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Gendarmerie royale du Canada

L’augmentation des cas d’exploitation sexuelle d’enfants poste pandémique n’est pas près de s’arrêter, selon la GRC

Par Meagan Massad

Enfants et jeunesse

La caporale Sharen Leung de la GRC aide depuis plus de sept ans à attraper les prédateurs en ligne. Elle dirige le Groupe intégré de lutte contre l'exploitation des enfants de la Colombie-Britannique, qui traque et poursuit les prédateurs.
Image par GRC

3 octobre 2024

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Les enfants ont passé beaucoup de temps à la maison et en ligne pendant la pandémie de COVID-19, et des prédateurs en ligne en ont profité, ce qui a mené à une hausse considérable des cas de cyberexploitation d'enfants. On s'attendait à ce que le phénomène diminue après la pandémie, mais les experts affirment qu'il est toujours bien présent.

La caporale Sharen Leung, du Groupe intégré de lutte contre l'exploitation des enfants de la Colombie-Britannique à la GRC, précise que les cas ne cessent d'augmenter, exposant les enfants à un risque plus élevé que jamais.

Hausse des cas

Dans la province, le nombre de cas d'exploitation d'enfants en ligne a plus que doublé ces deux dernières années. De janvier à septembre 2023, le Groupe a reçu 11 650 signalements de maltraitance, comparativement à 9 600 en 2022 et à 4 600 en 2021.

Cette tendance ne se limite pas à la Colombie-Britannique; les cas sont en hausse partout au Canada. Le Centre national contre l'exploitation des enfants (CNEE) de la GRC, le point de contact centralisé pour les enquêtes relatives à la cyberexploitation sexuelle d'enfants au pays et à l'étranger lorsque la victime ou le délinquant est canadien, a également constaté une augmentation importante du nombre de cas. Du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, le CNEE a reçu 102 932 signalements relatifs à des infractions présumées d'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet, soit une augmentation de 26 % par rapport à l'exercice précédent.

« Les signalements relatifs à la cyberexploitation sexuelle d'enfants sont en hausse constante. Ils nous tiennent occupés », explique la caporale Leung. « Ce fléau n'est pas près de disparaître. »

Traquer les prédateurs

Comme d'autres groupes intégrés de lutte contre l'exploitation des enfants au pays, celui de la Colombie-Britannique cherche à identifier et à aider les victimes de sévices sexuels en ligne et à identifier et à traduire en justice les auteurs de ces crimes et ceux qui accèdent à du matériel de pédopornographie, en produisent et en font le trafic.

Composé d'agents de la GRC, d'enquêteurs civils, d'analystes et de techniciens en expertise judiciaire numérique, le Groupe reçoit la plupart des signalements du CNEE, lesquels proviennent du National Center for Missing and Exploited Children des États-Unis, ainsi que du Federal Bureau of Investigation, des Homeland Security Investigations des États-Unis, de Cyberaide.ca, d'Échec au crime, d'Interpol et d'autres services de police partenaires ailleurs dans le monde.

Fonctionnement du Groupe de la Colombie-Britannique

Lorsqu'il a une idée générale de l'endroit où se trouve un délinquant ou une victime, le CNEE envoie le dossier au groupe de la région ou de la province concernée pour qu'il enquête. Un analyste du groupe examine alors le matériel et évalue le niveau de priorité du cas. Les enquêteurs préparent ensuite des demandes d'autorisation judiciaire pour obtenir des renseignements supplémentaires auprès de fournisseurs de services Internet et tenter d'identifier l'auteur et de déterminer où il se trouve. Diverses techniques d'enquête complètent ces démarches.

Dans ce genre d'enquêtes, les embûches sont nombreuses. Les technologies progressant rapidement, il est plus difficile de déterminer où se trouvent les victimes et les prédateurs. Il faut aussi savoir que les infractions sur Internet relèvent de compétences différentes, ce qui ajoute à la complexité.

« Les choses se compliquent lorsque les prédateurs se rendent dans d'autres pays, vivent dans une caravane ou n'ont aucune adresse à laquelle ils sont associés et se déplacent constamment. C'est alors beaucoup plus difficile de remonter jusqu'à eux, mais ce n'est pas impossible », confie la caporale Leung.

Jeunes appâtés dans les médias sociaux et les sites de jeux

La demande de matériel pédopornographique explicite étant en hausse, les prédateurs attirent les enfants depuis des sites de jeux ou des médias sociaux, là où ils peuvent discuter avec eux par le biais de casques d'écoute ou en leur écrivant des messages en privé. De nombreux jeux et plateformes de médias sociaux populaires, dont Minecraft, Roblox, Snapchat, Instagram et TikTok, ont une option de clavardage.

La caporale Leung raconte que les prédateurs sont rusés et savent comment mettre leurs jeunes victimes à l'aise. Ils commencent généralement par des discussions neutres, puis intègrent progressivement une connotation sexuelle aux propos. Ils peuvent demander du contenu à caractère sexuel aux jeunes, ce qui peut dégénérer en sextorsion. Les victimes sont alors soumises à un chantage pour fournir du contenu plus explicite ou de l'argent.

« On ne sait jamais avec certitude à qui on a affaire quand on échange, parce que les prédateurs se font souvent passer pour des jeunes. Ils utilisent cette tactique pour tisser un lien de confiance et établir une relation avec eux », révèle Kristin Duval, des Services d'enquêtes spécialisées et de nature délicate (SESND) à la GRC.

Il existe des ressources pour aider les jeunes qui pensent être victimes de sextorsion.

« Nous voulons que les jeunes sachent que les policiers sont là pour les aider. Les services de police de partout dans le monde sont unis pour lutter contre ces crimes », déclare le surintendant principal Gord Sage, des SESND, dont fait partie le CNEE.

Conseils pour les parents

Les parents ont aussi un certain pouvoir. Dans un monde virtuel où il est facile pour des inconnus d'engager une conversation avec des jeunes, les parents peuvent commencer par discuter ouvertement avec leurs enfants des risques qu'ils courent à communiquer des renseignements personnels.

« Les parents devraient au moins discuter avec leurs enfants et vérifier ponctuellement leurs activités en ligne », conseille la caporale Leung. « Il est important que les parents sachent qui sont les amis de leurs enfants, à qui ils parlent en ligne et sur quelles plateformes ils passent leur temps. La sensibilisation peut faire toute une différence. »

Besoin d'aide?

Cyberaide.ca fournit de l'information sur la sécurité en ligne et sur la manière de faire un signalement. Vous pouvez fournir votre nom et vos coordonnées ou remplir le formulaire de façon anonyme.

Te fais pas sextorquer renseigne sur la façon de se prémunir contre la sextorsion et d'obtenir de l'aide.

Aidez-moi svp fournit de l'information sur le soutien émotionnel, les démarches pour faire un signalement et l'aide à apporter à un ami, ainsi que des réponses aux questions les plus fréquentes.

Jeunesse j'écoute peut fournir une aide d'urgence sur le plan émotionnel et de l'information sur les mesures à prendre.

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