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Gendarmerie royale du Canada

Avec un demi-siècle de service, le sergent Bernie Martin a tout vu en matière de crimes financiers

Par Ian Lordon

Carrières

Il y a plus de 50 ans, le sergent Bernie Martin a décidé de se joindre à la GRC, et il ne regrette pas son choix.


Image par Martine Chenier

5 décembre 2024

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La vie d'un agent de la GRC est toujours pleine de surprises, même après 50 ans de service.

Le sergent Bernie Martin, pensant avoir tout vu après avoir travaillé dans le milieu policier depuis si longtemps, s'en est vu rappeler une fois de plus en octobre lorsque le commissaire Mike Duheme lui a remis, sans préavis, un certificat attestant de ses 50 ans en tant que membre.

« Monsieur, ce n'était pas moi! » s'est exclamé M. Martin lorsque le commissaire a interrompu une réunion à la Direction générale d'Ottawa et a demandé à l'enquêteur chevronné en criminalité financière de venir à l'avant et d'accepter cet honneur amplement mérité. Le refus de M. Martin s'est peut-être un peu écarté de la valeur fondamentale de la GRC de « prendre ses responsabilités ». Cela dit, il a largement compensé en ayant servi avec excellence depuis 1974.

Le commissaire Mike Duheme est fier de remettre au sergent Martin un certificat reconnaissant ses 50 années de loyaux services à la GRC. Image par Martine Chenier.

Troupe 25

M. Martin était à peine sorti de l'adolescence lorsqu'il s'est joint à la GRC. Il n'avait que 20 ans, mais il se souvient très bien du matin d'automne où il a quitté sa maison de Truro, en Nouvelle-Écosse, pour devenir membre de la GRC.

« Le 4 novembre », se remémore-t-il. « C'était un lundi, comme cette année. Je me suis levé le lundi matin et mes parents m'ont conduit à la Direction générale de la Division H sur la rue Hollis, à Halifax. Nous étions trois à nous présenter : moi, un ami et un autre gars que je ne connaissais pas. Nous avons prêté serment et nous sommes allés à l'aéroport pour nous rendre à Regina. C'était aussi simple que cela. »

C'est à Regina, en Saskatchewan, que se trouve l'École de la GRC, également connue sous le nom de Division Dépôt, où les nouvelles recrues apprennent encore à ce jour les tenants et aboutissants du métier de policier. Cela dit, le programme d'il y a cinquante ans n'était pas exactement ce qu'il est aujourd'hui.

« Quand j'étais à la Division Dépôt, il fallait apprendre à taper à la machine. Je crois qu'il fallait écrire 40 mots par minute », explique M. Martin. « Ils avaient ces vieilles machines à écrire Underwood abîmées qui sautaient, et ils vous faisaient payer pour les espaces manquantes que la machine faisait pour vous. »

À l'âge de 20 ans, le sergent Martin s'est inscrit à l'académie de formation de la GRC à Regina et a obtenu son diplôme à la Division Dépôt en tant que membre de la Troupe 25. Image fournie par le sergent Bernie Martin.

Après avoir appris à maîtriser la machine Underwood et réussi le reste de sa formation, M. Martin rejoint la Division O de l'Ontario, à Windsor, pour sa première affectation. Il y passe deux ans avant de se joindre à ce qui était à l'époque l'équipe des délits commerciaux de Toronto. Il a ensuite déménagé dans la ville voisine de Chatham, où il a passé la meilleure partie de sa carrière et où il se sent désormais chez lui.

« Ils m'ont envoyé là-bas pour une période de six mois à un an. Ne vous attendez pas à y passer un an, m'ont-ils dit. C'était en 1981 », se souvient-il. « C'était à l'époque la Section des enquêtes générales. Elle est ensuite devenue la Section de l'exécution des lois fédérales. »

M. Martin rejoint un petit détachement composé uniquement de quatre agents. Et si la taille de l'effectif était modeste, sa mission ne l'était pas. Dans les années soixante-dix, le mandat d'un agent de la GRC était beaucoup plus large et varié qu'il ne l'est aujourd'hui. Il fallait faire preuve de souplesse et d'ingéniosité.

