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Gendarmerie royale du Canada

Le Programme national de réintégration de la GRC aide les policiers à retourner au travail après un traumatisme

Par Mara Shaw

Santé et environnement

Le caporal Mark Ryttersgaard entame un nouveau chapitre grâce aux soutiens mis en place pour l’aider à réussir.


Image par GRC

24 juin 2025

Contenu

Cet article aborde des sujets liés à la mort, aux traumatismes et au trouble de stress post-traumatique, ce qui peut être bouleversant pour certains lecteurs.

Après près de deux décennies en uniforme, le caporal Mark Ryttersgaard de la GRC n'est pas étranger aux appels de service très stressants. Depuis sa première affectation en Saskatchewan en 2007, le caporal Ryttersgaard a géré un large éventail d'incidents, ainsi que des scènes de crime encore plus stressantes sur le plan émotionnel, en tant que spécialiste de l'identité judiciaire. Il est souvent appelé à s'occuper de situations où il est question de décès et de cadavres. Pourtant, derrière son extérieur calme et stoïque, les conséquences de son travail s'accumulaient en lui. Après s'être effondré sous le poids du traumatisme, il a suivi des séances de counseling et a participé à des programmes de soutien aux victimes d'un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Il a également élaboré un régime de conditionnement physique cohérent. Lorsqu'il a été mentalement prêt, c'est le Programme national de réintégration (PNR) de la GRC qui l'a aidé à retourner au travail.

« Le rôle d'un policier est d'être présent pour les autres et d'accomplir des tâches sous un stress élevé, explique le caporal Ryttersgaard. Il ne peut pas se présenter et commencer à pleurer à propos de la situation. Je peux penser à d'innombrables quarts de travail lors desquels je suis entré dans la vie des gens, peut-être au pire moment de leur existence. Comment peut-on prendre soin de soi-même après avoir aidé quelqu'un d'autre à traverser une crise? »

Le caporal Ryttersgaard dit que, lui-même ayant grandi dans une famille de policiers, il comprenait ce que le travail impliquait et ressentait la pression de réprimer ses réactions émotionnelles.

« Il y avait des jours où, à la fin d'un quart de travail, j'étais presque incapable de fonctionner. Les larmes me venaient et je mettais tous mes efforts à les refouler, se souvient-il. Je ne pouvais pas supporter l'idée que quelqu'un pense que j'avais été affecté par un appel. C'était presque comme entretenir le sentiment de devoir être le superhéros des autres lors de leurs pires jours. »

L'histoire du caporal Ryttersgaard est l'une des nombreuses qui soulignent le besoin de compter sur le PNR. Le Programme est conçu pour aider les policiers qui retournent à leurs fonctions opérationnelles après des incidents critiques, des blessures psychologiques ou des absences prolongées. Il a pris de l'ampleur depuis son lancement en 2020 et a récemment reçu des distinctions internationales, notamment le Webber Seavey Excellence in Law Enforcement Award lors de la conférence de 2024 de l'Association internationale des chefs de police à Boston. Toutefois, la véritable reconnaissance vient des policiers qui ont pu transformer leur parcours grâce au PNR.

S'attaquer de front au traumatisme

Le point de basculement du caporal Ryttersgaard n'est pas un incident unique, mais plutôt l'accumulation d'années passées à intérioriser des expériences traumatisantes. Ses symptômes étaient subtils au début, mais se sont manifestés de manière plus évidente avec le temps. Il se souvient des troubles du sommeil, du détachement émotionnel, de l'irritabilité et des souvenirs intrusifs déclenchés par des moments ordinaires de la vie quotidienne.

« J'avais des souvenirs étranges de certains des moments les plus terribles que j'avais vécus. Lorsque j'avais une pierre prise dans ma chaussure, je me souvenais de la première fois que j'ai eu une dent humaine coincée dans ma botte après un appel concernant un suicide, raconte-t-il. Je n'étais pas capable d'éprouver de la joie, même quand je savais que je le devrais. »

C'est lors d'une conversation informelle pendant une escapade en voiture que sa femme a d'abord laissé entendre que le caporal Ryttersgaard pourrait être aux prises avec un TSPT. « Je ne voulais pas le croire, dit-il. Je n'étais pas conscient de l'incidence que ma condition avait sur moi ou sur ma famille. »

Des années plus tard, une discussion franche avec un collègue qui éprouvait des difficultés similaires l'a finalement poussé à demander de l'aide.

