suivent : note de bas 91
- La confiance du public envers les services de police.
- La volonté de s’en remettre à la loi et aux autorités policières.
- La croyance que les interventions policières sont justifiées et adaptées aux circonstances.
Les perceptions de la légitimité de la police sont importantes car elles déterminent dans quelle mesure une personne respecte la loi et est disposé à aider la police lorsque cela est nécessaire pour lutter contre la criminalité au sein de la communauté, indépendamment du fait que l’issue ait été ou non favorable à son cas : note de bas 92
L’accent mis sur les activités policières de justice procédurale est un moyen important d’améliorer les relations avec la communauté et d’accroître la légitimité perçue des services de police. note de bas 93 Les recherches indiquent que lorsque les gens perçoivent leur interaction avec les policiers comme étant juste sur le plan de la procédure — c’est-à-dire qu’ils ont l’impression d’avoir été traités avec dignité et respect — ils sont beaucoup plus susceptibles de considérer les services de police comme légitimes et par extension, ils sont plus susceptibles d’obéir à la loi et de coopérer avec les services de police pour aider à régler les problèmes liés à la criminalité dans la communauté. Vous trouverez ci-dessous des renseignements précis sur la façon d’assurer des interactions équitables sur le plan de la procédure avec les civils.
Travail de prévention des crimes haineux : qu’est-ce que cela comporte et pourquoi est-ce important?
La plupart des travaux de prévention des crimes haineux reposent sur un cadre de services de police communautaires, qui suppose un engagement communautaire profond et soutenu pour atteindre les objectifs suivants : note de bas 94
- Établir des relations et accroître la confiance entre les services de police et les communautés qu’elle sert, en mettant particulièrement l’accent sur les communautés les plus vulnérables à la victimisation liée aux crimes haineux;
- Promouvoir les connaissances et l’état de préparation de la communauté concernant les crimes haineux;
- Accroître la déclaration de crimes par les victimes et la communauté;
- Dissuader les délinquants potentiels;
- Améliorer la réponse globale de la force policière aux crimes haineux.
Plus précisément, le lien entre ces activités vise à empêcher que les crimes et les incidents haineux se répètent, de la manière suivante :
- Entretenir des relations afin d’établir une structure et un réseau sur lesquels il est possible de s’appuyer en cas de tensions, d’enquête ou d’incident grave. Les recherches révèlent que le renforcement des relations entre les services de police et la communauté peut :
- accroître la probabilité que les victimes signalent des crimes et des incidents haineux aux policiers, et que les auteurs présumés soient par la suite identifiés et tenus responsables;
- favoriser une plus grande volonté de la communauté de collaborer avec les policiers, notamment en ce qui concerne l’échange de renseignements sur l’identité des auteurs de crimes ou la notification proactive des services de police au sujet de personnes qui suscitent des inquiétudes dans la communauté. Par conséquent, il est essentiel d’entretenir des relations et de cultiver la confiance afin de faciliter la déclaration de crimes et d’incidents haineux pour empêcher qu’ils se produisent ou se reproduisent dans la communauté.
- Travailler de façon proactive avec les membres et les groupes de la communauté pour :
- sensibiliser la communauté aux crimes haineux en créant des campagnes de sensibilisation du public qui informent les membres de la communauté sur la distinction entre les crimes haineux et les incidents haineux, et les protections juridiques contre les crimes haineux, ainsi que les formes d’aide et d’intervention offertes;
- améliorer la préparation générale à la prévention de la victimisation ou de la victimisation répétée en effectuant des vérifications de sécurité et en améliorant les mesures de sécurité pour les personnes qui risquent particulièrement d’être ciblées par un crime haineux.
- Dissuader les délinquants potentiels :
- La mise en œuvre d’approches robustes et exhaustives en matière de répression des crimes haineux peut également avoir des effets dissuasifs essentiels dans la mesure où ces approches dénoncent publiquement les crimes et incidents motivés par la haine et font savoir aux délinquants potentiels que de tels crimes feront l’objet d’une enquête rigoureuse.
Activités policières de justice procédurale : un modèle pour renforcer les relations et la confiance entre la force policière et la communauté
Bien que les activités d’application de la loi et de prévention soient des éléments importants d’une intervention policière complète à la suite des crimes ou des incidents haineux, elles ne suffisent pas, à elles seules, à améliorer les relations et à bâtir la confiance. Les recherches donnent à penser que la qualité de l’interaction entre les policiers et les membres de la communauté joue un rôle crucial; note de bas 95 des interactions positives avec le public et une prise de décision équitable peuvent améliorer la perception du public à l’égard des policiers, aider à rehausser les niveaux de confiance, et renforcer la légitimité policière.
