La GRC lance un projet pilote de formation à la langue mi’kmaw
Par George Saliba

Réconciliation
Karine Way est la toute première coordonnatrice nationale des langues autochtones à la GRC.
Image par GRC
26 septembre 2025
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Un premier groupe de 35 employés de la GRC en Nouvelle-Écosse est sur le point d’amorcer une formation en langue autochtone dans le cadre d’un projet pilote destiné à renforcer la réconciliation.
« Reconnaître la langue, c’est reconnaître la culture », fait remarquer Daniel Campbell, directeur des Langues officielles à la GRC, qui explique que cette formation découle de la création du Programme de langues autochtones (PLA) qui relève de la Direction des langues officielles (DLO).
« Il existe plus de 70 langues inuites, métisses et des Premières Nations au Canada et le PLA vise à appuyer et à favoriser l’utilisation de ces langues et à créer des occasions de resserrer les liens avec les communautés autochtones que nous servons », poursuit-il.
Le programme, qui gagne en importance, est conforme aux objectifs de la Loi sur les langues autochtones et vise à aider les employés de la GRC à mieux servir les communautés autochtones. Sa création, ainsi que le projet pilote de formation linguistique, est le résultat d’une série de consultations internes et publiques que la DLO a menées l’an dernier dans le cadre de la Stratégie sur les langues officielles de la GRC.
« Des Autochtones nous ont dit qu’il serait bon de former des policiers et des employés de la GRC aux langues autochtones afin de renforcer les relations et la confiance avec les communautés qu’ils servent », de dire Karine Way, première coordonnatrice des langues autochtones de la GRC. « Nous les avons entendus et le projet pilote du PLA existe dans cette optique. »
Membre de la Première Nation crie de Waswanipi (Québec), Mme Way a été nommée au poste qu’elle occupe à la création du PLA, en décembre 2023.
Consultations et échanges fructueux

Image par Serge Gouin, GRC
Afin de mieux comprendre les besoins linguistiques des Inuits, des Métis et des membres des Premières Nations, et s’assurer que le PLA contribue à y répondre, la DLO a entrepris une série de consultations avec les employés autochtones de la GRC, ainsi que des organisations et des communautés autochtones. Il s’agissait notamment de sondages et d’échanges en personne, avec la participation de membres du Réseau des femmes autochtones (RFA) de la GRC.
« En consultant les réseaux d’employés autochtones, les organisations tirent parti de l’expertise, des connaissances et de l’expérience de personnes qui comprennent les défis et les occasions qui existent à la GRC et dans leurs communautés », fait remarquer la sergente Kelly Willis, présidente fondatrice du RFA.
« Les réseaux d’employés autochtones comme le nôtre contribuent à façonner les programmes qui comptent pour nos communautés », abonde Tracey Paul Kirkpatrick, la coprésidente du RFA. « Les occasions de travailler avec des organisations afin que des initiatives comme le PLA soient culturellement pertinentes et appuient véritablement la réconciliation sont précieuses à nos yeux. »
Lors des consultations, des membres de communautés ont fait valoir qu’en communiquant en langue autochtone, les employés de la GRC contribueraient à renforcer les relations et à appuyer les efforts de revitalisation linguistique.
« Lorsque nous nous sommes adressés aux communautés des Premières Nations en Nouvelle-Écosse et aux groupes inuits au Nunavut, nous avons entendu le même message : la connaissance des langues autochtones aiderait la GRC à recruter davantage d’employés autochtones, ce qui constituerait un véritable pas en avant vers la réconciliation », poursuit Mme Way.
Les consultations publiques ont par ailleurs montré l’engouement de certains employés de la GRC pour les outils d’apprentissage et la formation aux langues autochtones.
Formation à la langue mi’kmaw
« Nous espérons que les possibilités de formation aux langues autochtones contribueront à renforcer les liens culturels entre les employés de la GRC et les communautés qu’ils servent, et à soutenir les employés inuits, métis et des Premières Nations qui cherchent à se réapproprier, à conserver, à renforcer ou à revitaliser leur langue traditionnelle », confie Mme Way.
Le projet pilote qui se déroule en Nouvelle-Écosse comporte deux volets : un cours de base en ligne et un programme mentor-apprenti (PMA).
Le cours en ligne permet d’apprendre des phrases utiles et de comprendre la culture, tandis que le PMA offre un enseignement immersif et individuel avec un mentor mi’kmaq. Les premières sessions du PMA devraient débuter en septembre 2025.
« Ce cours m’a beaucoup aidée dans mon rôle actuel de coordinatrice des caméras d’intervention qui consiste à examiner des images pour différentes communautés mi’kmaq en Nouvelle-Écosse », explique Nicole Illsley, inscrite au cours. « De nombreux membres de la communauté communiquent en mi’kmaw et cette formation m’a permis d’améliorer considérablement ma capacité à les comprendre et à les soutenir plus efficacement. »
Mme Illsley explique qu’elle s’est inscrite au cours parce qu’elle souhaitait mieux comprendre la culture mi’kmaq.
« Grâce à cette formation, j’ai développé un véritable intérêt pour la langue », dit-elle. « Ça m’a permis de mieux comprendre la culture et de communiquer plus aisément avec les membres de la communauté. »
La DLO étudie maintenant la possibilité de développer des partenariats avec d’autres organismes de formation linguistique inuits, métis et des Premières Nations afin d’élargir le programme à l’échelle nationale.
« Nous sommes heureux de constater que la GRC agit pour faire une place à la formation aux langues autochtones et nous nous réjouissons de continuer à échanger sur ce sujet », s’enthousiasme la sergente Willis. « Le programme des langues autochtones et le projet pilote de formation à la langue mi’kmaw ne manqueront pas de faire avancer la réconciliation. »