« Beaucoup de sentiments associés à une réponse traumatique vous font sentir très isolé, gêné ou inférieur, explique le caporal Ryttersgaard. Je pensais que j'étais la seule personne à ressentir cela. »

Faire renaître la confiance en soi

En 2020, il a commencé sa quête continue d'une meilleure santé mentale. Bien que le parcours du caporal Ryttersgaard n'ait pas été linéaire, selon lui, la structure et le soutien fournis par les intervenants du PNR, comme le caporal Dave Lewis, l'ont aidé à reprendre confiance en lui en vue de retourner au travail.

« Je ne voulais pas retourner au travail, me figer et être incapable d'accomplir mes tâches », explique le caporal Ryttersgaard.

Dans le cadre d'un programme sur mesure, le caporal Lewis a utilisé le soutien fondé sur l'exposition pour favoriser la réintégration du caporal Ryttersgaard dans un environnement opérationnel. Il a travaillé aux côtés d'un pathologiste judiciaire à la morgue pour se refamiliariser avec diverses tâches opérationnelles. Les deux hommes ont également passé du temps sur le champ de tir pour que le caporal Ryttersgaard se réhabitue à utiliser l'équipement de recours à la force qui avait été mis de côté pendant son absence du travail. Le caporal Lewis a pu parler de ses expériences passées des traumatismes, ce qui a aidé le caporal Ryttersgaard à normaliser sa propre anxiété à l'idée de retourner au travail.

Le caporal Ryttersgaard admet qu'il ne savait pas à quoi s'attendre du programme, mais qu'il se sentait soulagé d'être « aux commandes ».

« J'ai réalisé à quel point ce programme était unique pour la GRC, dit-il. Les intervenants sont prêts à sortir des sentiers battus et à être créatifs. Leur objectif est de vous aider à vous exposer à différentes conditions, sans toutefois vous submerger. »

De la vision à la mise en œuvre

Les racines du programme remontent aux discussions tenues par les hauts dirigeants, qui ont signalé une lacune dans la transition des agents vers le retour au service après un congé pris en raison d'un traumatisme, selon la directrice des Avantages sociaux des membres, Kim Nocita. Le programme a d'abord été mis en œuvre par la GRC en Alberta, selon un modèle du service de police d'Edmonton. Inspirée par le succès de ce modèle, Mme Nocita a eu l'idée d'en faire un plan à l'échelle nationale.

« Je me souviens d'avoir ressenti beaucoup de pression quand j'ai quitté la salle de conférence, mais j'étais ravie d'avoir l'occasion de réaliser cette vision », dit Mme Nocita.

En 2020, ses efforts se sont concrétisés lorsque la dirigeante principale des Ressources humaines a approuvé l'analyse de rentabilisation du PNR. Elle a commencé à travailler avec le sergent d'état-major Ray Savage, qui a joué un rôle essentiel dans l'élaboration du programme et qui occupe maintenant le poste de coordonnateur national de la réintégration. Depuis, le programme s'est étendu à l'échelle nationale, et des mesures adaptées répondent aux besoins particuliers de chaque agent participant. Au cœur du PNR se trouve un modèle de soutien par les pairs dont les intervenants, comme la sergente Lisa Molle, ont eux-mêmes suivi le programme.

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La sergente Molle, qui est maintenant intervenante à temps plein du PNR, connaît bien la valeur du programme. Après avoir été dépêchée sur les lieux d'un accident d'avion mortel survenu en 2017 — alors qu'elle devait elle-même se trouver à bord —, elle a commencé à souffrir d'un TSPT et à lutter contre d'intenses angoisses liées au vol.

« Quand je me suis assise avec mon équipe de réintégration, l'une des premières choses que nous avons faites a été de regarder des photos de l'accident d'avion », se souvient-elle.