Le concept de justice procédurale (ou d’équité procédurale) fournit un cadre utile pour aider les policiers à établir des relatives positives avec la population et les avantages documentés qui peuvent en découler. Le rôle des policiers dans le cadre de la justice procédurale consiste à appliquer les quatre principes de la justice procédurale à tous les contacts courants avec le public. Les voici : note de bas 96
- Voix
- Il faut que les gens aient la possibilité de raconter leur version des faits et qu’ils aient l’impression que les personnes en position d’autorité écouteront et réfléchiront sincèrement avant de prendre une décision.
- Neutralité
- Les gens doivent considérer les personnes en position d’autorité comme des décideurs neutres et qui s’appuient sur des principes, qui appliquent les règles de façon uniforme et transparente et qui ne fondent pas leurs décisions sur leurs opinions ou leurs préjugés.
- Respect
- Les gens doivent se sentir respectés et traités avec courtoisie par les personnes en position d’autorité, croire que leurs droits sont considérés comme égaux à ceux des autres et que leurs problèmes seront pris au sérieux.
- Motifs fiables
- Les gens doivent considérer les personnes en position d’autorité comme des personnes qui ont des motifs dignes de confiance, qui sont sincères et authentiques, qui écoutent et se soucient des autres et qui essaient de faire ce qui est juste pour toutes les personnes concernées.
Activités policières rassurantes
Un deuxième mécanisme qui, selon les recherches, peut accroître la satisfaction des victimes qui rencontrent les policiers est une politique de « rappel » (soit une activité policière visant à rassurer les victimes) qui consiste à communiquer de façon proactive avec les victimes après leur premier contact – par téléphone ou en personne (cette dernière façon est généralement réservée aux victimes de crimes graves avec violence), peu importe l’état de leur dossier. note de bas 97 L’objectif principal du rappel est de faire le point avec les victimes et de leur offrir l’accès à une foule de ressources et de mesures de soutien pour faciliter le processus de guérison. Les victimes ont ainsi le sentiment que le service de police compétent est déterminé à se montrer solidaire et à offrir un soutien qui va au-delà du signalement initial. Les recherches laissent entendre que les rappels rassurent effectivement les victimes et qu’ils peuvent améliorer le niveau de satisfaction des victimes à l’égard de la force policière, ce qui est un facteur important de l’accroissement de la légitimité perçue des services de police. note de bas 98 Certaines recherches indiquent également que ces effets peuvent être particulièrement prononcés pour les victimes appartenant à des groupes racialisés et religieux minoritaires. note de bas 99
La notion d’activités policières rassurantes a été élargie dans le contexte des crimes haineux pour inclure la sécurité et le soutien aux communautés touchées par les crimes haineux commis localement, ailleurs au Canada ou dans d’autres pays. Par exemple, un attentat perpétré en 2017 par un suprémaciste blanc lors de la prière du soir au Centre culturel islamique de Québec a fait six morts et cinq blessés graves parmi les fidèles. L’attaque a suscité énormément de craintes dans les communautés musulmanes, qui craignaient que l’incident ne soit une source de violence dans les mosquées d’autres endroits. En réponse, les services de police compétents au Canada et à l’étranger ont déployé des variantes d’« activités policières rassurantes », le plus souvent avec une présence policière importante et visible et des patrouilles à proximité des mosquées locales. Cette réponse visait à reconnaître la gravité de ce qui s’est passé au Centre culturel islamique, à admettre le risque plus vaste que représentent les centres et les événements islamiques, à être solidaire des communautés musulmanes et à abaisser les niveaux élevés de peur dans la communauté. Ces formes très visibles d’activités policières rassurantes visent également à dissuader les délinquants potentiels de commettre des crimes et des incidents haineux, en augmentant le risque perçu de détection et d’arrestation.
Le renforcement de la capacité de prévenir les crimes haineux exige des adaptations organisationnelles et des stratégies qui appuient le recours systématique à la participation communautaire, aux partenariats et aux approches proactives pour cerner et régler les problèmes de sécurité communautaire. Bien que de nombreux services de police aient intégré des stratégies de maintien de l’ordre et de participation communautaires dans leurs plans opérationnels généraux, des recherches internationales montrent que le niveau d’engagement organisationnel à l’égard de ce travail est inégal; certains services se livrent à des activités communautaires approfondies et soutenues de maintien de l’ordre et de participation parallèlement à des activités d’application de la loi, tandis que d’autres montrent un engagement moins marqué à l’égard de la participation proactive et de l’établissement de relations dans la communauté. note de bas 100
D’une façon ou d’une autre, les policiers peuvent contribuer à des efforts élargis de prévention et de participation en appliquant les principes de la justice procédurale à toutes les interactions avec les citoyens et en rassurant les victimes d’incidents haineux et leur communauté après l’incident. Les recherches révèlent que le respect constant des principes de justice procédurale et les activités policières rassurantes peuvent jouer un rôle clé dans l’amélioration de la légitimité perçue de la force policière et par extension, de la coopération des citoyens, ce qui peut aider à prévenir, réduire ou régler une foule de problèmes de sécurité communautaire, notamment les crimes et les incidents haineux. note de bas 101
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