La GRC redéfinit son rôle dans l’Arctique
Par Paul Northcott

Opérations
Des policiers de la GRC ont passé une partie de l'été 2022 à bord d'un navire de patrouille dans l'Arctique pour déterminer comment le bâtiment pourrait appuyer leurs activités.
Image par GRC
4 décembre 2023
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Alors que les changements climatiques transforment peu à peu l'Arctique et ouvrent des voies maritimes qui pourraient menacer la souveraineté du Canada dans la région, la GRC s'efforce de mieux définir son rôle dans ce vaste territoire nordique en pleine mutation.
« La souveraineté dans l'Arctique est bien établie sur les terres et les voies navigables intérieures » , analyse le sergent Jean-Luc Bédard, gestionnaire du volet Arctique du Programme de l'intégrité des frontières aux Opérations criminelles de la Police fédérale (OCPF). « Mais il y a une zone grise qui concerne le domaine maritime. Le meilleur moyen d'occuper le terrain consiste à établir des partenariats et à unir nos forces avec d'autres ministères. »
Partenaires dans l'Arctique
Il existe des différends internationaux à propos de la souveraineté canadienne sur le passage du Nord-Ouest et le tracé de la frontière canado-américaine dans la mer de Beaufort. C'est pourquoi une coopération plus étroite entre les partenaires et ministères du gouvernement serait bénéfique, croit le sergent Bédard. « Nous voulons asseoir l'autorité de la GRC comme organisme d'application de la loi canadien dans les eaux arctiques », explique-t-il.
Neuf policiers de la GRC ont donc passé une partie de l'été en 2022 à réfléchir à la façon dont l'organisation pourrait renforcer la collaboration dans l'Arctique avec ses partenaires fédéraux : les Forces armées canadiennes (FAC), la Garde côtière canadienne (GCC) et l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
En août et septembre, les policiers ont passé du temps sur le NCSM Margaret-Brooke, l'un des tout nouveaux patrouilleurs hauturiers de la Marine royale canadienne qui sillonne l'Arctique. Ils ont notamment discuté de la manière dont ce bâtiment pourrait appuyer les Forces armées canadiennes et la GRC dans le Nord.
« Je prédis que dans 30 ans l'Arctique sera ouvert à la navigation », lance le sergent Bédard, qui s'attend également à une hausse du trafic océanique et des intérêts économiques dans la région. « À terme, cela va également poser des risques à la frontière, en matière de crime organisé, de terrorisme et de sécurité nationale. »
Opération Nanook
À bord du NCSM Margaret-Brooke, les policiers de la GRC ont pris part à l'opération Nanook. Cet exercice naval annuel vise à protéger le Nord canadien avec d'autres pays de l'Arctique, comme les États-Unis et le Danemark.
Durant l'exercice, le navire a mis le cap sur le Haut-Arctique et sillonné certaines parties du passage du Nord-Ouest, afin de permettre aux policiers à bord d'acquérir de l'expérience dans les domaines de la sécurité frontalière, des opérations maritimes et du renseignement national.
« Il s'agit notamment de voir comment nous pouvons nous intégrer utilement à la Marine », explique le caporal Abdelmalek Mezdour, en poste à Iqaluit et qui était à bord du patrouilleur du 22 août au 3 septembre. Les policiers ont ainsi pu observer le fonctionnement du navire, avoir accès aux installations et participer à des réunions avec les chefs navals et les partenaires du domaine de la sécurité.
Présence modeste, mais constante
À plus petite échelle, des policiers de la GRC patrouillent depuis des années dans les eaux au large de Tuktoyaktuk (T.N.-O.), au nord du cercle arctique. « Le trafic maritime y est faible, mais croît légèrement chaque année », relève la sergent d'état-major Jody Achtymichuk, qui a patrouillé dans le secteur.
En 2022, la saison de patrouille à bord du zodiac de la GRC a duré sept semaines. Cette année, le Groupe fédéral de l'Arctique dans les Territoires du Nord-Ouest a utilisé un navire de patrouille Titan, plus imposant et plus robuste, équipé d'une technologie plus moderne.
« Nous n'avons qu'une faible présence dans l'océan Arctique. Comme un minuscule véhicule de patrouille sur une immense autoroute », illustre la sergent d'état-major Achtymichuk.
Ressources potentielles
L'autre défi, c'est le recul de la calotte glaciaire qui jusque-là agissait comme une barrière naturelle à l'exploration et à l'exploitation des ressources dans le Nord.
Le surintendant principal Jeff Christie, ex-officier responsable des Enquêtes criminelles dans les T.N.-O., croit que la police a de bonnes raisons de s'interroger sur la manière dont l'exploitation des ressources et l'activité commerciale croissantes se dérouleront dans le Nord; car ces changements auront pour corollaire une augmentation de la présence humaine et de l'activité criminelle dans la région.
« Que nous réserve l'avenir? » s'interroge-t-il « Nous devons travailler avec nos partenaires pour tenter de dresser un portrait de ce qu'il sera. »