Une fine couche de neige recouvre les ruines d'un accident d'avion catastrophique.
La sergente Lisa Molle surmonte un traumatisme grâce au soutien par l'exposition qui l'amène à réfléchir à un accident d'avion dévastateur. Image par GRC.

Grâce au soutien par l'exposition offert par le Service de l'air de la GRC de la Saskatchewan et le PNR, la sergente Molle a progressivement fait face à ses peurs et est finalement retournée sur les lieux de l'incident par les airs. Il lui a fallu énormément de confiance pour remonter à bord d'un avion, car à l'époque, elle était affectée à un détachement isolé accessible seulement par la voie des airs dans le nord de la Saskatchewan.

« Le Service de l'air de la GRC a été fantastique. S'il n'avait pas été là, je crois que je ne serais jamais remontée dans un avion », dit la sergente Molle. Aujourd'hui, elle soutient d'autres policiers qui suivent des cheminements semblables à la suite de traumatismes et se dit motivée de boucler la boucle de la réintégration.

« Nous commençons par une conversation, puis nous mettons en place des mesures avec lesquelles ils sont à l'aise, explique-t-elle. C'est fantastique de pouvoir faire cela pour les membres. »

Le savoir-faire clinique rencontre la compréhension culturelle

Le succès du programme est également façonné par le savoir-faire clinique. Derek Sienko, administrateur en chef de la santé mentale et PDG du Diversified Rehabilitation Group, a joué un rôle déterminant dans l'intégration d'une perspective clinique dans le programme. M. Sienko est un ancien ingénieur civil qui a changé de carrière après avoir lui-même subi un traumatisme lié au travail. Il a conçu un programme de rétablissement en cas de stress traumatique (PRST) adapté à chaque agent, tout en tenant compte des facteurs de stress professionnel ainsi que de la culture et du contexte de la GRC. Son équipe se consacre à comprendre comment le PNR peut être intégré à l'approche du PRST. Les membres du PNR et du PRST saisissent les occasions de participer à des activités interprogrammes afin de mieux comprendre comment ils peuvent travailler ensemble pour améliorer les résultats en matière de santé.

« Il y avait une lacune dans le système lorsqu'il s'agissait de traiter les traumatismes, en particulier ceux des premiers intervenants », explique M. Sienko. Il ajoute que le cheminement vers le rétablissement est un continuum.

« D'un point de vue clinique, nous devons continuer d'en apprendre davantage sur la culture de la GRC si nous voulons être là pour aider les membres à retourner au travail, dit M. Sienko. Nous pouvons améliorer l'état d'une personne en milieu clinique, mais pour ce qui est d'aider quelqu'un à reprendre des fonctions opérationnelles, nous naviguions en eaux inconnues. »

« Nous avons réalisé que ce lien entre le Programme de réintégration et le monde clinique était la clé du succès », explique M. Sienko.

Mme Nocita souligne la singularité de ce programme par rapport aux autres à la GRC. Selon elle, le programme ne remplace pas les services de santé, mais offre plutôt un soutien à la réintégration par les pairs.

« L'établissement de liens entre les membres est essentiel. C'est ce qui donne de bons résultats », explique Mme Nocita.

Pour le caporal Ryttersgaard, ce changement a fait toute la différence. Aujourd'hui, non seulement il est de retour au travail, mais il s'exprime aussi ouvertement pour encourager les autres et normaliser la conversation sur la santé mentale. Alors qu'il poursuit son parcours, il dit qu'il attend avec impatience le moment où l'on pourra parler de santé mentale avec autant d'aisance qu'un rendez-vous médical.

Il conseille aux policiers qui ont des difficultés de ne pas tarder à demander de l'aide. Il dit aussi qu'il veut que les autres sachent que le PNR ne ressemble à aucun autre programme de la GRC.

« C'est vous qui êtes aux commandes, dit le caporal Ryttersgaard. Vous élaborerez un plan qui fonctionne pour vous, et je vous garantis que vous en sortirez plus fort par la suite. »

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