« Nous travaillions à l'application de quelque 69 lois. Qu'il s'agisse de lois sur les oiseaux migrateurs, la citoyenneté et l'immigration, la Loi sur les banques et la Loi de l'impôt sur le revenu; les brigades des stupéfiants; les douanes et accises; la Loi sur la marine marchande du Canada et les règlements relatifs aux petits navires. Nous avons fait naviguer des bateaux sur les lacs et rivières tout en veillant à l'application des lois. Mais au fil des ans, une grande partie de ces activités a été confiée à d'autres agences », explique-t-il. « C'est une expérience que quelqu'un qui va à la Division O aujourd'hui ne pourra jamais vivre. Vous deviez résoudre vos propres problèmes. »

Quelques années plus tard, M. Martin a rencontré et épousé sa femme Ruth : un autre partenariat fructueux et durable. Résultat? Une fille, deux fils et, plus tard, huit petits-enfants.

« J'ai passé mes cinq premières années en tant que célibataire. Elle savait donc à quoi s'attendre lorsque nous avons commencé », dit-il en riant. « Ma femme et moi en sommes à 44 ans de vie conjugale. »

Ce n'est qu'en 1994, alors que M. Martin a déjà deux décennies de service derrière lui, qu'il commence à enquêter sur les produits de la criminalité – une spécialisation qui lui convient si bien qu'il ne se résout toujours pas à l'abandonner en 2024.

« J'ai été détaché dans le cadre d'une initiative de lutte contre la contrebande mise en place par le gouvernement en février 1994. Les produits de la criminalité en faisaient partie et j'ai été en quelque sorte de nouveau détaché, cette fois aux produits de la criminalité. C'était en juillet 1994, et j'y suis resté depuis », raconte-t-il. « Les produits de la criminalité ne sont pas une question de chiffres, mais de crimes qui rapportent de l'argent. Et si l'on découvre comment le crime est commis, on peut retirer cet argent aux criminels et les mettre en prison. Je me suis rendu compte qu'il y avait de bonnes enquêtes à faire dans ce domaine. Il faut réfléchir et faire des liens; c'est devenu amusant avec le temps. »

Le « parrain » de la criminalité financière

Tellement amusant qu'aujourd'hui, 30 ans plus tard, M. Martin a acquis une certaine réputation auprès de ses collègues dans le monde des enquêtes sur la criminalité financière.

« Avec ses 50 ans d'expérience en matière d'enquête, le sergent Martin est reconnu par beaucoup au sein de notre programme comme le parrain de la criminalité financière », explique la surintendante Adrienne Vickery, directrice du Groupe de la criminalité financière de la police fédérale.

Pour Mme Vickery et ses collègues, l'expérience inégalée de M. Martin est une ressource inestimable. « Il est reconnu par ses subordonnés, ses pairs et ses supérieurs comme un leader et un mentor qui prend toujours le temps de développer les compétences de ceux qui l'entourent », raconte-t-elle. « Sa contribution à la GRC et au Programme de criminalité financière est légendaire. »

Le sergent Martin collabore avec la surintendante Adrienne Vickery, directrice du Groupe de la criminalité financière de la police fédérale, afin d'enquêter sur la criminalité financière et la réprimer. Image par Martine Chenier.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, même après 50 ans de service à gravir les échelons, M. Martin n'occupe que la quatrième place sur la liste des membres ayant servi le plus longtemps dans l'ère moderne de la GRC. La première place revient à l'inspecteur Paul Cheney, qui a pris sa retraite en 2019 après une carrière remarquable de 54 ans.

M. Martin affirme cependant qu'il ne souhaite pas établir de records; c'est sa passion pour le métier qui lui permet de rester. Et il n'envisage rien d'autre pour le moment.

« Il me manque des passe-temps », dit-il en riant, admettant qu'il n'avait pas l'intention de passer un demi-siècle en uniforme lorsqu'il a quitté son domicile de Truro ce matin de novembre. « C'est tout simplement arrivé comme ça. Je ne cherche pas à atteindre un quelconque objectif. Je ne veux pas être au sommet. Si je me réveille un matin et qu'il y a quelque chose que je préférerais faire, alors peut-être que je prendrai ma retraite et que je resterai à la maison. »

Qui sait?

Carrières

  1. Entamer une seconde carrière à la GRC

    Entrer à la GRC pour entamer une seconde carrière n'est pas inusité : l'âge moyen des cadets à la Division Dépôt, le centre de formation national, est de 28 ans.

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